Par: Catherine Fuhg Opinion Internationale
La pensée positive à l’échelle de la société. Rien n’est immuable, heureusement. Mais il est souvent difficile de pointer le moment où le changement, c’est maintenant. Les éléments se déplacent, un à un, lentement, en entraînent d’autres dans leur sillage et, imperceptiblement, transforment le paysage. Enfin, soudain, on le voit, car il est advenu. C’est magique, le changement. Un peu comme le printemps.
Aujourd’hui, notre monde est en révolution. Une révolution profonde. Révolution d’amour. Oui, j’ose écrire ces mots. Au risque de paraître gnangnan, cucul, bêbête, que sais-je ? Et tant qu’on en est aux aveux, je ne déteste pas les films hollywoodiens où tout se termine bien, ni ne méprise les Ricains qui seraient tous des crétins. Bien sûr l’amour d’outre-Atlantique, avec demande en mariage, diamant de fiançailles et pièce montée à la clé, manque du panache des passions qui déchirent, qui dévorent ou, mieux encore, qui tuent, dont notre cinéma intelligent se repaît. Ah oui, aussi : le commandement d’aimer son prochain comme soi-même ne provoque pas chez moi de hoquet goguenard. Pas question de le rejeter seulement parce qu’il est issu d’un texte dit sacré. Quand l’eau est fraîche et que j’ai soif, peu m’importe la source.
Mais revenons plutôt à la révolution d’amour. Elle est dans le bon air du temps. Elle introduit en nous sa lumière, sa douceur. Fini l’époque glacière du tous pour un, surtout pour soi. Et ce n’est pas le résultat du réchauffement climatique. La société civile a pris les choses en main.
La pensée positive, d’origine extrême orientale, semée dans nos esprits depuis quelques dizaines d’années a eu du mal à prendre au pays de Descartes – pragmatisme, réalisme et efficianisme à tout crin tendaient à l’étouffer –, mais elle a fini par germer. On entend désormais partout prononcées sérieusement des « rêve ta vie en couleur », « il faut croire au bonheur », ou « l’essentiel, c’est le chemin », « ton destin t’appartient », et tant d’autres maximes censées apaiser les angoisses que notre société, et son art de mal-vivre, produit à plein rendement. Et ça marche ! La dépression recule en France, même si elle a encore de beaux jours devant elle. Nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas nous shooter au stress, pour qui être overbooké et au bord de l’apoplexie n’est pas du tout sexy. De plus en plus nombreux à vouloir avancer, développer carrière et projets, sans pour autant renoncer à prendre le soleil à la terrasse d’un café, jouer avec nos enfants ou dîner entre amis. Sans pour autant renoncer au plaisir de prendre son temps. Quitte à parfois en perdre.
Les mantras de notre jeune siècle répondent insolemment à ces vieux dictons qui enjoignent de ne pas se faire d’illusion : « le bonheur est une utopie », « un tien vaut mieux que deux tu l’auras » (sous-entendu de toute façon tu ne les auras pas), ou simplement « oui, c’est la vie » (en clair : quand tout va mal, c’est normal) et tutti quanti (moi, je préfère tutti frutti)…
Grandir dans un monde malade est loin d’être vivifiant. Depuis les Trente Glorieuses, on a eu la crise du pétrole, le chômage et la corruption, la couche d’ozone, le nucléaire et la fonte des glaciers… Autant dire que les jeunes depuis quelques générations ont tété au sein de leur mère la peur du lendemain. Mais ce qui ne tue pas… Et en effet, la jeunesse semble immunisée contre la morosité, l’abdication, la soumission. Pour preuve, la multiplication miraculeuse, amen, des initiatives citoyennes. Comme des bulles de savon, on les voit apparaître – il suffit d’ouvrir bien les yeux – encore fragiles mais têtues dans leur confiance en l’avenir et la nature humaine. Internet regorge de plateformes d’actions solidaires et sites de bonnes nouvelles. L’entraide n’est plus un vain mot d’ordre mais une réalité. Les héros marchent dans nos rues…
Il faut le dire, le répéter, le diffuser largement : le renouveau est là et la lumière vaincra.