Suivant le mouvement initié par la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) et la Table de concertation étudiante du Québec (TACEQ), les milliers de manifestants se sont donnés
rendez-vous place Émilie-Gamelin et ont marché sous une pluie intermittente jusqu’au bureau du premier ministre Jean Charest afin de défendre l’accessibilité aux études supérieures. Pour l’occasion, plus de 203 000 étudiants ont voté une grève ou une levée de cours.
Le budget controversé prévoit une augmentation de 1625$ en cinq ans, soit 325$ de plus par an. Cette hausse s’ajoute aux 500$ supplémentaires que le gouvernement libéral a imposés aux étudiants de 2007 à 2012. Cela représente une hausse de 127% de la facture étudiante.
Selon Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l’ASSÉ, le Premier ministre devrait arrêter de se mettre la tête dans le sable et prendre ses responsabilités. «La mobilisation envoie un message clair au gouvernement libéral: sa hausse des frais de scolarité ne passe pas. S’il ne recule pas rapidement, nous passerons à la prochaine étape: la grève générale illimitée cet hiver », déclare-t-il.
L’idée de suspendre les cours définitivement ne fait cependant pas l’unanimité. «On est ici justement afin d’éviter d’aller en grève générale illimitée. Nous voulons être entendus et que la hausse soit bloquée. Nous ne voulons pas devoir arrêter les cours mais si les choses ne se règlent pas, c’est une option à
envisager», affirme Catherine Mailloux, manifestante de Montréal.
Alors que le gouvernement Charest ne cesse de comparer les universités québécoises à celles du Canada anglais et des États-Unis, l’ASSÉ rappelle les bienfaits du modèle québécois en matière d’accessibilité aux études. « Les dettes étudiantes dans le reste du Canada et aux États-Unis atteignent des sommets. Est-ce vraiment l’exemple que nous voulons suivre? Au contraire, le Québec devrait être fier d’avoir permis à des milliers de personnes démunies et de la classe moyenne d’étudier à l’université en mettant sur pied un système d’éducation qui, à sa création, tendait vers la gratuité scolaire», renchérit Nadeau Dubois.
**Néfaste pour l’économie**
Pour le Parti Québécois, l’opposition officielle, cette hausse est impensable et aura de grandes répercussions sur l’avenir de la province. «Les étudiants devront rattraper 43 ans de frais de scolarité en 5 ans. Cela nuira à l’accessibilité des études supérieures. Pour étudier, beaucoup devront s’endetter», déclare Marie Malavoy, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’enseignement en soutenant que la hausse aura aussi un impact économique important sur l’ensemble de la population.
Même son de cloche chez Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) qui affirme que l’augmentation des frais de scolarité ne touchera pas uniquement les étudiants, mais aussi leur famille et l’ensemble de la société.
«Alors que la classe moyenne est déjà aux prises avec des hausses de tarifs importantes, la hausse des frais de scolarité devient une nouvelle taxe directe qui va s’ajouter au fardeau financier des familles», a-t-elle dénoncé dans un communiqué.
Bien qu’elle espère que le message sera entendu par le gouvernement, la FEUQ poursuivra ses actions aussi longtemps qu’elles seront nécessaires. «La grogne étudiante est présente et elle va continuer à s’amplifier tant et aussi longtemps que Jean Charest continuera à assombrir l’avenir des générations
présentes et futures», annonce la présidente.
**Violence gratuite**
Dès 7 heures du matin, des grévistes avaient pris possession de tous les accès menant à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) empêchant élèves et professeurs d’entrer dans l’établissement. Affiches, pancartes et bannières dénonçaient le projet gouvernemental. Carl Robichaud, piqueteur devant l’une des entrées principales de l’UQAM a assisté à plusieurs prises de becs.
«Le blocage des accès est un bon moyen de pression mais beaucoup de gens ne comprennent pas les fondements de l’acte. Il y a eu quelques incidents. Une personne nous a lancé un café brûlant et un professeur a littéralement sauté à la gorge d’une étudiante parce qu’elle ne voulait pas le laisser passer. Il y a des comportements excessifs», déplore-t-il.
La manifestation qui se voulait pacifique s’est toutefois terminée sur une note négative après l’arrestation de quatre individus devant les bureaux du premier ministre et sur le campus de l’Université McGill. Selon les médias locaux, certains jeunes masqués auraient lancé de la peinture sur l’immeuble qui abrite
aussi une Banque HSBC. Aucune blessure n’a été répertoriée.