Les gens se font passer pour d’autres sur le chat, sur Second Life, Facebook, Twitter, partout. Ce monde électronique a banalisé le phénomène. Si auparavant, un individu avait prétendu être quelqu’un d’autre, un tel comportement aurait été considéré comme pathologique ou criminel. Et maintenant ? C’est simplement ce que les gens font. Mais désormais, ce n’est pas seulement “les gens”, puisque les services secrets et les gouvernements sont en train d’étendre le phénomène à des niveaux inimaginables. L’objectif va bien au-delà de la simple surveillance. La télévision et la propagande ne semblent pas avoir suffi à empêcher la survie de groupes de libre-penseurs. Mais survivront-ils à l’attaque actuelle ?
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Deux reportages aujourd’hui analysent ces pratiques :
Les documents de Snowden dévoilent la façon dont la NSA « infecte » des millions d’ordinateurs, en se faisant passer pour le serveur Facebook.
De nouvelles révélations d’Edward Snowden montrent que la NSA est en train d’étendre massivement son piratage informatique au niveau mondial. Des logiciels qui piratent automatiquement les ordinateurs – connus sous le nom de logiciels malveillants « implants » – étaient limités à l’origine à quelques centaines de cibles. Mais le site internet d’information « The Intercept » rapporte que la NSA est en train de disséminer le logiciel dans des millions d’ordinateurs à l’aide d’un programme automatisé dont le nom de code est « Turbine ». The Intercept a également révélé que la NSA s’est fait passer pour le serveur Facebook pour infecter l’ordinateur d’une cible et extraire des dossiers d’un disque dur. Nous recevons à présent le reporter de « The Intercept » Ryan Gallagher.
Transcription
Ceci est une transcription rapide. Le texte n’est pas dans sa version définitive.
AMY GOODMAN : Nous abordons maintenant notre dernier sujet, les nouvelles récentes sur les fuites d’information d’Edward Snowden. TheIntercept.org a rapporté la semaine dernière que l’agence de sécurité nationale américaine (NSA) est en train d’étendre le piratage secret des ordinateurs à une échelle de masse en utilisant des programmes automatisés qui permettent de réduire le personnel chargé de la surveillance du processus. The Intercept a également révélé que la NSA s’est fait passer pour le serveur Facebook pour infecter l’ordinateur d’une cible et extraire des dossiers d’un disque dur.
Nous recevons à présent Ryan Gallagher de the Intercept, qui a co-écrit l’article « [Comment] la NSA prévoit d’infecter des « millions » d’ordinateurs avec des logiciels malveillants ». Expliquez-nous, Ryan.
RYAN GALLAGHER : Bonjour, Amy. Oui, cette histoire que nous avons écrite la semaine dernière, vraiment, il faut comprendre à quel point ces techniques ont très rapidement pris de l’ampleur ces dix dernières années. Et ce qu’on peut voir et ce qu’on a révélé, c’est que, depuis environ 2004, la NSA a répandu l’utilisation de ce que l’on appelle les « implants », qui sont des sortes d’implants de logiciels malveillants à l’intérieur des ordinateurs et des réseaux, même des réseaux téléphoniques, pour simplement voler des données de ces systèmes. Il y a environ 10 ans, ils disent avoir eu environ une centaine – entre cent et 150- de ces implants, mais ils en ont augmenté le nombre pendant la dernière décennie à environ 100 000, d’après certains rapports, et ils sont en train de créer un programme capable d’en déployer des « millions », selon leurs propres mots.
AMY GOODMAN : La révélation sur le problème de Facebook a contraint le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg à appeler le Président Obama mercredi dernier pour demander une explication. Il a écrit plus tard dans un commentaire de blog, je cite, « Les dénonciations répétées du comportement du gouvernement américain m’ont rendu si confus et frustré. Lorsque nos ingénieurs s’efforcent constamment d’améliorer la sécurité, on pense vous protéger des criminels, pas de notre propre gouvernement. »
RYAN GALLAGHER: Oui, et nous pensons que Mark Zuckerberg était très troublé par ce rapport et semblait avoir eu Obama au téléphone. Et curieusement, la NSA a révélé plus tard – a nié s’être fait passer pour des sites américains. Cependant, leurs propres documents montrent en réalité qu’ils se sont faits passer pour le serveur Facebook pour cette méthode spécifique de surveillance, donc leur prétendue innocence est quelque peu compromise par leurs propres documents. Et il y a une sorte de – vous voyez, il y a des questions à poser sur ce sujet. » (Transcription intégrale en anglais sur le site officiel de Democracy Now !)
Révélation : le programme secret de cyberguerre du ministère de la Défense britannique
Le projet à plusieurs millions de livres va s’intéresser à la façon dont les utilisateurs d’internet sont influencés par les médias sociaux et par d’autres techniques psychologiques.
Le Ministère de la Défense britannique investit dans l’avenir de la cyberguerre en développant un programme de recherche secret de plusieurs millions de livres, notamment sur la façon dont les technologies émergentes comme les médias sociaux et autres techniques psychologiques peuvent être exploités par l’armée pour influencer l’opinion des gens.
Le ministère de la défense, en partenariat avec des entreprises d’armement, des académiciens, des experts du marketing et des groupes de réflexion, investit dans des programmes de toutes sortes, tels que des études sur le rôle des avatars en ligne ou encore des recherches s’appuyant sur des théories psychologiques et l’impact du partage de vidéos en direct.
Traduction de l’anglais : Flore Pouquet