Le chanteur espagnol Luis Eduardo Aute, interprète de chansons comme Sin tu latido, Mojándolo todo et Alevosía, a déclaré ce matin, après avoir plongé sa main dans la boue de pétrole et d’eau toxique provenant d’une zone de l’Amazonie équatorienne, que cette catastrophe, attribuée à la négligence de Chevron-Texaco « est une atteinte à la dignité humaine » et il s’est montré solidaire avec les 30.000 touchés qui ont remporté un procès face à la compagnie pétrolière, à hauteur de 9,5 milliards de dollars.
Ces déclarations ont été faites par l’artiste après son arrivée au puits Aguarico 4, Sucumbios, où il a vu les dégâts causés par la transnationale. Avec lui, sont arrivés le journaliste brésilien Carlos Alberto Almeida, la militante espagnole Montserrat Ponsa et l’universitaire et sociologue brésilien Emir Sader, qui se sont joints à la campagne « la main sale de Chevron ».
En arrivant, ils ont observé les dépôts de pétrole et ont introduit leurs mains dans le lac de pétrole. «Je pars d’ici avec de l’indignation, voyant la réalité de la destruction, c’est scandaleux que Chevron dise que c’est une farce. Ca, c’est une bête vivante. En mettant la main dans le puits de pétrole, cela m’a donné le sentiment que c’était un animal monstrueux et puant », a déclaré Aute.
Il a également assuré que cette catastrophe ne peut rester impunie. «Pour ma part, je rendrai compte de cette catastrophe. Aujourd’hui, j’ai la conviction que tout ce qui peut être fait pour que ce crime ne reste pas impuni, nous devrons le faire », a-t-il dit.
Emir Sader, quant à lui, a souligné que le moins que puisse mériter l’Equateur c’est une reconnaissance morale. « Les vandales pollueurs ne sont pas suffisamment humain pour s’excuser, il est nécessaire qu’au moins la communauté internationale sache la vérité », a-t-il dit.
Sader a souligné la dignité du peuple équatorien de poursuivre la compagnie. De même, il a critiqué les gouvernements précédents du pays d’Amérique du Sud qui n’ont pas défendu les intérêts de leur peuple. « Ici, nous voyons que l’exploitation impérialiste a une odeur et une couleur très laides. L’Equateur est un exemple international. Ils veulent faire taire et cacher quelque chose qui ne peut pas l’être », a-t-il dit.
Le journaliste brésilien Carlos Alberto Almeida a souligné la posture et le courage du gouvernement équatorien de relater la vérité sur cette question. Aussi, il a condamné Chevron d’être une multinationale habituée à faire le mal, provoquer des catastrophes et fuir ses responsabilités.
« Au Brésil, nous avons eu une amère expérience, Chevron a pollué le littoral de Rio de Janeiro pour les mêmes critères de ne pas utiliser de techniques sûres. Sur ma terre, cela a affecté des communautés de pêcheurs, le tourisme, l’environnement et ils ont refusé de payer pour leur désastre», a-t-il déclaré.
Pendant 26 ans, de 1964 à 1990, la société pétrolière américaine Chevron-Texaco a exploité le pétrole brut de l’Amazonie équatorienne, dans les provinces actuelles de Sucumbios et Orellana. Après son départ, la compagnie a laissé dans la région des dommages environnementaux estimés à plus de 18 millions de gallons de déchets toxiques déversés dans les rivières et les ruisseaux.
Dans la décision en dernière instance, en Equateur, la compagnie pétrolière américaine a été condamnée à payer 9,511 milliards de dollars. La sentence confirme la décision de la Cour de Sucumbios, mais a réduit le montant à payer par l’entreprise aux citoyens touchés par la pollution de l’environnement que, selon les experts internationaux, Chevron a laissé dans l’Amazonie du pays sud-américain.