Il faut libérer immédiatement et sans condition les centaines de personnes arrêtées en Arabie saoudite à la suite d’une manifestation contre le maintien en détention de certains de leurs proches sans inculpation ni jugement, a déclaré Amnesty International vendredi 1er mars.
Il faut libérer immédiatement et sans condition les centaines de personnes arrêtées en Arabie saoudite à la suite d’une manifestation contre le maintien en détention de certains de leurs proches sans inculpation ni jugement, a déclaré Amnesty International vendredi 1er mars.
Au moins 176 hommes et femmes ont été appréhendés très tôt le 1er mars après avoir organisé une action de protestation devant le Bureau des enquêtes et des poursuites du ministère public de Buraida, une ville située dans la province de Qasim, au nord de Riyadh, la capitale.
Ils réclamaient la remise en liberté de plus de 50 femmes et enfants, eux-mêmes incarcérés depuis le 27 février pour avoir participé à une autre manifestation pacifique contre le maintien en détention de membres de leur famille.
Selon certaines informations, les personnes arrêtées le matin du 1er mars ont été transférées dans une prison de Tarfiyah, à l’est de Buraida, tandis que celles qui l’ont été le 27 février se trouvent toujours à la prison centrale de Buraida. Elles sont privées de tout contact avec l’extérieur.
« La manière dont les autorités saoudiennes jouent au chat et à la souris est tout simplement inacceptable », a dénoncé Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Au lieu de persécuter ces manifestants pacifiques, les autorités saoudiennes devraient écouter leurs revendications et libérer toutes les personnes détenues simplement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. »
Les femmes et les enfants incarcérés depuis le 27 février réclamaient la libération de membres de leur famille, maintenus en détention sans inculpation ni procès ou au-delà de la fin de leur peine. Certaines de ces femmes demandaient par ailleurs le limogeage du ministre de l’Intérieur.
Une des femmes appréhendées, Rima al Jeraish, est actuellement hospitalisée après avoir semble-t-il été frappée par des gardiennes de prison qui ont essayé de la forcer à enlever tous ses vêtements pour qu’elle subisse une fouille.
D’après certaines informations reçues par Amnesty International, elle a perdu connaissance après que sa tête eut heurté un mur, et présente une fracture au bras et des hématomes sur tout le corps.
En Arabie saoudite, les manifestations sont interdites et les critiques visant le régime ne sont pas tolérées.
Cependant, depuis 2011, des manifestations sont organisées de plus en plus fréquemment dans différentes villes du pays par des proches de personnes détenues sans inculpation ni jugement.
« Rien ne justifie le maintien de l’interdiction de longue date concernant les manifestations en Arabie saoudite. Les autorités doivent respecter le droit à la liberté de réunion pacifique et relâcher les manifestants immédiatement et sans condition », a déclaré Philip Luther.
Ceux qui dénigrent le gouvernement sont souvent détenus au secret sans inculpation, parfois à l’isolement, et ne peuvent pas bénéficier de l’assistance d’un avocat ou des tribunaux pour contester la légalité de leur détention.
La torture ou d’autres mauvais traitements sont fréquemment utilisés pour extorquer des « aveux » aux détenus, pour les punir d’avoir refusé de se « repentir » ou pour les forcer à s’engager à ne plus critiquer le gouvernement.
Quand les autorités inculpent quelqu’un, les chefs d’accusation sont parfois formulés de manière vague et recouvrent des comportements qui ne devraient pas être érigés en infraction, comme la « désobéissance au dirigeant ». Les prévenus sont généralement privés de leur droit d’être assistés par un avocat et, dans de nombreux cas, leur famille et eux-mêmes ne sont pas informés de l’évolution des procédures dont ils font l’objet. De plus, les audiences se déroulent souvent à huis clos.
Les autorités policières de la province de Qasim ont diffusé un communiqué vendredi 1er mars confirmant que 161 hommes et 15 femmes avaient été arrêtés tôt le matin pour avoir participé à un rassemblement illégal, et réaffirmant qu’elles feraient preuve de fermeté à l’égard de tous ceux qui bravent l’interdiction relative aux rassemblement, défilés et sit-ins. Elles ont ajouté qu’elles avaient effectivement arrêté six mineurs mais cherchaient désormais à les remettre à leur famille.