“Il y a de fortes chances que le meurtre de Jamal Uddin soit lié à sa couverture, en tant que journaliste, des réseaux locaux de la drogue. Les autorités doivent poursuivre les enquêtes dans cette direction afin d’identifier les coupables et de les poursuivre devant la justice dans les plus brefs délais. Nous nous interrogeons également sur l’absence de mesures de protection prises en faveur de Jamal Uddin, qui avait pourtant informé la police des menaces de mort dont il avait fait l’objet”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Le meurtre de Jamal Uddin s’inscrit dans une série de crimes particulièrement brutaux à l’encontre des journalistes au Bangladesh. Au cours du mois de mai, les reporters de bdnews24.com et le journaliste du quotidien Samakal, ABM Fazlur Rahman ont été violemment attaqués à la machette. Par ailleurs, loin de réagir face à cette montée de violence, les autorités, en agressant, en arrêtant et en poursuivant les journalistes en justice, s’ajoutent aux menaces qui visent les professionnels des médias. Nous appelons la communauté internationale à faire pression sur les autorités, afin qu’elles inversent cette tendance à la répression et accomplissent leur devoir inconditionnel de protection de la liberté de l’information”, a ajouté l’organisation.
Vers onze heures du soir, Jamal Uddin, 32 ans environ, se trouvait à son domicile, à Sharsha, quand un groupe d’individus l’ont enlevé pour l’emmener au marché de Kashipur, où ils l’ont agressé à l’arme blanche. Gravement blessé aux jambes, aux mains et aux yeux, le journaliste a succombé à ses blessures alors qu’il était transporté au Jessore Medical College Hospital, par des résidents du quartier autour du marché.
Le mobile du meurtre pourrait être lié aux articles de Jamal Uddin relatifs à un réseau local de trafic de drogue, et pour lesquels le journaliste avait déjà reçu des menaces de mort. Selon le Daily Star, la police aurait trouvé, dans l’habitation du chef du trafic de drogue local, Tota Miah, une machette et une serviette tachée de sang. Les forces de l’ordre auraient arrêté son épouse, Lata Begum, alors que Tota Miah aurait réussi à prendre la fuite.
Le 16 juin, des manifestations de la communauté de la presse locale ont eu lieu dans le territoire de Sharsha, pour demander l’arrestation des coupables.
Dans une autre affaire, le 18 juin 2012, un mandat d’arrêt a été émis par le tribunal sur les crimes commis pendant la guerre de libération du Bangladesh en 1971 à l’encontre de Mir Quasem Ali, directeur exécutif de la Diganta Media Corporation. Ce mandat a été délivré alors que les deux médias gérés par le groupe, le quotidien Naya Diganta et Diganta TV, ont dénoncé de graves irrégularités dans les investigations du tribunal.
Le Bangladesh, où les violences à l’encontre des médias sont en augmentation depuis le début de l’année, se situe à la 129e place, sur 179 pays recensés, dans le [classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012](http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2011-2012%2c1043.html) de Reporters sans frontières.