23.50h le 8 juin 2012: sortie du métro La Fourche sur la ligne 13, dans le 17eme.
De nouveau, une scène de violence, comme il arrive souvent le soir dans le 17éme arrondissement de Paris.

Un témoin sur place raconte :

 » Un jeune homme ‘d’apparence maghrébine’ avait allumé une cigarette sur le quai. La sécurité est arrivée et lui a demandé de les suivre ainsi que son compagnon qui n’avait pourtant pas de cigarette. Ils sont montés dans le couloir à l’entrée du métro et là, les coups ont commencé à pleuvoir . Un peu plus et moi aussi je prenais des coups, parce que je leur demandais de cesser de le frapper alors qu’il était à terre.
L’un des gardes m’a même bousculé parce que je parlais à l’un des interpellés pour lui demander des explications. Une femme agent avec un berger malinois est arrivée et, au lieu d’écarter les gardes parce qu’ils commençaient à s’exciter, elle a avancé vers nous, si le chien n’avait pas eu de muselière, …il m’aurait croqué ».

L’autre, élégamment vêtu, est maintenu par plus de 4 hommes dont 2 CRS. Le détenu est menotté et jeté à terre de manière très violente, une jambe tordue, l’empêchant de bouger un seul membre. Il est bloqué à terre et terrorisé par cette violence policière : 5 personnes sont sur lui. Il s’agite, crie et exige d’être immédiatement relâché.

Nous montrons notre carte de presse à la police, qui nous empêche de prendre des photos, nous menaçant de confisquer l’appareil. Ils nous bousculent sans sommation malgré notre identification. Nous sommes repoussées à 2 mètres de la scène.

Le jeune détenu est menotté et cogné plusieurs fois par un des agents : « comme ça, tu vas te calmer », mais le jeune se rebelle de plus belle. Désespéré et indigné, il les insulte et hurle de le laisser se remettre debout, il demande ce qu’il a fait pour mériter un tel traitement !

Personne ne répond. Le détenu furieux :  » pourquoi vous me traitez comme ça ? Je ne suis pas un chien !  »

Les policiers devenant nerveux à leur tour le collent bouche contre terre et le jeune fait un malaise, nous devons indiquer aux policiers que le jeune dans cette position étouffe.

 » Arrête de faire ton cinéma  » hurle un des policiers.

L’autre détenu, son ami peut être, fond en larme voyant son ami perdre connaissance…

Finalement, ils acceptent de lui desserrer la cravate et il reprend ses esprits…

Cette histoire du jeune qui fait une crise de rébellion et les policiers qui justifient leur maltraitance avec l’état d’agitation du jeune… est malheureusement trop fréquente à Paris.

Finalement, on embarque les 2 jeunes dans un fourgon.

Nous nous dirigeons vers les policiers pour leur poser quelques questions :

Press-

Vous rendez- vous compte de toute cette violence vis-à-vis de ces 2 jeunes ?

Policer-

Vous n’allez tout de même pas nous dire comment faire notre travail, vous ne savez pas à quoi nous nous exposons tous les jours face à ce type d’individu !

Press-

Vous dites que le jeune était dangereux parce qu’il vous hurlait dessus et vous donnait des coup de pieds, alors qu’il n’avait aucune arme et a été menotté. Vous étiez 5 plus un chien policier à le tenir bloqué, le visage contre un mur, et ensuite à terre sans qu’il puisse respirer… Pensez-vous réellement que toute cette violence est nécessaire ?

Garde Ratp-

Savez-vous au moins pourquoi les menottes ont été posées ? Je suis sûre que vous n’avez aucune idée de la loi qui dicte le droit de mettre des menottes à une personne interpellée !

Press-

Est-ce une compétition de celui qui est le plus intelligent ?
Je crois qu’il ne s’agit pas de cela…

Le sujet est plus simple : autant de violence était-elle nécessaire avec des individus « pratiquement inoffensifs », ou simplement énervés ?

Femme témoin qui suivait les questions posées aux policiers :

Sarkozy est pourtant bien parti, alors pourquoi toute cette violence continue ?

Autre policier :

Mais oui, c’est ça, maintenant avec Hollande tout est permis ! On va laisser tout faire !…

Passant :

Monsieur, avec ce type d’argument, vous êtes en train de me dire
que le fait d’être policier permet d’agir comme bon vous semble, y compris avec violence ?

Press-

Pourquoi ce besoin d’être violent, monsieur l’agent ? Est-ce vraiment nécessaire d’être violent, avec un traitement unique pour tous ? Vous ne faites aucune différence ?

Passant :

Nous avons pris des photos, et celles-ci seront rendues publiques demain, on ne peut pas laisser passer une telle barbarie vis-à-vis de ces 2 jeunes, et elle montre les photos au 3eme agent, qui semble étonné après avoir regardé les photos.

Un autre passant :

Il faut dénoncer ce que vous avez vu à la police, Madame !

Autre témoin : Mais cela n’aboutira nulle part, il n’y a plus de justice en France !

Le secteur est très connu pour avoir des agents de sécurité et policiers enfreignant régulièrement les droits de l’homme. De nombreuses plaintes ont été déposées à l’IGS, mais les mauvaises manières ne changent pas, étant donné que les responsables sont rarement sanctionnés.

Press-

Pourquoi pensez-vous Madame qu’il y a autant de violence à Paris ?

Femme du métro :

Je ne sais pas, depuis que j’ai failli mourir 2 fois :
l’une à Marseille, en pleine rue, un homme est tombé raide mort d’une balle près de moi, l’autre dans un incendie à Paris, mes voisins sont morts, je suis l’unique survivante…
Depuis, je ne me pose plus de questions. D’ailleurs mon fils de 30 ans me dit que je ne vois pas ce qui se passe autour : la violence, les abus policiers… et que j’ai baissé les bras!

Peut-être a-t-il raison, j’ai trop de souffrance et je ne peux plus voir ?