A Ordos, en Chine, s’est tenue du 6 au 16 août la COP 13, 13e réunion des parties de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Ce phénomène, moins médiatisé que le climat, touche pourtant plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde.
En 1992, suite au Sommet de l’environnement à Rio au Brésil, trois conventions historiques sont établies par les Nations Unies. Ces conventions portent sur des thématiques clefs pour l’environnement :
- la diversité biologique,
- les changements climatiques (texte qui donna notamment lieu à la COP21 à Paris),
- et la lutte contre la désertification.
Chaque année, on estime que 12 millions d’hectares de terres arables disparaissent, principalement sur les continents africain et asiatique. Contrairement aux idées reçues, la désertification ne correspond pas à l’avancée du désert mais à une véritable dégradation des terres. Tout commence par l’altération de la végétation. Les racines disparaissent, les sols sont de moins moins aérés, deviennent moins poreux. L’eau de pluie, plutôt que de s’infiltrer, ruisselle sur un sol compact. Une modification du régime hydrique et des échanges avec l’atmosphère s’opère peu à peu. Le sol ne bénéficie plus de la protection de la couverture végétale et subi l’action mécanique des précipitations et du vent, venant accentuer l’érosion.
Ce processus de dégradation des terres est provoqué par les variations climatiques mais principalement par les activités humaines. Des pratiques inadaptées et néfastes comme le surpâturage, le déboisement, les technique agricoles déraisonnées (monoculture), les cultures inadaptées au milieu, l’extension urbaine, sont autant de sources de pression exercées sur les ressources naturelles renouvelables. Celles-ci, surexploitées, sont alors en incapacité de se régénérer.
Véritable cercle vicieux, cette destruction progressive du sol s’accompagne d’une baisse de sa fertilité. La désertification engendre régulièrement des conséquences dramatiques pour les populations. L’appauvrissement des terres et le manque d’eau entraine une diminution de la production agricole. Or, la majorité des populations vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde survit grâce à l’agriculture, qu’il s’agisse de cultures vivrières ou destinées au commerce. Populations vulnérables à la variabilité climatique et à celle des prix agricoles, leur marge d’adaptation est plus qu’étroite. Face à la pauvreté, à l’insécurité alimentaire et au manque de ressources en eau, les tensions sociales s’exacerbent. La migration devient parfois la dernière solution envisageable.
Le sujet de la désertification est souvent étudié via l’angle « sol ». Pourtant, le cycle de l’eau tient un rôle prépondérant dans le processus de désertification. Sa prise en compte est essentielle pour aboutir à des solutions durables. La végétation d’un territoire entretient les échanges hydriques entre ciel et terre à travers l’évapotranspiration des végétaux, processus essentiel pour que la pluie tombe localement. Les racines de ces arbres vont de leur côté maintenir le sol et permettre à l’eau de pluie de s’infiltrer pour être stockée.
Les derniers rapports du GIEC prévoient une recrudescence des sécheresses et une progression de la désertification. Or, les sécheresses, une insuffisance de pluie, participent à la désertification et l’accélèrent. Améliorer la gestion de l’eau de pluie fait partie des facteurs limitant la désertification. Il est plus économique d’investir dans la prévention de la désertification plutôt que de tenter de remettre en état des sols déjà fortement dégradés et dont la constitution a pris auparavant des milliers d’années.
Les enjeux locaux se répercutent à l’échelle internationale, c’est pourquoi l’ONU a choisi en 1992 de faire de la lutte contre la désertification l’un de ces axes d’action. Les Nations Unies ont depuis développé les Objectifs du Développement Durable parmi lesquels l’Objectif 15 vise à « Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité ». Cet objectif de lutte contre la désertification nécessite d’être décliné à toute les échelles territoriales, de la parcelle à la région agricole, comme les échelles décisionnelles, de la famille aux sphères onusiennes. Les véritables solutions ne pourront être que transversales, multidisciplinaires et adaptées au local, incluant aussi bien les savoirs traditionnels que les apprentissages scientifiques récents.
France Libertés soutient les projets luttant contre la dégradation des terres grâce à la restauration du cycle de l’eau. De nombreuses initiatives locales dans le monde mériteraient d’être connues et dupliquées ailleurs. France Libertés présente dans son Plaidoyer Eau et Climat (qui fait depuis peu l’objet d’un web documentaire, outil participatif et instructif) le mouvement de la ceinture verte. Il s’agit d’un projet majeur et symbolique de lutte contre la désertification. Cette barrière de végétation, initiée par la biologiste et Prix Nobel de la Paix (2004) Wangari Maathaï, traverse l’Afrique d’est en ouest pour atténuer la désertification.
La diffusion de ces alternatives locales dépend grandement de l’environnement dans lequel elles évoluent. Le droit d’accès à l’eau, à la terre, la paix et la sécurité sont essentiels pour soutenir, valoriser et déployer de telles solutions contre la désertification. Ban Ki Moon, ancien secrétaire général de l’ONU, souligne d’ailleurs l’importance de garantir les droits des populations et protéger chaque hectare pouvant receler de l’eau douce.