Plus que jamais, les organisations de défense de l’environnement et des droits humains se livrent à une course effrénée vers ces populations pygmées ; populations aux qualités exceptionnelles et dont le mode de vie est encore à l’abri des influences du modernisme.
L’exploitation forestière dans ces régions du sud et de l’est où vivent les pygmées date de plus de 50 ans. Les Pygmées pratiquent principalement la chasse et la cueillette. Ce qui veut dire qu’ils vivent grâce à la forêt, la forêt est leur mère nourricière. Contrairement à ce qu’ils ont toujours fait, les Pygmées sont de plus en plus stables dans les campements depuis plusieurs années. Lorsque ce campement est traversé des bulls d’une société forestière les conséquences sont perceptibles sur leur vie : les arbres où ils extrayaient du miel sont renversés, leurs pièges ainsi que les pistes de gibiers sont brisés. Le ruisseau dans lequel ils se ravitaillaient en eau potable devient une mare de boue. C’est pourquoi on parle aujourd’hui de village pygmée. Ils sont ainsi « déportés » et obligés à s’installer le long des pistes forestières, loin des gibiers et des fruits. Cette proximité avec ce pan du modernisme les rapproche également des agriculteurs sédentaires avec lesquels la cohabitation n’est pas toujours parfaite.
Un rapport publié en 2015 par l’ONG Survival International intitulé « progress can kill » révélait que des entreprises forestières rémunéraient les pygmées avec de la colle à sniffer. Récemment dans un autre rapport, Survival s’attaque une fois de plus à deux Organisations internationales à savoir l’ONG de droit Suisse WWF (World Wild life Fund) et l’ONG de droit américain WCS (Wildlife Conservation Society). Survival accuse ces deux organisations de violation des droits de l’homme contre les pygmées au Cameroun. Sur le terrain, ces deux ONG sont effectivement présentent dans les régions du Sud et de l’Est Cameroun. Elles interviennent aux premiers rangs des organisations qui assistent l’État du Cameroun dans la mise en œuvre des politiques nationales de gestion de la biodiversité et de la protection de la nature.
Survival dénonce le fait que des communautés pygmées du Cameroun soient obligées de quitter leurs campements à l’intérieur des aires protégées pour aller voir ailleurs. Pourtant, une disposition de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones indique dans son article 10 que « Les peuples autochtones ne peuvent être enlevés de force à leurs terres ou territoires. Aucune réinstallation ne peut avoir lieu sans le consentement préalable donné librement et en connaissance de cause des peuples autochtones concernés et un accord sur une indemnisation juste et équitable et, lorsque cela est possible, la faculté de retour ».
Le gouvernement camerounais n’est pas innocent dans cette situation parce que c’est grâce à l’appui financier des organisations indexées par Survival que le gouvernement édicte et met en pratique les lois de protection de la nature. L’une des dispositions de ces mesures législatives qui porte directement atteinte aux droits essentiels des pygmées est l’interdiction de la chasse à ces derniers. Pourtant ils doivent chasser pour vivre et nourrir leurs familles.
La loi forestière du Cameroun du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, marque le début des frustrations des pygmées. Elle dispose en son article 85 que : « Est considéré comme acte de chasse, toute action visant à poursuivre, tuer, capturer un animal sauvage ou guider des expéditions à cet effet ». les pygmées peuvent ainsi à tout moment, se voir interdire de chasser pour vivre tout type d’animal comme l’indique l’article 81 « Tout procédé de chasse, même traditionnel, de nature à compromettre la conservation de certains animaux peut être interdit ou réglementé par l’administration chargée de la faune. »
Pendant que ces gros mastodontes se battent pour le « contrôle » de ces hommes et de leurs terres, ceux-ci ne savent plus à qui faire confiance pour la défense de leurs droits ; il est de plus en plus difficile pour eux de savoir laquelle de ces ONG milite sincèrement pour leur cause. Tiraillés entre de multiples programmes d’ONG, les lois et règlements de l’État sans oublier les touristes qui ne cessent de poser à leur côté comme des objets d’art, le pygmée est « seul au monde ». Pourtant, le milieu de vie pour l’homme Pygmée c’est la forêt. Pour les aider de façon durable, il faut protéger ce milieu vital qu’est la forêt. L’exploitation de ces ressources doit être mieux organisée et ils doivent être les premiers bénéficiaires.