La dépouille de l’ancien président Joao Belchior Marques Goulart (7 septembre 1961 – 1er avril 1964) a été exhumée pour vérifier si celui-ci était bien mort d’une crise cardiaque, comme cela avait été indiqué il y a 37 ans, ou d’empoisonnement dans le cadre de la dite Opération Condor, stratégie de répression conjointe des oppositions adoptée par les dictatures sud-américaines des années 1970-1980.
L’opération a duré près de 13 heures, et a vu la coordination des experts brésiliens et cubains indiqués par la famille Goulart, mais aussi de l’Argentine et de l’Uruguay, deux pays où feu le président avait vécu en exil.
Populairement connu sous le nom de “Jango”, leader progressiste rallié à la gauche des années 1960, Goulart était décédé le 6 décembre 1976 dans un hôtel de la localité argentine de Mercedes des suites d’une attaque cardiaque, du moins selon le certificat de décès diffusé, mais sans qu’aucune autopsie ne soit pratiquée. La version officielle avait été démentie il y a cinq ans par un ancien membre des services secrets uruguayens selon lequel Goulart avait été victime d’un empoisonnement par les agents d’autres pays du Cône Sud gouvernés par des dictatures.
Ce témoignage avait été accrédité par d’autres semblables qui, accompagnés de la demande de la famille du défunt, ont incité en 2007 la magistrature brésilienne à ouvrir une enquête jusqu’à parvenir à l’exhumation du corps. “Les techniques modernes peuvent donner des résultats. Laissons que les experts travaillent et nous fassent parvenir la vérité”, a déclaré le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, présent à l’opération menée au cimetière municipal de Sao Borja, petite ville située près de la frontière de l’Argentine où Goulart a été enterré.
La dépouille de l’ancien président sera transférée ce jeudi à Brasilia avec les honneurs militaires funéraires propres à un chef de l’Etat et accueillie par la présidente Dilma Rousseff et ses prédécesseurs Luiz Inácio Lula da Silva, José Sarney et Fernando Collor, pour rendre hommage à Goulart qui, à l’époque de sa mort, n’avait pas reçu de tels honneurs.