Un accord de libre échange majeur, de nouvelle génération, couvrant presque un tiers du PIB mondial, négocié en notre nom dans l’opacité la plus totale et au bénéfice des multinationales, cela vous rappelle quelque chose ?
Non, le TAFTA n’est pas (encore) de retour. Il est ici question de l’accord de libre échange EU-Japon, JEFTA (pour « Japan-Europe Free Trade Agreement »), dont les négociations durent depuis 4 ans et dont la conclusion pourrait advenir avant la fin 2017.
En mars, une série de fuites a mis au jour tous les ingrédients d’une recette bien connue, la même que celle du TAFTA et du CETA : libéralisation de l’agriculture, des services, coopération réglementaire, chapitre investissement contenant une justice parallèle pour les multinationales et chapitre développement durable inutile.
Les négociations portent également sur d’autres thèmes sensibles, y compris les services financiers, la propriété intellectuelle et la protection des données personnelles.
Un accord à tout prix ?
Avec l’effondrement de l’accord de libre-échange transpacifique (TPP) [1] , le gouvernement très à droite de Shinzo Abe compte sur l’accord EU-Japon pour obtenir des « résultats ». De son côté, la Commission européenne, ne souhaite pas réitérer l’expérience des négociations sur le TAFTA qui ont connu des premiers blocages en raison de la prise de conscience et des pressions exercées par la société civile. Désormais, la Commission souhaite avancer rapidement et espère conclure ces négociations avec le Japon au plus vite.
Malgré cet alignement des volontés, la presse spécialisée témoigne de plusieurs points de blocage : agriculture, coopération réglementaire, investissement et libéralisation du marché japonais du rail.
Si les détails de l’accord et des blocages restent obscurs, il est clair que JEFTA sous sa forme actuelle contient toutes les dispositions inacceptables pour le mouvement engagé contre les traités en faveur des multinationales.
La résistance s’organise.
Au Japon comme en Europe les organisations de la société civile s’organisent pour se lancer dans une nouvelle bataille cruciale.
Le 21 mars, 40 organisations (dont l’Aitec et Attac) ont publié une déclaration commune demandant la publication du mandat de négociation, la publication de tous les textes consolidés, et l’assurance que l’intérêt des peuples et de la planète prime sur ceux des multinationales.
Affaire à suivre..
Pour aller plus loin
- Secretive EU-Japan trade deal to be finalised away from public eye, Seattle to Brussels (anglais)
- Après la saga du Ceta, un nouveau front avec le Japon, Le Soir Plus
- Après le CETA, Bruxelles mise sur un traité de libre-échange avec le Japon, Mediapart
- Japan – Trade – European Commission (anglais)