“Le robot téléguidé attend de sauver des vies sur les champs de bataille des villes syriennes.”
Un ingénieur informaticien en rébellion a développé un robot afin de mettre en sécurité les victimes des tireurs d’élite. Maintenant, il lui manque un châssis de bulldozer. (John Beck pour theguardian.com, mardi 13 février 2014 07.00 GMT)
En juillet 2012, Ahmad Haidar a vu un jeune homme mourir, victime d’un tireur d’élite de l’armée syrienne dans une rue d’Alep.
L’auteur du premier coup de feu avait atteint ce jeune homme à la jambe. Les témoins ont senti qu’il s’agissait plus d’une tentative délibérée de neutraliser celui-ci que de le tuer instantanément. Selon Haidar, cette tentative est une tactique commune destinée à attirer les sauveteurs afin de les prendre pour cible, eux aussi. Conscients du danger, les témoins, qui n’ont pas pu s’approcher de la victime, ont tenté désespérément de l’entraîner vers des cordes de sécurité et des poteaux métalliques.
“Il essayait de se mettre à l’abri. Des gens ont tenté de lui venir l’aider avec tout ce qui se trouvait à leur portée”, se souvient Ahmad Haidar. Le tireur d’élite en question a de nouveau tiré. Sa victime a été mortellement touchée au cou.
Cette tentative, bien que courageuse, était vaine. Les témoins étaient mal équipés. Ahmad Haidar a pensé qu’il pouvait faire là quelque chose.
En s’inspirant de son expertise dans les domaines de l’électronique et de la programmation informatique – qu’il a enseignées avant la guerre – Ahmad Haidar a conçu un appareil de haute‑technologie, en guise de réponse aux crimes commis par les tireurs d’élite du président syrien Bachar el-Assad : un robot téléguidé, Caterpillar sur chenilles, équipé de grands bras mécaniques.
Ce robot a été conçu dans le but de transporter des blessés sur une civière. Ces personnes seront mises à l’abri dans un compartiment blindé. Ahmad Haidar a appelé cet appareil “Tena” : il s’était « épris pendant une heure” d’une Finlandaise à côté de qui il s’était assis dans un avion. Et Ahmad Haidar d’ajouter brièvement que maintenant, ils sont mariés et forment un couple heureux.
Un homme se retrouvant confronté à la pire violence qui soit et qui utilise son intelligence non pas pour construire des bombes plus puissantes, mais pour sauver des vies : voilà le genre d’informations qui nous réconcilie avec l’être humain.
Traduction de l’anglais : Y. Le Don