Ce 6 août, le rover Curiosity célèbre le 1er anniversaire de son arrivée sur la planète Mars. Et en 12 mois, on peut dire que le robot roulant est loin d’avoir chômé.
Le temps a passé bien vite depuis ce 6 août 2012, où nous avions suivi en direct un évènement historique : l’atterrissage de Curiosity, un robot de 900 kg sur la planète Mars. Après un peu plus de huit mois de voyage spatial, le rover était enfin arrivé à destination, sain et sauf. Le début d’une grande mission sur laquelle les scientifiques ont fondé beaucoup d’espoirs, et il semblerait qu’ils n’avaient pas tort. Aujourd’hui, 6 août 2013, est en effet venu le jour de dresser le bilan de la première année de Curiosity sur la planète rouge. Et cela se résume en quelques mots : riche en découvertes. Si le robot a mis plusieurs semaines avant de se mettre réellement en marche, le temps de quelques vérifications, il n’a ensuite pas chômé. Et les multiples analyses ont permis d’en apprendre bien davantage sur la planète dont les scientifiques essaient de percer les mystères depuis si longtemps.
Les preuves d’un ancien ruisseau
Dès le mois d’août, Curiosity a démarré les choses sérieuses en réalisant son premier relevé de température, révélant qu’il faisait plus de 0°C (précisément 2,85°C) à la surface de Mars près de lui. Une information importante alors que la dernière station météo de longue durée sur la planète remontait à 30 ans. Mais ceci n’était que le commencement. Quelques tests d’instruments plus tard, le rover a analysé en septembre sa première roche, « Jake Matijevic ». Celle-ci a alors montré une composition plus variée que ce qui avait été rencontré sur Mars. Plus inattendu encore, sa constitution s’est avérée ressembler à celles de roches terriennes issues de volcans, laissant ainsi émettre de premières hypothèses quant à son origine. A peine quelques jours plus tard, la NASA a toutefois fait une autre annonce bien plus importante : Curiosity a déniché des preuves de l’existence d’un ancien ruisseau dans la région où il roulait pour atteindre la zone appelée Glenelg. C’est la première fois qu’une telle trouvaille était faite sur Mars. D’après les informations dévoilées, les preuves en question étaient des graviers qui auraient été transportés par de l’eau dans le lit d’une rivière. Si d’autres indices d’une présence passée d’eau sur Mars avaient déjà été trouvés, jamais une preuve de ce type n’avait été dénichée. Celle-ci relançait ainsi la question : la planète Mars a t-elle un jour été habitable ? Une interrogation à laquelle Curiosity a répondu quelques mois plus tard…
La confirmation que tout le monde attendait
La découverte était d’importance bien qu’elle ait quelque peu déçu comparé à l’annonce faite par Grotzinger. Heureusement, le rover a su se rattraper au cours des mois suivants grâce notamment au premier forage d’une roche martienne, « John Klein ». Ceci a alors permis à la NASA de tirer une conclusion de taille : oui, la planète Mars a bien pu abriter de la vie par le passé. En effet, la roche s’est avérée contenir plusieurs minéraux considérés comme des ingrédients clés pour l’existence de vie. Il n’en a donc pas fallu plus à l’agence américaine pour confirmer l’habitabilité de la planète. Moins d’un an après son arrivée, Curiosity avait déjà rempli l’un des objectifs de sa mission : déterminer si Mars avait un jour pu abriter de la vie. Le rover a toutefois poursuivi son exploration et mis la main sur d’autres traces d’eau sous forme de minéraux hydratés trouvés à l’intérieur de roches martiennes au cours du mois de mars. D’autres photos ont de même, confirmé l’existence de cours d’eau sur la planète rouge tandis que de nouvelles données ont apporté encore davantage de crédit à la perte d’une partie de l’atmosphère martienne il y a plus de quatre milliards d’années. En à peine 12 mois, Curiosity a ainsi réussi à lever une bonne partie du voile qui cachait la planète tant convoitée. Pourtant, l’exploration est loin d’être finie et devrait durer au moins une année de plus pour ce rover d’un nouveau genre.
« Le temps est passé rapidement »
Au cours de cette première année, Curiosity a transmis sur la Terre plus de 190 gigabits de données, l’équivalent de 45.600 chansons stockées dans des MP3 ainsi que 36.700 images à haute définition, d’après la NASA. Mais, analyses de poudre de roche, d’échantillons de sol, d’air, l’engin a encore pas mal de pain sur la planche. D’autant plus qu’il a recommencé à se déplacer afin d’atteindre de nouvelles zones plus proches du mont Sharp (ou Aeolis Mons), le but ultime de sa mission qui culmine à 5,5 km de hauteur. Formée de couches sédimentaires érodées, la montagne montre des signes qu’elle aurait été exposée pendant longtemps à un environnement plus humide. Elle pourrait donc permettre d’en apprendre encore davantage sur l’histoire martienne. Et au vu des précédentes découvertes, les scientifiques sont plus que confiants. « Le temps est passé rapidement, mais nous sommes stupéfaits de voir tout ce nous avons été capables d’accomplir », a expliqué à SPACE.com John Grotzinger du California Institute of Technology pour qui les souvenirs et les émotions de ces 12 derniers mois restent très vifs. « En regardant en arrière, je n’arrive pas à croire que cela fait déjà un an ». Maintenant, « nous espérons que nous serons capables de conduire assez loin et assez haut pour franchir cette frontière [celle du mont Sharp] – qui sera une véritable clé pour nous », a ajouté John Grotzinger. « Nous espérons arriver à la base du Mont Sharp et entamer cette partie de la mission probablement à la fin de notre mission nominale de deux ans. Mais cela va prendre du temps d’arriver là bas », a t-il encore précisé, la montagne étant éloignée environ de 8 km de là où se trouvait Curiosity il y a peu.
Une mission qui va sans doute durer
De son côté, Charles Bolden, le patron de la NASA a estimé pour l’AFP : « les succès de Curiosity comme son amarsissage spectaculaire et ensuite ses résultats scientifiques ouvrent la voie à plus d’explorations dont l’envoi d’astronautes sur un astéroïde et Mars ». Un point confirmé par Michael Meyer, responsable scientifique des programmes martiens à la NASA : « plus nous apprenons sur Mars, plus informés nous serons pour y envoyer des astronautes ». En attendant d’entamer de nouvelles missions, l’agence spatiale a indiqué qu’elle utiliserait Curiosity tant qu’il serait viable. Aussi, le voyage du rover pourrait bien encore durer quelques années. De quoi dévoiler encore plus de mystères cachés sur la planète rouge avant que d’autres engins ne prennent le relais.