Dominique Rankin, c’est son nom de baptême ; Kapiteotak, c’est son nom spirituel, est né dans la forêt du Nord du Québec en 1947. Après avoir été placé au pensionnat catholique, y avoir vécu les horreurs destinées aux enfants amérindiens, après de nombreuses années durant lesquelles les origines amérindiennes des québecquois étaient un sujet tabou, ce descendant algonquin revendique avec fierté un héritage qui, selon lui, offre un message essentiel pour les générations futures.
Son travail, sa mission, il la décrit ainsi «apporter le message de mes ancêtres, faire connaître le savoir de mes peuples. Par le livre, dans la rencontre avec les auteurs et le public du Salon, toute la symbolique du message trouve écho».
«L’homme souffre et la Terre Mère souffre ; la Terre Mère souffre et l’être humain souffre».
C’est ainsi qu’il nous présente l’enseignement du Cercle de médecine par la symbolique des correspondances animales, situés aux quatre points cardinaux; puisque c’est seulement en retrouvant le lien avec la nature que l’humain pourra arrêter de souffrir.
A l’Est, la Tortue y est l’esprit du Féminin, symbole de l’eau, naissance, don de vie. La tortue n’a pas peur d’entrer en elle-même pour accueillir ce qui émerge de l’intérieur.
Au Sud, l’Aigle nous enseigne à nous élever au-dessus de la mêlée. L’Aigle vole toujours en décrivant des cercles dans le ciel. Il nous montre comment former notre propre cercle de guérison et à y pénétrer pour y être plus présent à nous-même. L’Aigle symbolise le feu, le respect de soi et des autres.
L’Ours, dans la direction de l’Ouest, nous apprend à rester fort dans l’épreuve. Il représente la terre, l’acceptation, le pardon, le lâcher prise.
Enfin, au Nord, le bison nous aide à voir que, après avoir accepté et pardonné, l’âme peut guérir. Le Bison est air, guérison, liberté intérieure et paix.
Dans son livre auto-biographique Dominique, avec l’aide de sa compagne Marie-Josée, présente son histoire également de manière allégorique, sous forme de prophétie. Il passe par les «huit feux», chaque feu représentant un moment de vie particulier, en processus et par étape, dans un temps défini, les braises d’un feu alimentant le suivant, jusqu’aujourd’hui.
Aujourd’hui, ce sage indien est un peu surpris de l’intérêt qu’il suscite, de cet effet de mode : tout le monde revendique du sang amérindien. Il est heureux de constater la quantité de jeunes entre 14 ans et 21 ans qui souhaitent s’affirmer en tant qu’amérindien et demandent les enseignements. Ils choisissent de recevoir la transmission de cette culture, deviennent ces arbres bien droits, afin que les racines continuent à pousser à travers eux. Dans les villes, les formations sont dispensées dans les centres d’amitié autochtone du Canada. Pour Dominique, c’est essentiel ; il faut donner de beaux messages aux enfants. La tradition amérindienne offre ce message d’amour, de soin du cercle de l’amour, de l’amitié, de la famille. Que l’on soit noir, jaune ou rouge, on est tous des frères et des soeurs.
«On nous appelait les Sauvages. Souvenirs et espoirs d’un chef héréditaire algonquin. Par Dominique Rankin et Marie-Josée Tardif, éditions Le Jour.