Aujourd’hui, le 5 juillet 2018, plusieurs ONG européennes ont publié un communiqué dénonçant d’une part, la situation catastrophique qui règne en Méditerranée, qui ressemble de plus en plus à une fosse commune à la frontière sud de l’Union européenne, et de l’autre, l’absence totale de hauteur des dirigeants politiques pour affronter une telle situation, compte tenu des accords pathétiques conclus lors de leur dernier sommet. En plus d’une liste de 12 mesures urgentes à prendre, le texte dit que « l’Europe ne peut pas détruire ses fondements humanistes pour céder à la droite raciste et fasciste avec une politique qui re-criminalise l’étranger, le migrant, le différent, et ceux qui sont solidaires avec eux ».

Le communiqué sollicite le soutien des ONG européennes, tandis que les organisateurs – l’association humaniste Convergence des cultures – considèrent, avec les signataires, le type d’actions de dénonciation à entreprendre.

Pour adhérer au communiqué en tant qu’organisation ou collectif, envoyez un courriel de soutien à José Antonio Díaz, jadiaz@humanistas.org

 

Communiqué sur le sommet européen sur les migrations

Au vu des accords conclus sur le thème de la migration et de l’asile lors du dernier sommet des dirigeants européens qui s’est tenu les 28 et 29 juin, les organisations soussignées expriment leur ferme rejet du contenu et de la substance des résolutions adoptées lors d’une réunion qui devait apporter une réponse nécessaire et porteuse d’espoir à la situation vitale que des milliers d’êtres humains souffrent, contraints de quitter leur lieu d’origine.

Lors de ce sommet, des accords ont été conclus, qui en réalité ne s’accordent sur rien, donnant carte blanche à chaque pays pour faire ce qu’il veut ; des accords qui réinterprètent le droit d’asile, modifiant les règles pour couvrir les violations continues du droit international et européen en matière d’asile et d’accueil ; des accords pris du point de vue de la « chair humaine », cédant ainsi la place à des approches plus régressives et xénophobes qui commencent à émerger dans plusieurs pays de l’Union ; des accords qui ignorent la clameur de la majorité de la population en solidarité avec les migrants ou la volonté de centaines de conseils locaux de les accueillir dans leurs localités.

Mais peut-être le plus honteux c’est que, alors que de nombreux êtres humains meurent dans leur tentative de traverser la Méditerranée, ces dirigeants européens ont centré leur discussion sur la question de savoir s’il fallait créer des « plates-formes de débarquement » en Europe ou s’il fallait le faire dans des pays tiers. Il n’y a pas eu d’autocritique, pas de réflexion sur la responsabilité de l’Europe dans la génération du conflit ; pas de reconnaissance du pillage que l’Europe a produit et continue de produire dans les pays d’où viennent les migrants ; pas de révision de sa politique lucrative d’invasions (en tant que membres de l’OTAN) et de ventes d’armes, qui finit par approvisionner les pays en conflit que les gens fuient aujourd’hui.

Ils ont essentiellement parlé de l’emplacement des « plates-formes de débarquement », c’est-à-dire des prisons pour étrangers ou, plus précisément, des camps de concentration, dans le but ultime de renvoyer les migrants dans leur précaire pays d’origine. Il s’agit d’un pas plus atroce et déshumanisant dans la direction des « Centres de détention d’étrangers » déjà mis en cause. Ni à l’intérieur ni à l’extérieur, l’Europe ne peut pas détruire ses fondements humanistes pour céder à l`extrême droite raciste et fasciste avec une politique qu’à nouveau criminalise l’étranger, le migrant, le différent et ceux qui sont solidaires avec eux.

La vie humaine est sacrée et, convaincus qu’il n’y aura pas de progrès si ce n’est pas de tous et pour tous, les organisations signataires exhortent les gouvernements européens à apporter une réponse cohérente et urgente en prenant des mesures telles que :

  • Le démantèlement de tous les centres de détention pour étrangers et l’abandon de toutes les tentatives de création de prisons pour migrants, sous quelque forme que ce soit.
  • Élimination des « clôtures » dans les différents pays de l’Union.
  • Au contraire, aller vers l’élimination des frontières qui n’existent que pour séparer les pauvres et ne sont pas une réalité pour le capital et pour la minorité de plus en plus scandaleusement riche de la planète.
  • Empêcher que les impôts des citoyens européens ne soient utilisés pour la « surveillance des frontières », l' »externalisation » des frontières et la création de « plates-formes pénitentiaires ». Nous proposons que ces fonds soient affectés à d’autres domaines, comme l’accueil de ces êtres humains arrivant en Europe.
  • Pas de criminalisation des migrants et des réfugiés Aucun être humain n’est illégal !
    Abandonner la criminalisation des ONG et des travailleurs humanitaires qui s’efforcent de sauver des vies humaines, ainsi que pénaliser les pays qui entravent leur travail (comme dans le cas du sabotage continu des navires humanitaires Aquarius, Lifeline ou Open Arms).
  • Que ces politiques fassent l’objet d’enquêtes et soient considérées comme des crimes contre l’humanité.
  • Permettre des voies d’entrée légales en Europe pour une lutte réelle et efficace contre les mafias qui spéculent sur la traite des êtres humains. Non seulement en créant des « couloirs humanitaires », mais surtout en fournissant des documents d’entrée légaux en Europe.
  • Créer une politique de réparation pour les pays que l’Europe pille depuis des siècles.
    Contrôle exhaustif des ventes d’armes aux pays en conflit, directement ou indirectement à partir de pays tiers.
  • Cessez de suivre les mandats américains, par le biais de l’OTAN ; cessez d’occuper des territoires et de bombarder des populations qui sont forcées de fuir pour sauver leurs vies et celles de leurs proches.
  • Respect scrupuleux de la Déclaration des Droits humains ainsi que du droit international en matière d’asile et de migration.

En attendant, nous encourageons les gens à maintenir cette dynamique de solidarité liée à nos meilleures traditions humanistes européennes. Nous devons continuer à donner cette leçon de dignité à nos honteux dirigeants politiques en travaillant avec les dizaines de milliers de citoyens qui offrent leur maison ou les réseaux de quartier qui s’expriment pour accueillir d’urgence ceux qui arrivent dans leurs villes, ainsi que pour soutenir les dirigeants locaux qui assument depuis leurs municipalités les responsabilités que les gouvernements nationaux et les institutions européennes ne sont pas capables de développer.

 

Convergence des Cultures

Madrid, le 3 juillet 2018

Signé :

Convergence des Cultures
Réseaux Christians
Eglise Évangélique Espagnole
Energia per i Diritti Umani Onlus – Roma
Diritti al Cuore Onlus – Roma
Salute Migrante – Roma
Pressenza International Press Agency
Association Femmes Humanistes pour la Nonviolence
FICNOVA, la Festival International du cinéma sur la nonviolence active
Humanistes pour le Revenu de Base Universal
Coalición de Tendencias Clasista (CTC-VZLA)
Comunidades de « El Mensaje de Silo » de Villaverde, Vallecas, Alcalá de Henares, Leganés, Madrid (« Comunidad la Realidad Interna », « Comunidad La mirada interna »); Comunidad de « El Mensaje de Silo » Llinars del Vallés (Barcelona), Comunidad de « El Mensaje de Silo » de Gracia (Barcelona)
Monde sans Guerres et sans Violence, Grèce
Asociacion Cultural y Social « Puentes No Muros »
Convergence des Cultures, Chili
Parti Humaniste, Espagne
Parti Humaniste, Belgique
Parti Humaniste, Italie
Parti Humaniste International
Eleonora Forenza, eurodéputée de Rifondazione Comunista-Potere al Popolo

Abarekà Nandree Onlus, Milano