L’avocat Mauricio Gotardo Gerum, qui représente le Ministère Public Fédéral (MPF) a rejeté le 3 septembre une demande de l’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva pour utiliser les messages publiés par le site The Intercept.
La défense de Lula soutient que les dialogues révélés par le portail numérique, qui mettent en cause l’impartialité des procureurs du MPF et de l’ancien juge Sergio Moro dans le contexte de l’opération anti-corruption Lava Jato, constituent un « fait public notoire ».
Parmi les irrégularités signalées par les avocats figure la nomination de Moro au procureur Deltan Dallagnol (coordinateur de LavtoJato) d’une personne ‘apparemment disposée’ à parler de propriétés liées au fondateur du Parti des Travailleurs ou à demander, sans autorisation judiciaire, des données de la Receita Federal (administration des impôts).
Le rapport du magazine VEJA, en association avec The Intercept, a également montré que, en dehors des procédures judiciaires légales et par le biais de l’application Telegram, Moro, actuel ministre de la Justice, a demandé au MPF d’inclure des preuves dans les dossiersqui lui seraient ensuite remis, a ordonné d’accélérer ou de retarder les opérations et a fait pression pour que certaines allégations ne soient pas valides.
En outre, selon les dialogues filtrés, il s’est comporté en chef du MPF, une position incompatible avec la neutralité requise d’un magistrat.
« Ces messages, échangés à partir des dispositifs fonctionnels de ces agents publics, renforcent les thèses de la défense, notamment en ce qui concerne les nullités de procédure depuis la première manifestation de la défense technique », a manifesté l’avocat Cristiano Zanin.
La défense de l’ancien président, qui purge une peine de prison politique depuis avril 2018 pour des actes présumés de corruption, a demandé à partager les dialogues obtenus de l’opération dite Opération Spoofing, qui a depuis ordonné l´arrestation de quatre personnes soupçonnées d’avoir accédé à des messages d’autorités comme Moro et Dallagnol par intrusion de téléphones portables.
Cependant, Gerum affirme que le contact entre un juge et les procureurs est ‘absolument normal’ dans l’environnement judiciaire. Tout en soutenant qu’il n’est pas possible de confirmer l’authenticité des messages, comme l’ont répété les membres de la Lava Jato.
Pour le magistrat, il n’y a aucune possibilité de tirer profit des messages interceptés parce qu’ils ont été obtenus dans le cadre d’une action criminelle.