La recapitalisation des banques grecques annoncée le 27 décembre pourrait coûter jusqu’à 50 milliards d’euros. C’est autant d’argent qui, au lieu d’augmenter le service de la dette, pourrait être injecté dans l’économie réelle via le revenu de base.
Pourquoi financer des banques moribondes au lieu de venir en aide aux citoyens grecs?
La Banque centrale grecque vient d’annoncer le coût de la recapitalisation des banques grecques: 27,5 milliards d’euros rien que pour les 4 banques principales, et 40 milliards au total. Un chiffre qui pourrait même atteindre 50 milliards, admet la banque centrale. Soit tout de même environ 20% du PIB de la Grèce.
Quelle arnaque, n’est-ce pas? Et bien en fait, c’est génial : par l’absurdité de leurs actions, les banquiers fournissent la meilleure preuve possible au raisonnement que je développe depuis quelques mois, selon lequel un revenu de base est parfaitement finançable, même dans un pays à la dérive comme la Grèce.
Faisons un calcul simple : étant donné qu’il y a environ 10,7 millions d’habitants en Grèce, et 12 mois dans l’année, cela veut dire que les ploutocrates vont dépenser exactement 315 euros par mois et par citoyen, simplement pour empêcher les banques de faire faillite.
Mais surtout, cela veut également dire qu’au lieu de donner cet argent aux banquiers corrompus, on pourrait donner à chaque citoyen vivant en Grèce un revenu de base mensuel de 315 euros. Je répète: 315 € à chaque citoyen résidant en Grèce, dont les enfants et les retraités, sans aucune forme de bureaucratie, sans condition.
Au lieu de donner de l’argent gratuitement aux banquiers, nos dirigeants pourraient parfaitement stimuler l’économie réelle grâce à des transferts directs d’argent au profit des citoyens, qui sont à la fois les premières victimes de la crise mais aussi les premiers à pouvoir changer quelque chose dans leur pays (puisque les politiciens ne le peuvent apparemment pas sans détériorer la situation à tout point de vue).
Jeter l’argent par les fenêtres
Certains objecteront que la recapitalisation des banques va les rendre plus fortes, leur permettant ainsi de prêter à nouveau et d’injecter cet argent dans l’économie. Cet argument est à tout le moins faux en grande partie, s’il ne tient pas de la mascarade.
Souvenons-nous que les banques grecques comptent principalement sur les fonds monétaires de la Banque centrale grecque, à travers le système de la « provision de liquidité d’urgence » (emergency liquidity assistance – ELA – en anglais). À fin novembre, ces opérations spéciales et quasi-secrètes ont atteint 123 milliards d’euros (voir le graphique ci-dessous).
Les banques grecques sont des zombies
Donc, en gros, tout comme en Irlande il y a quelques mois, dès que les banques vont recevoir l’argent, il va aller directement au remboursement des ELA, et donc pas à l’émission de nouveaux crédits dans l’économie réelle, comme certains économistes le prétendent. Ensuite, la Banque de Grèce va quant à elle simplement effacer cette ligne de crédit exceptionnelle, et continuer à faire comme si de rien n’était. Business as usual, comme on dit.
Je vous ai perdus en cours de route ? Il vous suffit de comprendre ce simple fait : les banques grecques sont des zombies. Elles sont mortes financièrement mais on les maintient en vie artificiellement pour maintenir l’illusion que le système est sauf. Leur donner de l’argent ne servira qu’à réduire la taille du gros trou noir qu’a créé la BCE en laissant la Banque de Grèce utiliser sa baguette magique. En fait, recapitaliser les banques grecques revient à détruire de l’argent.
Donc, plutôt que perdurer dans le mensonge, il serait temps d’assumer le fait que la banque centrale imprime actuellement de l’argent pour sauver une poignée de banquiers privilégiés. Et de passer à l’étape suivante : faire la même chose… pour tout le monde.
Ironie du sort, le revenu de base n’a finalement pas l’air si coûteux au regard des erreurs très onéreuses commises par ceux qui l’empêchent de voir le jour !
Article initialement publié en anglais sur le blog Boiling Frogs.
Traduction de Marie-Laure Le Guen.