Les preuves manquent quant à l’implication de ce dernier dans l’affaire. Reporters sans frontières redoute néanmoins les blocages dans l’enquête que pourrait générer cette piste politique.
“La pression politique, traditionnellement forte dans les régions Nord et Nord-Est du Brésil, est souvent synonyme de lenteurs, au pire d’impunité, dans des affaires de ce type. Il était pourtant établi que Vanderlei Canuto Leandro dérangeait les autorités locales à force de dénoncer à l’antenne des cas d’irrégularités financières les mettant en cause. Cette audace est lourde de risques dans des territoires gangrenés par la corruption, le crime organisé et une insécurité élevée. Nous demandons au services de la police fédérale de Manaus, saisis du dossier, d’accélérer la procédure et d’explorer le lien éventuel entre cet assassinat et la profession de la victime, quitte à devoir demander des comptes aux autorités de Tabatinga”, déclaré l’organisation.
Vanderlei (également appelé “Wanderley”) Canuto Leandro, animait le programme “Sinal Verde” (signal vert) pour Radio Frontera, station bilingue basée sur la rive péruvienne de la frontière. Il présidait par ailleurs le syndicat des mototaxis – Sindimoto – de Tabatinga. Dans la nuit du 1er septembre 2011, des inconnus circulant sur un deux-roues ont ouvert le feu dans sa direction à huit reprises alors qu’il se trouvait à proximité de son domicile. Le journaliste a aussitôt succombé.
D’après le site d’informations Blog da Floresta [http://www.blogdafloresta.com/](http://www.blogdafloresta.com/), Wanderley Canuto avait ouvertement mis en cause la municipalité de Tabatinga pour des cas d’achats illicites ou de détournements de nourriture scolaire dont la justice est par ailleurs saisie. Le 6 mai dernier, le journaliste avait déposé plainte auprès du ministère public de l’État d’Amazonas pour des menaces de mort que lui aurait adressées le maire, Samuel Beneguy. D’après le descriptif de la plainte, celui-ci aurait abordé le journaliste en pleine rue le jour même et lui aurait rappelé que “la mort frappe facilement en zone frontalière”. Wanderley Canuto s’est plaint par la suite de persécutions de la part de l’élu, manifestées par des confiscations régulières de mototaxis appartenant au Sindimoto. Samuel Beneguy a réfuté ces accusations.
Ce crime porte à quatre le nombre de journalistes assassinés au Brésil depuis le début de l’année, en lien apparent ou probable avec la profession [http://fr.rsf.org/bresil-mobile-a-determiner-apres-l-23-06-2011,40515.html](http://fr.rsf.org/bresil-mobile-a-determiner-apres-l-23-06-2011,40515.html).