La créativité contemporaine s’illustre aujourd’hui sans aucun doute par cette littérature multiple. Comme rappelait Romuald Fonkoua lors du débat proposé par la Revue Jeune Afrique, l’Afrique est multiple, libre et ouverte sur le futur. La langue française comme « langue du colonisateur », c’est dépassé. Aujourd’hui, le français est langue de lecture accessible à tout francophone.
Héritière des Aimé Césaire et Léopold Senghor, Fatou Diome à son tour dénonce l’attente du lecteur occidental, cherchant dans la littérature africaine un exotisme d’une autre époque. Héritière des Aimé Césaire et Senghor, elle se différencie de leur combat : « à chaque époque son combat ». Aujourd’hui, elle s’identifie aux combats des femmes iraniennes, égyptienne, françaises…
Tanella Boni, philosophe et écrivaine ivoirienne, interroge la société africaine et défend en particulier la dignité de la personne humaine. Elle nous parle d’une philosophie ancrée dans la vie quotidienne et dont l’impact ne se limite pas uniquement au monde académique.
Elle situe pour nous l’amour en tant qu’essence dans la vie de chacun.
D’amour heureux ou d’amour manqué, cet amour qui fait partie de la vie quotidienne, ce sont les thèmes qui habitent son nouveau livre: » les baigneurs du lac Rose ».
Son intérêt pour l’écriture, elle le traduit ainsi *« faire tilt dans les yeux d’un jeune qui se demande pourquoi il appartient à ce continent. Voilà le sens d’une rencontre entre un écrivain et un public de jeunes, sur ce continent. Notre place est ici. Dans ces interstices. Dans ces marges brouillées où prennent place la peur et l’angoisse ; quand il n’y a plus de repères et que les valeurs ne sont plus ce qu’elles étaient. (…) »*
Enseignant, Ernest Pépin est fier de son rôle: former d’autres êtres humains. Ecrivain créole, conférencier et poète, nous avons découvert cet homme érudit qui marque la littérature caribéenne par sa façon moderne d’aborder cette identité issue de multiples cultures.
Avec sa plume, il montre et démontre que la conception de la créolité est bien trop importante pour se replier sur elle-même.
Né en 1950 au Lamentin (Guadeloupe), Ernest Pépin est l’auteur d’ œuvres poétiques et romanesques qui sonde avec bonheur la complexité de la réalité de la Caraïbe. Il est l’une des figures majeures de la littérature caribéenne.
Durant une conférence il explore le concept de « négrité », qu’il décrit comme « une postulation irritée de la fraternité », après la « négritude » de Aimé Césaire. Ses modèles ? Martin Luther King, Mandela ou encore Gandhi.
Il explique l’amour comme étant la colonne vertébrale de toute sa littérature, de la priorité dans sa vie.
Il observe la force de l’amour des opprimés partagés entre eux, nourriture spirituelle et source d’équilibre, de paix retrouvée. Les opprimés peuvent pardonner à leurs oppresseurs.
Son regard sur le monde actuel est triste : « notre monde », confie-t-il « est en train de vivre une régression, due à la perte de valeurs fondamentales ».
L’argent est devenu un besoin, pour se transformer en une barbarie sophistiquée lorsqu’il occupe la place de l’être humain.
Le futur, l’espoir passe par l’éducation. Pour lui, c’est au travers de l’éducation que l’homme peut se former aux valeurs, aux autres. La diversité pour lui, c’est pouvoir comprendre les autres avec tolérance, sans aucun type de hiérarchie, sans vouloir en savoir plus que les autres, tout en élevant les corps vers une humanité supérieure.
Une de ses dernières œuvres: Toxic Island Il nous présente la face la plus complexe du pays, qui serait entré dans la modernité en faisant table rase de son histoire et de son passé, et qui, lors d’explosions de violence, de façon sporadique, appelle au questionnement mais retombe aussitôt après dans l’oubli…
et justement, n’oublions pas de mentionner Nimrod « L’or des rivières » (Actes Sud)
Nafissatou Dia Diouf «Cirque de Missira et autres nouvelles » (Présence Africaine)
Romuald Fonkoua , directeur de la revue « Présence Africaine »
Moussa Konaté, «Les enquêtes du commissaire Habib» (Fayard)