Plusieurs centaines de personnes venues de tous les continents ont participé au 3ème Forum Social Mondial Antinucléaire qui se déroulait à Paris du 2 au 4 novembre dernier. Echanges et débats, réflexions et analyses, sens de l’action pour libérer la planète de la dictature nucléaire ont nourrit la quarantaine d’ateliers thématiques et les trois séances plénières d’une rencontre internationale hors du commun…
Plus de 300 personnes et 60 organisations (1) venues des quatre coins de la planète se sont réunies et rencontrées à l’occasion du 3ème Forum Social Mondial Antinucléaire (FSM-AN) qui s’est déroulé cette année à Paris du 2 au 4 novembre. Pendant quatre jours les militants et activistes agissant contre le nucléaire civil et militaire ont débattu du sens de leur engagement et des meilleurs moyens à mettre en oeuvre pour abattre la domination des extrémistes nucléaristes et mettre un terme au règne de la terreur atomique.
La diversité des situations imposées par l’internationale atomiste
Grâce au syndicat « Solidaires » qui avait obtenu la jouissance des installations de la « Bourse du Travail » et à Attac qui co-organisait ce Forum, les luttes antinucléaires ont eu droit de cité au coeur même du pays le plus nucléarisé du monde par tête d’habitant. Dans les 40 ateliers qui se sont déroulés, les échanges ont montré la diversité des situations auxquelles les populations se trouvent confrontées au nucléaire et, en corolaire, les modalités multiples de luttes : pays possesseur de l’arme nucléaire telle la France, la Russie et l’Angleterre, pays accueillant sur leur territoire l’armement atomique états-uniens telle la Turquie, pays non-nucléarisés mais exposés aux activités nucléaires des pays voisins telle l’Autriche ou le Portugal, pays étant sortie du nucléaire telle l’Italie ou bien en cours de sortie telle l’Allemagne, peuples autochtones en but au pillage de leurs territoires et aux contaminations radioactives des compagnies nucléaires tels les Amérindiens du Canada ou les Nigériens, peuples autochtones affrontant la négation de leurs racines et les pollutions mortelles des essais atomiques tels les Navajo du Nouveau-Mexique, pays subissant une catastrophe nucléaire telle l’Ukraine et le Japon, pays où les nucléaristes tentent d’imposer leurs installations de mort telle l’Inde et l’Australie, pays ayant gelé leurs projets mortifères atomiques telles la Suisse et l’Espagne…
Conscience et questionnements stratégiques et tactiques
Partout sur la planète des individus qui ont fait effort de s’informer et sont devenus conscients des atteintes à la vie et des menaces de la destruction atomique se redressent et s’engagent pour en finir définitivement avec cette démoniaque invention humaine. Leurs voix sont diverses, notamment en France où le cadre de réflexion et d’actions est phagocyté par soixante années de propagande et de conditionnement pro-nucléaires déployés par l’Etat, l’armée et le lobby nucléaire. L’esprit et la pensée des populations sont ainsi loin d’être libres et critiques, à l’unisson de la plupart des partis politiques et syndicats productivistes englués dans une vision du siècle passé.
Normal dans ces conditions que les débats et rencontres de ces quatre jours à Paris aient mis en lumière les différences et questionnements parfois sans concession aucune : dans quel cadre idéologique, social et politique vivons-nous ? De quel temps disposons-nous face aux atteintes quotidiennes sanitaires et risques de catastrophe atomique ici ? Quels enseignements tirer des modes de luttes et tactiques jusqu’à présent mis en oeuvre et avec quels résultats ? L’Internationale Atomiste est-elle prête à abandonner ou partager son pouvoir de domination et comment lui tordre le bras ? De la réponse apportée dépendra donc la stratégie à développer. Celle des petits pas, de la participation aux institutions mises en place par le lobby nucléaire et de conquête du pouvoir d’Etat et des institutions ou bien celle de la cohérence intellectuelle et d’actions sans concession face au danger immédiat ?
Quel est l’objectif essentiel pour en finir avec le nucléaire ? : Rassembler le plus grand nombre de gens progressivement ou bien agir immédiatement et sans concession avec le nombre existant dès à présent ? S’allier préalablement avec le mouvement social voire les partis politiques pour être plus efficace et à quelles conditions d’indépendance et d’édulcoration de l’objectif ou bien être à l’initiative et s’unir sur le terrain lors d’actions concrètes contre la monstruosité atomique civile et militaire ?
Pour certains il est préférable de faire l’impasse sur ces analyses et questions et d’acter de la diversité des modes d’actions et de positionnements pour tendre à l’unité du mouvement antinucléaire, pour d’autres c’est de la clarté et justesse de ces analyses et de l’appréciation sur la nature oppressive et coercitive d’un système que dépend un objectif clair, la tactique et des actions efficaces. Les uns et les autres étant confrontés à une interrogation lancinante : qu’est-ce que la non-violence antinucléaire ? jusqu’où va-t’elle et à quel moment elle devient soit collaboration avec l’ennemi soit radicalité multi-formes y compris taxée par les dominants de « violence » ?
Un temps de constats, un tremplin pour demain
Au terme de ces journées où ont été partagées les pratiques d’actions et explicités les projets fous du lobby nucléaire, les nombreux contacts noués ont conduit les participants à acter de leur volonté commune de renforcer leur efficacité en créant un réseau européen et mondial antinucléaire. Un gage d’union humaniste par delà les mers et les océans, une possibilité d’actions synchronisées internationalement.
Fondamentalement attachés à ne pas reproduire un système pyramidal dominant et d’abandon de son pouvoir d’être humain singulier, soucieux que l’horizontalité favorise l’initiative individuelle et collective, impliqués à promouvoir une intelligence collective face aux experts autoproclamés : les participants au Forum devront préciser sans tarder les contours et modalité d’organisation de ces « reliances » entre activistes de tous les continents.
Le temps de l’action pour sauver les peuples et la planète
Alors que l’industrie du nucléaire n’en finit pas de se déliter et que les peuples s’opposent de plus en plus fermement à l’armement nucléaire, l’initiative et la dynamique se trouvent donc dans le camp des amoureux de la vie et des antinucléaires. A chacun et chacune d’y prendre sa place et de se réapproprier la possibilité de changer l’ordre dominant et oppressif de l’atome militaire et dit-civil. Sans attendre, nous n’avons par la durée devant nous car les malades et les morts victimes de la radioactivité augmentent jour après jour et que l’explosion finale n’est plus un mirage.
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Le prochain FSM antinucléaire devrait se tenir à Madrid en Espagne en 2019. Il n’y a pas d’adhésion officielle. Simplement une implication en participant au comité de facilitation ou en proposant un atelier.
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(1) Campus Cordoba Right Livelihood College (RLC), Agir pour la Paix (Belgique), Anti-nuclear Alliance of western Australia (Anawa), Atomwaffenfrei (Allemagne), Beyond Nuclear (USA), Contratom-Genève (Suisse), Dialogue and Resources on nuclear – Nature and society (Inde), Ecoclub Rivne (Ukraine), Greenpeace (Russie), Movimiento Iberico Antinuclear (Espagne), Nukleesiz (Turquie), Ploughshares (Grande-Bretagne), Women Against Nuclear Power Women for Peace (Finlande), International Physicians for the Prevention of Nuclear War (IPPNW), Radiation Monitoring Project (USA), Conseil Traditionnel Mowack (Canada), Russian Social Ecological Union Radwaste Program (Russie), Stop Hinkley (UK), Network for Inking of exposed work in Japan NTEWJ (Japon), Ecohome (Biélorussie), Fondation pour la protection de l’environnement FUNAM (Argentine), The 4th Block (Ukraine), Trident (UK), SDN Suisse Romande (Suisse), Nuclear Heritage Network (Allemagne), Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, Fin du Nucléaire (Belgique), Ox Nuclear (Brésil), International Campaign to Abolish Nucear Weapons ICAN (France), Assemblée des Citoyens du Monde (France), Independant Who (France), Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire ACDN (France), ADEROC et Décroissance idf, Arrêt du Nucléaire (France), ADN19 Corrèze (France), ADN Savoie (France), Attac (France), Collectif contre l’Ordre Atomique CCOA (France), CRIIRAD (France), Enfants de Tchernobyl-Belarus (France), France Nature Environnement (France), Mouvement Contre le Crime Atomique MCCA (France), Global Chance (France), Mouvement Utopia (France), Observatoire des Armements (France), Stop-Fessenheim (France), Centre International de Droit Comparé de l’Environnement CIDCE (France),Coordination Antinucléaire du Sud-Est CAN-SE (France), RSN national et RSN Loire-Vienne (France), Collectif Antinucléaire de Vaucluse CAN84 (France), ADN Lot (France), Collectif Mines d’Uranium (France), Echo-Echange (France), Laboratoire d’Artistes Créatifs Engagés et Sympathiques LACES (France), Reaction en chaîne humaine RECH (France), Nah-Hagues (France), Abolition des armes nucléaires Maison de la vigilance (France), Comité de Réflexion d’information et de lutte antinucléaire CRILAN (France), Collectif anti-Bure (France), Coordination antinucléaire Ouest CAN-Ouest (France), et des dizaines d’autres collectifs et associations locales.