**Expulsion du mouvement « Occupons Québec » : La Ligue des droits et libertés s’oppose à cette
atteinte à la liberté d’expression**
Suite à la décision du maire Régis Labeaume d’ordonner l’éviction
des manifestants du mouvement « Occupons Québec » dans le quartier Saint-Roch, la Ligue des droits
et libertés exprime son opposition à cette atteinte injustifiée à l’exercice de la liberté d’expression. En
regard des enjeux de société fondamentaux soulevés par les « indignés » de Québec, les raisons invoquées
pour éteindre leurs voix apparaissent bien dérisoires. Le maire Labeaume prétend que les manifestants se
sont fait entendre et qu’ils devraient maintenant rentrer chez eux, comme s’il était du ressort du maire de
Québec de fixer les limites de la liberté d’expression de ses citoyens. La capacité de durer témoigne du
sérieux des occupants et fait partie de leur message.
Ce mouvement international initié par les manifestants d’Espagne et de Wall Street lance un message
politique qui devrait être préservé et non pas étouffé. La Ligue des droits et libertés rappelle à la
population et aux élus que la liberté d’expression est reconnue comme étant le socle de la démocratie. Elle
est reconnue dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les pactes internationaux. Au
Canada, elle est affirmée dans la constitution, dans la Charte canadienne des droits et libertés et dans la
Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Il s’agit d’un droit fondamental déterminant pour
la démocratie.
Comme l’a souvent souligné la Cour suprême, notamment dans KMart en 1999, l’espace public est un
des seuls endroits qu’ont les membres les plus vulnérables de la société et les moins puissants pour faire
entendre leurs voix.
Par ailleurs, les tribunaux s’entendent sur le principe qu’on ne peut limiter l’exercice de la liberté
d’expression du seul fait qu’elle dérange, choque ou simplement parce qu’elle ne rencontre pas
l’approbation ou les vues de certaines personnes ou de certains groupes.
Le mouvement d’occupations qui gagne la planète est, en soi, un message qui exprime les revendications
des manifestants. Dans cette perspective, interdire ces occupations revient à bâillonner l’expression des
manifestants et menace sérieusement la démocratie participative. L’argument de la sécurité invoqué pour
mettre fin à l’occupation est pour le moins étonnant. D’autres municipalités qui vivent des occupations
semblables depuis plus longtemps ne semblent pas éprouver des problèmes de sécurité insurmontables et
essaient plutôt, comme Montréal jusqu’à présent, de trouver des aménagements avec les occupants.
Enfin, la Ligue des droits et libertés demande aux autorités de revenir sur leur décision et de respecter
l’exercice du droit fondamental des citoyens de s’exprimer sur la place publique et, ainsi, de participer
activement autant au nécessaire débat démocratique qu’à l’évolution de nos sociétés.
Informations : Marie-Josée Béliveau, chargée des communications, Ligue des droits et libertés, 514-715-
7727 (cellulaire) ou 514-849-7717 poste 424.