A Conakry, dans la capitale guinéenne, plusieurs maisons sont construites de façon anarchique et sans respect des règles définies dans le code de construction et de l’habitation.
Des quartiers comme Gbessia, Dabondy, Hèrèmakonon dans la commune de Matoto (la plus grande du pays) sont l’illustration parfaite. En ce début de la saison pluvieuse, plusieurs citoyens expriment leur inquiétude.
Déjà les conséquences habituelles commencent à faire leur effet, les premières pluies ont fait cinq morts dans le quartier Dabondy, déversant les ordures dans les rues partout à Conakry. Les citoyens appellent à une solution urgente avant qu’il ne soit trop tard.
Du constat général, les maisons construites sont comme perchées sur les collines sans respect d’aucune norme technique ni des règles de l’art. D’autres maisons sont trop proches de passage d’eau, tels que des caniveaux sans couvercle, ou avec des ordures partout bloquant les passages d’eau ; voici l’image de la capitale guinéenne en ce début de la saison pluvieuse.
Pour les citoyens, l’inquiétude est au rendez-vous : « Jamais je n’ai vu Conakry de la sorte. Tout est sale : les rues, les routes, les marchés, et même certains foyers. C’est le cas ici chez nous à Gbessia, le pont qui sépare Gbessia port à Gbessia centre, la seule passerelle est transformée en un dépotoir d’ordures par les citoyens et sous le pont, les ordures ont complètement bloqué le passage de l’eau. Conséquences : des embouteillages, la pollution de l’environnement, des sources de maladies pour les enfants et ça c’est en dessus du pont », nous confie Alpha Touré, citoyen du quartier.
Après les premières pluies de cette année qui se sont abattues sur la capitale, presque tous les endroits sont devenus des dépotoirs d’ordures dégageant ainsi une odeur nauséabonde. A Bonfi, Hamdallaye ou Gbessia, les jeunes se servent de ces mêmes ordures pour manifester leur mécontentement en les brulant sur les chaussées.
Ce genre de protestations sont pour exiger de l’Etat et des responsables locaux des endroits aménagés pour mettre les ordures « pas d’eau, pas de courant électrique, pas de dépotoir d’ordure aussi, alors je me demande où est l’Etat ou qu’est-ce qu’il fait pour son peuple ? » demandent des jeunes.
Des pertes en vie humaine, des dégâts matériels importants, de l’inondation, voici ce que craignent ces citoyens en admettant tout de même que le site sur lequel ils sont est construit de façon anarchique.
Quant à Ibrahima Diallo, lui, préfère insister sur l’incivisme des citoyens : « moi personnellement, je n’accuse pas l’Etat mais au contraire les citoyens. Si les citoyens considéraient la gestion des ordures de la même façon que dans leur propre maison, je vous assure, Conakry ne serait pas si sâle. Nous avons vu l’effort fournit par le gouvernement, il fut un moment même les militaires se sont impliqués dans cette gestion des ordures. Mais on ramasse les ordures aujourd’hui, demain, les gens viennent jeter encore, ils laissent trainer les sachets d’eau partout, on jette partout sans contrôle et quand tu essaies de les sensibiliser, on t’accuse d’être un militant du parti au pouvoir ».
« Alors comment voulez-vous que la ville ou l’environnement soit sain, lorsqu’on nettoie, les autres viennent pour salir ? » s’interroge notre interlocuteur.
Selon lui, on ne peut pas résoudre le problème d’ordures sans l’implication des citoyens, par conséquent, chacun de son côté : l’Etat ainsi que les citoyens doivent prendre ses responsabilités et assumer leur rôle pour une cause noble, celle d’avoir un environnement sain, pour le bien de tous.
Par Jacques Lewa LENO, Rédacteur en Chef Espace TV Guinée.