Amnesty International déclare que les autorités zambiennes doivent libérer immédiatement deux jeunes hommes qui se sont vus refuser leur mise en liberté sous caution après avoir été arrêtés pour avoir fait l’amour « contre les lois de la nature ».
Selon les médias du pays, la police de Kapiri Mposhi, au centre du Zambie, a arrêté lundi Phil Mubiana et James Mwansa, tous deux âgés de 21 ans, dans le village de Ndeke. Certaines sources ont indiqué à Amnesty International que l’un des voisins du jeune homme les aurait dénoncés à la police, les faisant ainsi arrêter pour homosexualité présumée. L’homosexualité est en effet considérée comme un crime dans le code pénal zambien.
« L’arrestation de ces deux hommes pour leur orientation sexuelle, réelle ou présumée, est une discrimination et une violation de leurs droits à la liberté de conscience, d’expression et d’intimité. Les lois qui rendent criminelles l’homosexualité et l’identité des genres rendent également criminel l’exercice légitime des droits de l’Homme, qui sont protégés par des traités ratifiés par le Zambie. C’est le cas du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques et de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples », reporte Simeon Mawanza, chercheur chez Amnesty International au Zambie.
Selon des sources d’Amnesty International, les deux hommes ont un niveau d’éducation bas et une pauvre compréhension du système légal zambien ou de leurs droits personnels. Les autorités auraient soumis les hommes à un examen anal sans leur consentement, et les auraient obligés à faire des aveux pour accélérer le procès.
« L’examen anal qui a été pratiqué pour prouver la conduite homosexuelle est scientifiquement invalidé. Par ailleurs, s’il a été effectué sans l’accord des deux hommes, il enfreint l’interdiction absolue de torture, de traitement cruel, inhumain et dégradant, ou de punition prévue par les lois internationales », continue Simeon Mawanza.
« Un tel examen est hautement invasif, abusif, et profondément humiliant. De plus, les médecins qui effectuent ces examens, par la force, violent leurs obligations éthiques envers les gens qu’ils examinent. Toute personne qui aurait subi de tels abus devrait avoir le droit de recevoir un recours approprié et devrait être protégée de tout autre mauvais traitement ».
Les deux hommes auraient été arrêtés une première fois le 25 avril 2013 et détenus au poste de police de Kapiri Mposhi. La police les aurait relâchés sous caution le 2 mai.
Depuis qu’ils sont à nouveau détenus, les deux jeunes hommes ont le droit de voir un avocat, et ils ont plaidé non coupable aux charges retenues contre eux. Ils se trouvent à la prison de Mpima Remand et devraient être jugés avant le 22 mai.
Il est fort à parier qu’ils aient été détenus dans une cellule surpeuplée à Kapiri Mposhi et qu’on leur ait refusé tout accès à l’eau et à la nourriture pendant environ 12 heures.
« Amnesty International considère l’emprisonnement d’individus pour leur seule sexualité privée comme des prisonniers de conscience, et ils appellent à leur libération immédiate et sans conditions », rapporte Simeon Mawanza.
Cette arrestation à Kapiri Mposhi est le deuxième exemple récent d’arrestation menée par les autorités zambiennes pour supprimer les minorités sexuelles et leurs soutiens.
Le mois dernier, à Lusaka, un activiste des Droits de l’Homme a été arrêté après avoir soutenu ouvertement à la télévision les droits des LGBTI. Il a été mis en liberté sous caution.
Traduction de l’anglais : Frédérique Drouet