L’auteur matériel du crime, Devaughndre Broussard, avait déjà été condamné quinze jours plus tôt à vingt-cinq ans de prison. Le témoignage de ce dernier, accablant pour les deux coaccusés, a pesé lourd dans le dernier verdict.
“C’était un journaliste de cœur”, a déclaré Robin Hardin-Bailey, veuve de la victime, citée par le Chauncey Bailey Project. “Je vous pardonne car le Chauncey Bailey que je connais, le Chauncey Bailey venu ici réparer les torts, raconter l’histoire de gens sans voix, je crois qu’il vous pardonnerait aussi”, a-t-elle ajouté à l’adresse des condamnés. Désigné comme le commanditaire du crime et inculpé d’autres homicides, Yusuf Bey IV a dénoncé un verdict “politique” et nié toute implication quand son associé Antoine Mackey est resté sans réaction.
Chauncey Bailey avait été assassiné par balles à Oakland (Californie), le 2 août 2007, alors qu’il enquêtait sur les irrégularités de fonctionnement du réseau Your Black Muslim Bakery que dirigeait Yusuf Bey IV. L’exécutant du crime, Devaughndre Broussard a soutenu devant le tribunal avoir été engagé pour la besogne par Antoine Mackey à la demande de Yusuf Bey IV.
“La manifestation de la vérité judiciaire est donc intervenue un peu plus de quatre ans après les faits, un délai supérieur à celui d’une justice raisonnable tel que le garantit pourtant la Constitution des Etats-Unis. Chauncey Bailey a donc payé de sa vie le prix de sa profession. Nous saluons à la fois sa mémoire et la dignité de ses proches. Ce verdict n’effacera malheureusement pas les multiples entraves à la justice constatées tout au long de l’affaire, et notamment celles commises par la police d’Oakland au début de l’enquête [http://fr.rsf.org/etats-unis-reporters-sans-frontieres-demande-01-08-2011,40730.html](http://fr.rsf.org/etats-unis-reporters-sans-frontieres-demande-01-08-2011,40730.html). Sur ce dernier point, justice n’a pas été rendue”, a déclaré Reporters sans frontières.