La Défense, Grande Arche, 12ème jour d’occupation du lieu public par le mouvement des indignés de Paris.
Après un calme apparent, la tempête revient. En effet, le 08.11.11 à 07h30 du matin, on a assisté à une offensive des forces de l’ordre sur le campement. La police a chargé sans avertissement les indignés encore endormis. Le but : leur retirer bâche et stock de nourriture et laisser le campement dans un état chaotique.
Les indignés avaient passé toute la veille à ranger le campement pour le lendemain.
Un des résistants, blessé, a dû rentrer chez lui. Il a été matraqué par des policiers sans scrupules et bien armés, chargeant sur des personnes non violentes et sans armes.
Cela n’a pas découragé les indignés, tout au contraire. Ils se sont remis au travail et ont reconstruit le camp en moins d’une heure avec plus de couleurs et d’idées… pour préparer le week-end du 11.11.11.
Cette semaine a été difficile : après le succès obtenu le 11.11.11, des ordres ont été lancés pour faire disparaître le campement des indignés. Les grands médias ayant été peu présents sur place durant la semaine, peu de diffusion au grand public a été réalisée sur les évènements de cette semaine. Avec les moyens du bord, les indignés ont malgré tout obtenu un réseau sur lequel on peut suivre en direct la vie du campement :
Lien live Stream:
[http://bambuser.com/channel/occupyfrance/broadcast/2118713](http://bambuser.com/channel/occupyfrance/broadcast/2118713)
Les véritables acteurs du campement sont des réalisateurs de vidéos ou des photographes amateurs qui suivent l’information sur place pour la transmettre sur les réseaux comme Facebook, Twitter ou blogs personnels.
Le 14 novembre, les indignés étaient tous unis pour soutenir leurs 11 compagnons au tribunal de Paris à la 29ème chambre où ils avaient été injustement accusés et jugés. La juge n’avait aucun respect pour les personnes, prononçant des réflexions méprisantes comme « votre profession, c’est marcher ». L’accusation portée contre les indignés arrêtés : dégradation de bien public.
En réalité, il s’agissait seulement d’une simple petite vitre du fourgon policier qui s’était décollée à cause du mauvais état du fourgon lui-même.
C’est à 10h que tout le monde a célébré la victoire du jugement mené à bien par Maître Breham.
Le verdict : «les 11 inculpés sont relaxés». Message qui a été rapidement diffusé sur toutes les fréquences possibles.
« Nous avons été accusés injustement et nous l’avons démontré par voie de justice » disait l’un d’eux en sortant du tribunal, tout souriant.
Après cette glorieuse journée, le campement a été re-décoré à l’aide de cartons, de slogans, de réflexions, de théories sur l’économie.
Des plantes sont aussi venues intégrer le décor du campement. Celui-ci rayonnant de vie, en comparaison des cabanes situées des deux côtés du campement pour préparer la venue d’un «Noël commercial».
Le paradoxe de la France se fonde sur l’impossibilité de comprendre que tous les pays froids comme l’Angleterre, les Etats-Unis, le Canada ont toléré des cabanes démontables en bois. En Allemagne et Belgique ils ont pu camper pour se protéger du froid et de la pluie, alors que les Français à la Défense sont les seuls à ne pas pouvoir se protéger des conditions extrêmement dures de l’hiver parisien.
Cela n’a pas suffi aux dirigeants des forces de l’ordre qui, en plus, se sont permis durant cette semaine de saccager à nouveau, de retirer les duvets et couvertures de survie.
En effet, la nuit du 13 novembre, a eu lieu une nouvelle mobilisation des forces de l’ordre obéissant aveuglément aux ordres. Ils ont à nouveau chargé sur le campement.
L’objectif : laisser les indignés dans le froid toute la nuit. Après avoir retiré toutes les couvertures et duvets et après avoir donné quelques coups de matraque à droite et à gauche, certains policiers se sont retirés, «satisfaits» de leur «besogne».
«Il est vrai qu’il faut avoir du courage pour enlever des couvertures à des personnes sans armes et à une heure aussi tardive.
Particulièrement si elles ne peuvent pas se défendre ou trouver d’autres alternatives pour se couvrir contre le froid» nous rapportait ironiquement un indigné.
La nuit a été terrible : nombreux sont ceux qui sont tombés malades mais ils sont quand même restés…
«J’y suis, j’y reste» ont-ils chanté en réponse aux offensives incohérentes de la police.
Durant la journée, leurs actions ont été simplement moins fortes pour économiser des forces et récupérer des nuits antérieures mais ils résistent avec un espoir tenace : ils veulent changer le monde !
Hier, 15 novembre, les attaques policières se sont multipliées. Vers 14h30, le campement a été de nouveau «pillé et détruit» par les forces qui se disent de l’ordre qui, n’ayant pas suffisamment détruit, ont commencé à gazer tout le monde sur les marches de la Grande Arche.
Dans le campement, la fatigue se ressent : certains indignés, accablés de construire pour être de nouveau attaqués, deviennent irritables.
D’autres, investis par l’espoir et la croyance que cette lutte aboutira, gardent leur calme, utilisent leurs forces pour apaiser les plus irritables et pour reconstruire le campement.
A 19h le campement est reconstruit, l’Ag a commencé. Certains ayant besoin de se détendre après les dures journées de la semaine restent à l’écart. Pendant que d’autres réfléchissent et proposent une façon de faire avancer les actions.
C’est vers 20h30, en plein milieu de l’AG, qu’un appel au regroupement a été lancé.
Des dizaines de fourgons de gendarmes ont envahi le dos de la Grande Arche. Les rumeurs se confirment : « ils vont nous attaquer ». Les forces de l’ordre courent en colonnes de formation militaire, plus de 200 gendarmes entourent et chargent sur le campement. Ils prennent tout le matériel (nourriture, couvertures, duvets, boissons, cartons, balais, boîtes en plastique et jettent tout devant les marches de l’Arche. Sans se soucier de casser des objets personnels.
N’est-ce pas du vandalisme de détruire le bien d’autrui ?
Paradoxe à nouveau : comment la police française, qui a pour obligation de protéger les citoyens, peut- elle adhérer à des actions de vandalisme ?
Des coups de matraque ont été donnés aux personnes sans armes qui refusaient de lâcher leur duvet. Des amis ont essayé de les rejoindre mais ont été bloqués par un double cordon policier.
Il y a eu des larmes dans les yeux de certaines femmes voyant comment leur compagnon se faisait frapper sans aucune raison valable.
Une autre criait : « Pitié, arrêtez de les frapper, vous ne voyez pas qu’il fait froid et que l’on a besoin des couvertures ?»
Face à la violence de certains hommes qui perdent la raison sous un uniforme, les indignés se sentent impuissants face à leur amis, maltraités, qui sont battus devant leur yeux.
Pour une seule raison : Vouloir garder leur couverture pour se protéger du froid.
Qui est ce chef d’orchestre derrière la police… Monsieur Guéant…ou… ?
L’objectif de la police : l’épuisement ?
Ils oublient que les indignés pensent par eux-mêmes, comme dit leur slogan : «Je pense, donc je dérange».
Les indignés ne sont pas des moutons et ne sont pas du tout résignés … surtout qu’ils comptent sur le soutien de nombreux amis qui ne se sont pas encore manifestés…