France Libertés remet le Prix Danielle Mitterrand 2018 au peuple autochtone Krenak du Brésil, pour ses actions de résistance face aux multinationales criminelles et au modèle extractiviste.
Le peuple Krenak, victime d’un crime environnemental
Il y a trois ans, un barrage de déchets miniers de la compagnie Samarco s’est rompu au Brésil. Ce crime est la plus grande pollution de l’histoire brésilienne. Les conséquences humaines et environnementales sont désastreuses : 19 morts, plusieurs dizaines de villages détruits, des centaines de milliers de personnes privées d’eau et exposées à d’importants risques sanitaires. Au total, ce sont près de 4 millions de personnes qui ont été affectées par ce crime sans précédent.
Le peuple Krenak vit sur les rives du fleuve Rio Doce, détruit par le déversement de millions de mètres cubes de boues toxiques qui étaient stockées dans le barrage de l’entreprise Samarco. Ce peuple a ainsi subi de plein fouet les conséquences de la rupture qui ont été, et continuent d’être, particulièrement lourdes pour ce peuple autochtone qui voit plusieurs de ses droits humains violés.
3 ans après, le peuple Krenak réclame toujours justice, et France Libertés se joint à la résistance Krenak en lançant une campagne internationale de soutien : Justice for Krenak.
Les Krenak : un peuple autochtone qui résiste pour maintenir son territoire et son mode de vie
Les Krenak sont un peuple autochtone originaire de la vallée du Rio Doce au Brésil. Autrefois semi-nomades, ils vivaient de la chasse, pêche et cueillette et menaient une vie en constant équilibre avec leur environnement.
Dès l’arrivée des colons dans l’actuel Brésil, les Krenak sont victimes d’un processus de déterritorialisation et ‘civilisation’ forcée visant à faire disparaître leur culture. L’accaparement de leurs terres par l’État, des éleveurs de bétail et des compagnies minières ainsi que le processus de dispersion forcée des Krenak ont été une véritable souffrance pour ce peuple attaché à sa région d’origine et notamment au Rio Doce qui représente bien plus qu’un fleuve pour eux.
Malgré une restitution partielle de leurs terres en 1920, les Krenak n’en jouissent qu’en 1997. Cependant, ces terres ont été profondément modifiées par la forte activité minière qui s’est développée dans cette zone du Brésil. Dès le début du XIXe, s’est opérée en effet une très forte pression sur leur territoire du fait de la richesse en ressources minières. Aujourd’hui, la majorité du peuple Krenak vit sur la Terre Krenak qui correspond à un territoire de 4000 hectares sur les rives du Rio Doce dans la localité de Resplendor dans la région de Minas Gérais. Le peuple, désormais sédentaire (suite à un processus de sédentarisation forcée par l’État), vit dans 7 villages et se compose de 120 familles. Les principales activités économiques du peuple sont la pêche, l’élevage, l’agriculture et l’artisanat.
Le crime de Mariana : un véritable coup porté au mode de vie et à l’identité même des Krenak
La pollution massive de la vallée du Rio Doce a détruit les bases matérielles de la vie quotidienne du peuple en le privant de ses moyens de subsistance traditionnels. Les Krenak ne peuvent plus pêcher ni boire ou se baigner dans l’eau du Rio Doce. Les activités agricoles et d’artisanat sont également remises en cause par la destruction des écosystèmes de la région.
La destruction du fleuve est aussi une blessure spirituelle pour les Krenak, qui pleurent depuis maintenant trois ans la mort de leur fleuve sacré qu’ils appellent Watu. De nombreux rituels qui se pratiquaient dans les eaux du Rio Doce sont aujourd’hui devenus impossibles à réaliser. Le peuple a perdu un haut lieu de mémoire collective ainsi que le cœur social et culturel de la communauté ; c’est un véritable coup porté à l’identité des Krenak.
France Libertés soutient la résistance Krenak et remet le prix Danielle Mitterrand 2018 à ce peuple autochtone en lutte
Cette année, France Libertés a choisi de décerner le Prix Danielle Mitterrand au peuple Krenak. Par ce prix, France Libertés souhaite souligner la lutte d’un peuple face à un géant minier, et à un État complice des crimes commis par les multinationales.
Les Krenak n’ont de cesse depuis 3 ans de dénoncer l’impunité des responsables du crime commis contre le fleuve et donc contre leur peuple. Le peuple se mobilise également contre l’extractivisme dans son ensemble, système qui a mis à mal leur territoire depuis des décennies. Ils exigent la réparation des dommages et France Libertés souhaite soutenir les Krenak dans leurs revendications.