La tendance indiquée au Chili – passé de
la 33e à la 80e place sur 179 pays – dans le dernier classement mondial de
la liberté de presse de Reporters sans frontières risque malheureusement de
perdurer au vu des affaires de violence envers la profession qui nous ont
été signalées.

“Une fois encore sont en cause les abus des forces de l’ordre, et en
particulier des carabiniers [http://en.rsf.org/chile-more-media-freedom-violations-18-10-2011,41233.html](http://en.rsf.org/chile-more-media-freedom-violations-18-10-2011,41233.html),”
Les détentions, bien que brèves, s’accompagnent souvent de destruction de
matériel, autrement dit de censure. Cette situation a fait avorter, d’après
nos informations, une tentative de dialogue préventif avec le commandement
des carabiniers à l’initiative d’une partie de la profession. Des consignes
précises, et rendues publiques, doivent être adressées aux forces de
l’ordre, et les reporters d’images bénéficier d’une garantie de
dédommagement pour tout matériel confisqué ou détruit”, a déclaré Reporters
sans frontières.

Cameraman pour la chaine d’informations colombienne *NTN 24*, *Ricardo Uribe
* a été détenu, le 15 mars 2012 à Santiago, à l’occasion d’une violente
charge des carabiniers contre des étudiants réunis dans le parc Bustamante.
Ces derniers ne se dissimulaient pas sous des capuches, n’avaient pas
dressé de barricades et n’avaient entrepris aucune action violente, d’après
des témoins. Au prétexte d’une “entrave à l’action des forces de l’ordre”,
le journaliste a été retenu dans un bus des carabiniers, empêché d’assurer
la couverture normale des événements.

Plusieurs attaques contre des journalistes constatées dans la capitale ont
également marqué les journées de manifestations de soutien au mouvement
social d’Aysén. La première en date est la détention, le 24 février, de *Félix
Madariaga*, de la Corporation de promotion et de défense des droits du
peuple (Codepu – [http://www.codepu.cl/](http://www.codepu.cl/)), Agressé par des carabiniers, le
journaliste s’est vu refuser toute attention de la part de ces derniers
malgré des blessures et a dû trouver du secours par ses propres moyens.
Durant les soins, les carabiniers l’ont interrogé sans s’assurer de la
présence de l’un de ses proches ou d’un avocat, comme la loi l’exige.

Toujours à Santiago, le 1er mars, *Jason Suder*, reporter nord-américain du
quotidien anglophone *Santiago Times *a été arrêté au moment de
photographier l’interpellation d’un jeune manifestant, avant d’être emmené
dans une caserne du centre-ville. Sa qualité de journaliste international
ne l’a en rien protégé des brutalités des carabiniers, comme il l’a raconté
au *Huffington Post* [http://www.huffingtonpost.com/jason-suder/chile-freedom-of-press_b_1324547.html](http://www.huffingtonpost.com/jason-suder/chile-freedom-of-press_b_1324547.html).

Deux autres cas de coups et blessures ont été constatés dans la capitale
lors des journées de manifestations du 7 et 8 mars : celui du photographe
de la revue *Punto Final* *Jorge Zúñiga San Martin*, et celui d’un collègue
indépendant dénommé *Cristián González *[http://www.eldinamo.cl/tumblr/reportero-grafico-acusa-agresion-de-carabineros-en-manifestacion-por-aysen-en-santiago/](http://www.eldinamo.cl/tumblr/reportero-grafico-acusa-agresion-de-carabineros-en-manifestacion-por-aysen-en-santiago/).

En Aysén, la station régionale *Radio Santa María* nous a fait part de
l’agression par un carabinier, le 13 mars, de l’un de ses
journalistes, *Rodrigo
Labarca*, heureusement sans blessure grave.

Reporters sans frontières s’inquiète également des conséquences, en termes
de libre circulation de l’information dans la région Aysén, de
l’application de la loi de sécurité intérieure de l’État (LSE), datant de
la dictature (1973-1990) et jamais modifiée depuis, tout comme la loi
antiterroriste de 1984, brandie dans un passé récent contre des
journalistes chiliens et étrangers en Araucanie
[http://en.rsf.org/chile-letter-to-president-bachelet-about-06-06-2008,27352.html](http://en.rsf.org/chile-letter-to-president-bachelet-about-06-06-2008,27352.html). Depuis le début de l’année, la région Aysén connaît un fort mécontentement
citoyen en raison de l’isolement économique du territoire, des prix élevés
des carburants, des insuffisances de salaire minimum et du manque
d’infrastructures sanitaires et médicales.

**Benoît Hervieu**

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