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Des protestations contre la violence sexuelle ont lieu depuis trois jours à Delhi. Le lieu de rencontre avait été modifié, pour passer des environs de India Gate-Rajpath à Jantar Mantar. Malgré la décision prise par le gouvernement de fermer des stations de métro dans le centre de New Delhi (entre Rajiv Chowk et Khan Market) pour que Vladimir Poutine ne soit pas embêté par d’éventuels protestants contre le viol alors qu’il vendait du gaz et des armes, une foule de jeunes femmes et hommes ont réussi à se frayer un chemin jusqu’à Jantar Mantar.

Yamraj, Dieu de la mort, qui est très demandé dernièrement, se trouvait parmi eux. Il s’est présenté coiffé d’un casque à cornes et portant une affiche disant qu’il voulait personnellement pendre les violeurs. Il fut confronté à plusieurs jeunes femmes et hommes protestant contre le viol, mais exprimant clairement leur opinion contre la peine de mort. Il était donc confus. Était-il à la bonne manifestation ? Après avoir écouté attentivement ceux qui était en colère mais non assoiffés de sang, il changea également d’opinion, déchira son affiche et devint un activiste anti peine de mort.

La manifestation était complètement pacifique, non-agressive et représentait une possibilité d’émettre grand nombre de points de vue. Un large éventail de groupes, d’identités, d’intérêts, d’initiatives et d’organisations était présent et aucun ne prenait le dessus. Aucun n’essayait d’imposer un ordre du jour. Les slogans les plus intéressants étaient des reprises du mouvement féministe :

« Bus mein chahiye Azadi, Dafter mein chahiye Azadi, Sadkon mein chahiye Azadi, Gharon mein chahiyen Azad, Din ko lenge Azadi, aur Raat ko lenge, Azadi … (liberté dans les bus, liberté au travail, liberté à la maison, liberté dans la rue, liberté le jour, liberté la nuit.) »

C’était une nouvelle génération de jeunes femmes, et hommes, qui découvrait à nouveau l’héritage du féminisme dans les rues de Delhi. Le captant dans l’air ambiant, le faisant leur. Dans leurs voix, j’ai entendu les échos à la fois de leurs prédécesseurs féministes et de leurs pairs au Kachmir. Ces derniers avaient fait résonner dans l’air de Srinagar une rythmique syncopée sur qui ils étaient (« Hum Kya Chahtey » – « Que voulons-nous ») et ce qu’ils voulaient (« Azaadi » – « La liberté »).

Les manifestants se sont exprimés contre la politique moraliste et les attitudes condescendantes des politiciens et de l’administration. Plusieurs femmes présentes se sont exprimées en public pour dire qu’elles porteraient ce qu’elles souhaitaient porter, qu’elles iraient là où elles souhaitaient aller et quand elles le souhaitaient, car cette ville est la leur et que personne ne devait leur dire quoi faire. Beaucoup ont souligné le fait que le gouvernement n’avait rien à décider sur la fermeture des transports en commun. Les gens ont demandé de meilleurs éclairages dans les rues, de meilleurs moyens de transport, des environnements de travail, d’études et de vie publique plus sûrs et non-sexistes.

Traduction de l’anglais : Frédérique Drouet