Par Gabriela Bravo et l’Equipe Pressenza
Manifestation à Paris
Les manifestations de gilets jaunes se poursuivent à Paris et partout en France. Mais cette fois-ci, le samedi 24 novembre les manifestants ont pris d’assaut le cœur de la capitale, les Champs Élysées, pour montrer leur mécontentement sur la hausse des prix des carburants et la baisse du pouvoir d’achat.
Bien que le gouvernement ait désigné le Champ-de-Mars comme le site où les manifestants pouvaient se réunir, les gilets jaunes ont préféré se donner rendez-vous aux Champs Élysées, un lieu plus symbolique et plus proche des institutions de l’État.
A la différence de la semaine dernière où la manifestation qui s’est déroulée à Paris a eu plusieurs points de rendez-vous et a fini par se concentrer sur les Champs Élysées, ce samedi la plus belle avenue du monde a été occupée depuis le matin. Néanmoins la manifestation a été d’une grande violence, car des groupes de manifestants, qui n’appartiennent pas forcement au mouvement des gilets jaunes, sont venus pour en découdre avec la police.
En quelques heures les Champs Élysées se sont transformés en champ de bataille, des manifestants ont mis en place des barricades revendiquant le droit de manifester là où ils le décident, et non pas se soumettre à la volonté d’un état qui leur impose un parcours. Tout le long de l’avenue des barricades ont été érigées avec des matériaux de construction, du mobilier extérieur de restaurants et cafés, pour s’opposer aux policiers qui tentaient de les déloger avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour les empêcher d’avancer sur l’avenue.
Ce samedi 24 novembre la colère des gens est montée d’un cran car depuis une semaine ils manifestent partout en France et ne se sentent pas écoutés. Bien que la mobilisation de ce mouvement ait commencé avec la hausse des carburants, aujourd’hui ils revendiquent une hausse de leur pouvoir d’achat et une taxation plus équitable, car plusieurs des manifestants rencontrés ne comprennent pas l’augmentation de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) pour les retraités et la suppression de l’Impôt sur la fortune pour les foyers les plus fortunés. (La CSG est un impôt créé en 1991, il sert à payer une partie de la sécurité sociale et depuis 2018, de l’assurance chômage.)
Quelques chiffres, contexte économique et social
Budget de la France pour 2018 : dépenses de l’État, 386 milliards d’euros ; recettes, 302 milliards ; déficit : 83 milliards.
Depuis l’arrivée du gouvernement Macron en mai 2017 plusieurs mesures significatives ont été prises :
- L’impôt sur la fortune (ISF) va diminuer en 2019, ce qui représente un manque de 4 milliards d’euros dans le budget.
- L’impôt sur les revenus du capital (flat tax) a été transformé et plafonné à 30% (avant il pouvait atteindre 45%), ce qui représente un manque de 10 milliards d’euros dans le budget 2019.
- On donne 20 milliards d’euros aux entreprises chaque année depuis 2013, au titre d’un soutien (CICE), il sera supprimé en 2019 et remplacé par une diminution des cotisations sociales aux entreprises. Ce qui représente un manque de 20 milliards d’euros dans le budget 2019.
- La fraude fiscale en France est estimée entre 130 et 170 milliards d’euros. Les entreprises et personnes qui pratiquent ces fraudes ne peuvent pas être poursuivies pénalement car seul le ministère des finances peut décider de qui peut être poursuivi pour fraude fiscale. Ce qui représente un manque entre 130 et 170 milliards d’euros dans le budget 2019.
Dans ce contexte la hausse du prix des carburants a été justifiée comme une mesure pour lutter contre le réchauffement climatique et pour « sauver la planète ».
Une toute autre information a circulé le 8 novembre, suite à une réunion entre le représentant du syndicat CLCV et les services du premier ministre à Matignon. « Clairement, à Matignon ils nous ont dit : ‘Pour supprimer la taxe d’habitation pour 80% des Français, on a besoin d’augmenter de beaucoup les taxes sur les carburants. Ce sera la seule taxe qu’on va augmenter mais on a besoin de le faire sinon on ne peut pas faire les autres réformes fiscales’, a affirmé jeudi soir sur France Info François Carlier (CLCV). Là, ils ont été très très francs, beaucoup plus francs que dans la communication grand public. »
Le ressenti des manifestants
Patrice, un retraité venu de Bretagne raconte les raisons de son indignation qui l’ont poussé à venir manifester sur les Champs Élysées : « On a de plus en plus de mal à vivre, je suis retraité depuis trois ans et au lieu que ma retraite augmente, elle baisse, elle a baissé d’à peu près 40€ par mois. Donc, on a de plus en plus de taxes, la vie est de plus en plus chère et on a de plus en plus de mal à vivre en France. On s’est déplacé surtout parce qu’aujourd’hui nous ne sommes pas écoutés, on est bien obligé de venir crier notre colère ici, parce que chez nous on ne nous écoute pas, on est beaucoup trop loin ».
La suite
Selon le ministère de l’intérieur il y a eu 105 000 manifestants en France, selon le syndicat des policiers en colère, il s’agit de 7 fois plus, soit environ 750 000 gilets jaunes sur environ 1500 points de blocage, et les 100 000 annoncés correspondent uniquement à la mobilisation à Paris. La manifestation a continué ce dimanche 25 novembre, puis sur la page facebook du mouvement un appel à une nouvelle mobilisation a été lancé pour le samedi 1er décembre. E.Macron prendra la parole le mardi 27 novembre pour annoncer des mesures en matière écologique pour essayer de calmer la colère de français, car jusqu’à présent, entre 70 et 80% de la population approuve la révolte des gilets jaunes.
Face à une attitude hautaine et arrogante du gouvernement, on observe à travers ce mouvement l’expression d’une colère populaire, mais aussi la manifestation d’un élan de solidarité, des chaînes de soutien aux personnes qui font les barrages, davantage de communication. Les gens se rendent compte qu’ils sont de plus en plus nombreux à vivre difficilement, d’autres expriment leur envie de chercher à changer de style de vie.
Crédit Photos : Mauricio Alvarez
Impôts fonciers, revenus, Contribution sociale généralisée. … en précarité.
C’est insupportable. On n’est pas des pigeons (des idiots).