Plus de 70 états participeront à la réunion sur la Convention des Armes Conventionnelles (CCW) sur les systèmes létaux des armes autonomes qui se déroulera au sein des Nations Unies à Genève du 27 au 31 août 2018. Ce sera la sixième occasion depuis 2014 d’ouvrir le débat entre les pays.
Près de 45 délégués de 19 organisations non-gouvernementales appartenant à la campagne Stop Killer Robots participeront au conclave, dont Jody Williams, prix Nobel de la paix en 1997 et Noel Sharkey, expert en robotique. La campagne est une coalition globale de 76 organisations (1) de 32 pays qui travaillent depuis avril 2013 sur l’interdiction des systèmes d’armes autonomes, aussi connus comme les armes pleinement autonomes.
En plus des délibérations des délégations officielles des différents pays, il y aura des événements parallèles organisés par la campagne. Lors d’un des premiers événements (mardi 28 août à 13h en salle XXIII), Bonnie Docherty présentera son dernier rapport provenant de Human Right Watch (HRW) sur la potentielle illégalité des robots meurtriers en rapport avec la Clause Martens, un critère éthique codifié dans la loi internationale pour les technologies émergentes d’évaluation.
Peter Asaro du comité ICRAC et un rapporteur invité de la Coalition des Travailleurs en Technologie (Tech Workers Coalition) discuteront des efforts pour exiger Google à renoncer à sa participation dans un projet du Pentagone, consistant en l’assistance à la reconnaissance visuelle des objets des vidéos collectées par des drones militaires. Le 7 juin Google a révélé une série de principes éthiques qui s’engagent à ne pas concevoir ou développer l’intelligence artificielle pour son usage en armement.
De la même manière, Ariel Conn de l’institut Future of Life présentera une déclaration signée par plus de 200 entreprises, associations, groupes, 2600 experts en intelligence artificielle et d’autres personnes engagés à « ne pas participer ni appuyer le développement, la fabrication, la vente et l’usage des armes autonomes létales ».
Alors que les menaces sérieuses que représentent les armes pleinement autonomes ont gagné plus d’attention au cours de ces cinq dernières années, les progrès réalisés par les états pour déterminer quoi faire sur ce thème ont été très lents.
Les états ont identifié et étudié des questions centrales d’ordre légal, opérationnel, moral et technique. Ils ont discuté sur les dangers de prolifération et d’autres sujets dérivés permettant que des machines sélectionnent et attaquent des cibles sans nécessiter aucune intervention humaine. Jusqu’à présent, il existe un consensus sur la nécessité de préserver une forme de contrôle humain sur les futurs systèmes d’armes et l’usage de la force.
Beaucoup d’états déclarent ne pas avoir l’intention d’acquérir ou de développer des armes complètement autonomes et un ensemble de 26 pays demande explicitement l’adoption d’une loi sur l’interdiction de ces armes (2). L’Autriche ainsi que d’autres états ont proposé d’ouvrir une négociation sur un nouveau traité international qui interdirait et recommanderait de conserver un contrôle humain suffisant sur les armements.
D’un autre côté, la France, Israël, la Russie, la Grande Bretagne et les Etats-Unis ont refusé explicitement d’avancer sur la négociation d’une nouvelle loi internationale sur l’armement autonome.
La Convention sur Certaines Armes Conventionnelles (CCW) opère par consensus, de telle façon que n’importe quel état peut s’opposer et bloquer potentiellement une proposition pour l’ouverture de négociations. D’autres pouvoirs militaires investissent massivement dans des drones armés et d’autres systèmes d’armes autonomes avec des niveaux décroissants de contrôle humain.
L’inquiétude réside dans une variété de capteurs et d’avancées en intelligence artificielle qui rendent de plus en plus accessible la conception d’armement capable de sélectionner des cibles et d’attaquer sans intervention humaine. Si la tendance à l’autonomie continue, il n’y aura plus d’êtres humains dans la prise de décision de certaines actions militaires, demandant peut-être un rôle limité de supervision ou simplement d’assemblage de paramètres vastes pour ces mêmes missions.
La réunion officielle sera présidée par l’ambassadeur d’Inde Amandeep Singh, qui est également le directeur exécutif du panel de haut niveau sur la coopération digitale, annoncé par le Secrétariat Général Guterres le 12 juillet dernier.
Il n’y aura pas de transmission en direct de la réunion ou des événements parallèles mais les faits saillants seront communiqués à travers le compte twitter @BanKillerRobots avec le hashtag #CCWUN ainsi que sur @CCW_UNODA. Il sera aussi possible de suivre les incidences à travers les comptes Instagram, Facebook et Youtube de la campagne.
- L’agence internationale d’information Pressenza fait partie de la campagne.
- Algérie, Argentine, Autriche, Bolivie, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Cuba, Djibouti, Equateur, Egypte, Ghana, Guatemala, Vatican, Irak, Mexique, Nicaragua, Pakistan, Panamá, Pérou, Palestine, Ouganda, Venezuela et Zimbabwe
Pour plus d’informations et des entretiens contactez Clare Conboy-Stephenson, consultante en médias. Tel. 44 (7507) 415-987, media@stopkillerrobots.org
Cette note a été élaborée grâce aux communiqués de presse délivrés par la campagne Stop Killer Robots.
Traduction de l’espagnol, Romane Vilain