Le Cameroun est à juste titre présenté comme l’un des pays durement affectés par cette maladie. D’après le ministère de la Santé publique, il constitue la première cause de morbidité dans le pays. Avec la validation des projets du Programme national de lutte contre le Paludisme (Pnlt) au round 9 du Fonds Mondial (FM), 70 milliards de FCFA seront mis à la disposition du Cameroun pour le financement des activités liées à l’éradication du paludisme. Parmi les actions préconisées, la distribution de près de 11 millions de moustiquaires imprégnées MII sur le triangle national. Suite aux dysfonctionnements observés dans la gestion des ressources au cours des cinq dernières années, le Ministre de la santé Publique et intervenants du secteur entendent baliser le chemin à parcourir.
Les Nations Unies ont reconnu que les actions menées ces dernières années au Cameroun n’étaient pas efficaces et ce, malgré les efforts entrepris par le gouvernement camerounais. En 2010, la représentante de l’UNICEF révélait que, s’étant rendue dans le Nord du pays en vue de la supervision d’un projet, elle était tombée malencontreusement sur «un foyer dont le chef de famille utilisait la Moustiquaire imprégnée d’insecticide pour confiner les abeilles qu’il cultive dans leur ruche ». Voici une parfaite illustration des dysfonctionnements observés.
Pour mettre en place un plan de distribution efficace de huit millions de moustiquaires imprégnées, trois membres du gouvernement ont récemment rassemblé autour d’eux les dix gouverneurs de région ainsi que les délégués du gouvernement auprès des Communautés urbaines de Yaoundé et Douala. Durant la deuxième quinzaine d’août 2011, 19 millions de personnes recevront les moustiquaires. Le ministère de la Santé publique a impliqué les gouverneurs de régions dans la campagne afin que ces derniers puissent s’approprier des enjeux et clés au niveau régional.
Jusqu’à présent, 2 millions de moustiquaires imprégnées ont été distribuées aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes enceintes, soit une couverture nationale de 33%. Le paludisme a reculé au Cameroun mais demeure la principale cause de mortalité. Cette maladie représente 38% des motifs de consultations, la cause de 26% des cas d’absentéisme au travail et l’origine de 40% des dépenses dans les foyers. Les moustiquaires qui seront distribuées sont à longue durée d’action de trois à cinq ans. Cette campagne vient s’ajouter aux mesures politiques prises depuis 2003 pour assurer la gratuité du traitement préventif pour les femmes enceintes dès le quatrième mois de grossesse et les enfants de moins de 5 ans dans toutes les formations sanitaires du pays.
Les agences des Nations Unies, l’OMS et l’UNICEF soutiennent sans relâche matériellement et techniquement le pays dans cette croisade et vont s’assurer que tous les biens et services prévus à cet effet parviendront réellement aux cibles visées, que les voies et moyens d’utilisation des ressources seront effectifs.
François Tekam