Le pont du weekend des indignés débute avec la marche du 14 juillet : départ de Belleville en passant par le Père Lachaise jusqu’ à la Bastille.
Vers 18 heures, dix fourgons et un bus de CRS attendent l’arrivée des Indignés pour les déloger. Le rassemblement sur les marches de l’opéra se voit donc empêché par les Forces de l’ordre.
Mais grâce aux négociations de la Commission Juridique, les Indignés obtiennent l’autorisation pour occuper la place se situant en face de l’opéra de Bastille et le matériel nécessaire pour les 3 jours prévus est installé.
C’est à 21h le soir que viennent s’ajouter au rassemblement les motards du FFMC avec leur stand pour ouvrir un apéro gratuit tous les vendredis soir.
Sur leur stand, Fabienne expose une pancarte « motards en colère ».
Quel est le motif de votre colère ? lui demande-t-on.
Fabienne du FFMC : Nous sommes en colère car en France, on ne nous respecte pas nos droits : Route ; Frais d’assurance ; Aire de repos,…
J- Le cliché « drogue, alcool et sexe » associé aux motards, est-il vrai ?
Fabienne du FFMC : pas forcément, il y a de tout dans le groupe, parfois à cause de quelques-uns, le groupe prend une fausse image… Il y a aussi des gens pacifiques et qui ne boivent pas. C’est cet esprit de liberté qui nous réunit.
Le bruit de toutes les motos en marche donne le signal de départ pour que la soirée commence.
Après quelques rappels lancés plusieurs fois par l’un des membres de la commission d ordre : « Il est nécessaire de modérer la consommation d’alcool, ce regroupement est non-violent », de petits groupes se constituent et une ambiance pacifique d’échanges entre amis sur la vie, les espoirs, la souffrance humaine, les difficultés … circule sur la place.
La soirée du vendredi se prolonge tard, le froid envahit le lieu et, de nouveau, les Forces de l’ordre exigent qu’aucune tente ne soit installée malgré la forte baisse des températures. L’interdiction provenant de la haute hiérarchie, selon les forces de l’ordre : empêcher toute installation permanente sur cette place.
Apres de nouvelles négociations de la Commission Juridique avec le chef de police, celui-ci fait preuve d’un peu de sens commun et les Indignés obtiennent la possibilité de s’installer avec duvets et couvertures.
Le samedi 15 juillet, la journée commence avec une présentation des différentes villes présentes (Bordeaux, Metz,…) sur place.
Des représentants internationaux (Islande, USA, Grèce) suite à l’appel réalisé ce week-end end à toutes les régions de France pour héberger pour ceux qui viennent de loin assister aux AG parisiennes.
Les échanges sont ouverts, les personnes se réunissent et partagent leurs expériences et leurs actions par exemple, réalisées dans les banques parisiennes à la Société Générale et dans une agence de la BNP : les Indignés sont entrés dans les succursales bancaires pour y danser à l’intérieur la danse grecque sirtakis, pour démontrer leur solidarité vis-à-vis du peuple grec et contre l’austérité du plan.
Au sujet de l’action sur la dette du pays, des slogans sont lancés comme:
« Nous ne sommes pas responsables de la délinquance financière ou nous ne payerons pas cette crise »
Certains employés de banque, envahis par la peur, ont essayé de boycotter la revendication pacifique.
A 20h un buffet commun est organisé grâce aux donations de certains et à la collecte d’autres et on arrive à mettre en place un repas pour tous.
Certains passants sont intrigués et s’arrêtent au passage en voyant les dessins, graffitis, avec les pancartes d’indignations ou encore la dernière création : une toilette écologique mobile.
Vers 21h, des musiciens ou artistes non connus mais pas pour autant sans talent, viennent les rejoindre : chacun apporte ce qu’il peut : une guitare, un saxophone, une sono, des CD.
Dans l’atmosphère, un air de liberté et de détente se fait sentir. Chacun y apporte son talent sans censurer celui de l’autre.
Des petits groupes de jazz se dessinent, de reggae, de rap ou encore de chansons espagnoles improvisées. On entend aussi des percussions avec les palmes des mains qui animent la soirée du samedi dans la simplicité.
Une nuit d’été en plein air ou chacun est libre d’être lui-même sans censure.
Les CRS restent sur place, quasi incorporés à l’ambiance de détente de la nuit.