Animée par Anaïs Lefrère et Giovanna Costanza du CIRE (Coordination des Initiatives pour les Réfugiés et Emigrés) cette conférence-débat nous invite à comprendre pourquoi l’Union Européenne a intérêt à propager une peur de « l’invasion » lorsqu’on parle des réfugiés.
Une tente jaune sous laquelle une septantaine de jeunes et moins jeunes se retrouvent, attentifs, concernés, participatifs. La diffusion est prioritaire ! Zin TV, la télévision bruxelloise*, propose de suivre le débat en live streaming. Quelques vidéos percutantes de Data Gueule illustrent le propos**.
Beaucoup d’idées reçues sont fausses ! Avec quelques chiffres réels, on se rend vite compte de la manipulation de l’information. Des murs s’érigent, dénoncent les intervenantes, jusque dans nos têtes !
Qu’est-ce qu’un migrant ? C’est celui qui quitte sa région ; le plus souvent à l’intérieur d’une même région, d’un même pays. Il peut donc être migrant interne ou externe. Donc, il n’y a pas uniquement des migrants économiques.
Et le demandeur d’asile ? Fuyant son pays, il demande une protection internationale, le statut de réfugié. Pendant la procédure, il est « demandeur d’asile ».
Qui accueille les réfugiés ? En toute grande majorité, ce sont les pays limitrophes aux zones de conflit qui accueillent les réfugiés.
En Belgique en 2016, il y a eu 2 demandeur d’asile pour 10.000 habitants !!! On ne peut pas vraiment parler d’invasion !!!
Et pourtant, la volonté de l’Europe est de durcir les lois.
L’Union Européenne met en place ce qu’on appelle « l’externalisation », garder les réfugiés à l’extérieur de l’Europe et ainsi, ne pas devoir respecter les accords de Genève (tout citoyen a droit à introduire une demande d’asile). L’Europe forteresse a mis en effet des murs et des barbelés partout. Le problème : les migrants arrivent de toute façon, mais en prenant de plus en plus le risque de perdre leur vie.
Dans cette même perspective, l’Europe veut utiliser les pays tiers comme gendarmes de l’Europe. En 2004, l’Union Européenne a créé Frontex, organe de surveillance de la coopération et de la migration. En 2013 Eurosur s’ajoute au système de surveillance, cette fois, avec drones. Des millions sont dépensés et des accords sont négociés avec ces pays qui « acceptent » de garder les réfugiés dans leurs frontières.
Qu’est-ce qu’un « pays sur » ? C’est un système inventé par l’Europe qui permet de renvoyer le demandeur vers le pays d’origine. Evidemment, ce sont les officiels du pays d’accueil qui déterminent le degré de sécurité du pays; Léo Vrancken, ministre de l’Intérieur belge, propose de systématiser ce système et ainsi, que les demandes de visa se passent uniquement dans les ambassades des pays d’origine.
La dernière astuce proposée : les pactes migratoires. Il s’agit d’un contrat fait soit entre Etats soit entre l’UE et un Etat. Avec l’argent destiné à l’aide publique au développement, l’Europe aide le pays contracté pour consolider ses frontières, ou faciliter l’accès à l’Europe, comme dans le cas de la Turquie (pays reconnu comme « sur »).
Connaissez-vous les « Hot Spot » ? Ce terme venu du monde policier représente des centres de tri et de sélection des personnes. Depuis 2015, ce dispositif « d’aide immédiate des pays en première ligne » propose en effet d’utiliser la police contre « l’ennemi qui nous menace ». Gérés par Frontex, Europol et Eurojust, ces centres sont mis en place en Italie et en Grèce, à l’abri de toute loi de protection des personnes.
On va trier les « bons » migrants des « mauvais », c’est-à-dire économiques.
Plus que jamais, où que nous soyons, nous pouvons agir. Soit pour diffuser l’information réelle, soit au niveau de notre commune, à travers des aides dans le quotidien des réfugiés.
Une grande campagne pour la justice migratoire est organisée avec de nombreuses associations. Une manifestation euro-africaine est prévue pour le 13 décembre prochain à Bruxelles. Informez-vous !
Pour en savoir plus : https://www.cire.be
* Zin TV https://www.zintv.org
** Data Gueule, web série : https://youtu.be/KiGiupc3VwA