« Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse », tableau peint par Victor Vasnetsov en 1887. Image : Domaine public, Wikimedia Commons.
Ne lisant pas la Bible, mes informations proviennent de sources non officielles de type Wikipédia. Donc apparemment, les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse apparaissent à l’origine dans le livre de l’Apocalypse avec pour noms Conquête, Guerre, Famine et Mort. Mais à un moment donné (décrit comme « appartenant à la culture populaire »), Conquête est devenu Pestilence. Il suffit de regarder la Syrie pour comprendre pourquoi. L’une des premières victimes de la guerre est le service de santé d’un pays.
La nouvelle d’une épidémie de polio (surtout chez les jeunes), qui risque de ne pas se limiter à la Syrie mais d’affecter également les pays submergés par les réfugiés (comme la Turquie et la Jordanie), n’est pas surprenante. D’autres maladies émergent tandis que le système de santé est en train de s’effondrer, non seulement à cause de la perturbation des approvisionnements, des bombardements, des massacres, des déplacements par avion des professionnels et des autres, mais aussi parce qu’il doit en plus faire face aux blessures, aux brûlures et à la toxicité des guerres modernes. Ces nouvelles guerres ne sont pas dites nucléaires mais elles laissent des débris radioactifs à cause des armes à l’uranium appauvri, elles ne sont pas dites chimiques (d’accord, ce terme convient) mais elles propagent des éléments toxiques à cause des bombardements des usines chimiques, et elles ne sont pas dites bactériologiques mais elles provoquent des épidémies en détruisant l’infrastructure de santé.
Irak et Syrie, 10 ans d’écart. Avons-nous appris quelque chose ? Peut-être, oui. La politique du « se mouiller » pour défendre les droits des « gens » a échoué cette fois, arrêtée dans son élan au Parlement britannique, là même où l’Irak a été sanctionné en dépit des millions de personnes descendues dans les rues en 2003. Cette politique s’est ensuite propagée à d’autres pays ; les États-Unis et la France, les plus déterminés à se mouiller, ont estimé qu’il serait bon de consulter leurs Parlements respectifs, l’ONU ou leurs populations respectives ; quant aux Russes, ils sont devenus créatifs dès lors qu’ils ont été confrontés à la « ligne rouge » américaine de la guerre chimique, proposant alors le démantèlement de l’arsenal syrien.
Les armes classiques, responsables de la mort de plus de 120 000 personnes déjà, continuent d’affluer. Néanmoins, de nombreuses organisations internationales exigent un embargo sur les armes. Les deux pourparlers de Genève sont considérés comme un échec avant même d’avoir commencé… mais en fait ils ont déjà commencé, et ce en raison des discussions à huis clos entre toutes les parties intéressées.
Pendant ce temps, la fin du mandat présidentiel de M. Assad approche tranquillement. Les prochaines élections sont prévues pour février. Ça les tuerait d’appeler à un cessez-le-feu et d’attendre les élections ? Apparemment oui… ou disons plutôt qu’un changement de régime ne suffit pas. Il semblerait qu’il importe plus d’amener les quatre Cavaliers de l’Apocalypse à quitter la Syrie dans un désordre à l’irakienne/la libyenne.
Malgré la morosité de la situation, les millions de réfugiés déplacés, les morts, les malades et les blessés, une lueur d’espoir demeure : l’opinion publique est clairement contre la guerre, ce qui a un impact ; les manifestations, les millions de messages des médias sociaux, les pétitions, les lettres aux députés… tous ont un impact et une chance de changer les choses. Continuez comme ça !
(Traduit de l’anglais par Florian MORINIÈRE)