Par CADTM Belgique, Gilles Grégoire
Au CADTM, on sait trop bien ce que c’est d’être flippéE, voire découragéE, par toutes ces questions sur lesquelles on sèche. Du coup, inspiréEs par nos meilleurEs piqueurs et piqueuses (notre famille, nos potes, le pizzaiolo d’en face, les gens que l’on rencontre en animation), le CADTM Liège a organisé plusieurs sessions d’élaborations collectives d’éléments de réponse à ces piques (qu’elles soient d’ordre technique ou plus « politique »).
Ce travail a engendré une brochure que vous pouvez retrouver en entier ici.
1) Qui décide au FMI ?
Le FMI compte deux organes décisionnels, le Conseil des gouverneurs et le Conseil d’administration dirigé par un directeur ou une directrice généralE.
Il dispose aussi de deux organes consultatifs : le Comité monétaire et financier international (CMFI) et le Comité du développement.
Le Conseil des gouverneurs
C’est l’assemblée générale, l’ « organe suprême ». Il est composé d’un gouverneur et d’un gouverneur suppléant par État membre.
Il se réunit une fois par an, à l’occasion de l’assemblée annuelle commune du FMI et de la Banque mondiale.
Les voix sont réparties en fonction des quotes-parts des membres. Autrement dit, plus les États versent de l’argent, plus ils ont de droits de vote ! MAIS ces quotes-parts sont décidées par les statuts du FMI. Un État (la Chine, par exemple) ne peut pas décider d’augmenter sa contribution au FMI pour augmenter ses droits de vote. Les décisions les plus importantes (prêts, budget, changements de la charte, répartition des droits de vote, etc.) nécessitent de réunir 85% des voix. Les États-Unis disposant de 16,73 % des votes |1|, ils jouissent dès lors d’un droit de veto de fait. De plus, un vote de consensus des 10 pays les plus riches suffit à atteindre une majorité absolue (57,99 %). À l’inverse, une union de TOUS les pays dits « en développement » ne suffit pas.
Le Conseil d’administration (CA)
Il s’occupe de la gestion quotidienne de l’Institution.
Il est composé de 24 administrateurs et administratrices censéEs représenter la totalité des pays membres. Dans les faits, les 8 pays ayant les plus grandes quotes-parts ont droit à leur propre administrateur tandis que tous les autres pays sont représentés en groupes par une seule personne. Cette personne est presque toujours issue du pays le plus riche du groupe. Par exemple, si l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni ont chacun leur propre représentantE, l’administrateur ou l’administratrice espagnolE représente à la fois l’Espagne et les pays d’Amérique centrale…
Le CA adopte normalement ses décisions au consensus mais il arrive qu’il procède à des votes. Dans ce cas, les États-Unis sont de nouveau les seuls à disposer d’un droit de veto.
Le directeur ou la directrice généralE
Actuellement, la directrice générale, Christine Lagarde, est assistée de 4 directeurs généraux adjoints (en 2014, ils étaient états-unien, chinois, japonais et anglais). Depuis la création du FMI et de la Banque mondiale, le premier a toujours été dirigé par unE EuropéenNE et le second par unE États-unienNE.
Cette personne dirige les services du FMI et préside le Conseil d’administration. Elle est également nommée et révocable par celui-ci.
2) Qui décide à la Banque mondiale ?
Si le FMI et la Banque mondiale sont des organisations sœurs, elles diffèrent néanmoins par leur composition : le FMI est une organisation intergouvernementale alors que la BM est un regroupement de 5 organisations intergouvernementales dont la plus importante est la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement).
Les autres organisations sont l’AID (Association internationale de développement), la SFI (Société financière internationale), l’AMGI (Agence multilatérale de garantie des investissements) et le fameux tribunal arbitraire du CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements).
Le Groupe de la BM est organisé exactement de la même manière et selon la même logique que le FMI : avec un Conseil des gouverneurs (identique à celui du FMI), unE présidentE États-unienNE (Jim Yong Kim actuellement) et un CA dont les administrateurs et administratrices représentent des groupes, sauf pour les 8 pays les plus riches qui ont leur propre représentantE (États-Unis, Japon, Chine, Allemagne, Royaume-Uni, France, Arabie Saoudite et Russie). Les États-Unis y ont également un droit de veto tacite avec 16,66 % des voix |2|. Notons toutefois que la composition de ces groupes diffère quelque peu de celle du FMI.
Rq : La Banque mondiale est également conseillée par le FMI. Toutes deux ont été créées en 1944 et ont leur siège à Washington (la légende veut qu’un tunnel ait été creusé pour connecter les deux bâtiments). La première est censée favoriser le « développement et la lutte contre la pauvreté », tandis que le second est censé favoriser « la stabilité financière et aider les pays en difficulté ».
3) Qui décide à la Banque centrale européenne ?
La BCE (créée en 1998 et basée à Francfort) œuvre activement dans l’intérêt des plus grandes banques privées, et en faveur de l’austérité pour le reste de la population depuis le début de la crise en Europe. Son rôle est censé être celui de « maintenir la stabilité des prix » (combattre l’inflation).
La BCE est composée de 3 instances :
Le Directoire
Il s’occupe de la gestion quotidienne de l’Institution.
Il est composé de 6 membres (le président de la BCE, le vice-président et 4 autres « spécialistes reconnuEs ») qui sont désignéEs par les chefs d’État ou de gouvernement des pays de la zone euro pour un mandat de 8 ans. Ils et elles sont censéEs représenter les intérêts de l’ensemble des pays de la zone euro.
Le Conseil des gouverneurs
Il définit la politique monétaire de la zone euro et fixe les taux d’intérêt auxquels lesbanques commerciales vont pouvoir emprunter à la BCE.
Il comprend les 6 membres du Directoire et les gouverneurs des 19 banques centrales de la zone euro. Celles-ci sont les actionnaires de la BCE.
Le Conseil général
Il contribue aux travaux de consultation et de coordination de la BCE et assiste les nouveaux pays qui souhaitent adopter l’euro.
Il est composé du président et du vice-président de la BCE, ainsi que des gouverneurs des banques centrales nationales des 28 États membres de l’Union européenne.
L’exemple du rôle ambigu de Mario Draghi
Mario Draghi est président de la BCE depuis 2011. Auparavant, il a exercé diverses fonctions au sein de la BM et de la Banque centrale d’Italie. Il était vice-président de la branche européenne de Goldman Sachs et s’y occupait de la gestion des dettes souveraines lorsque la banque participa aux manipulations des comptes publics de la Grèce. Son siège au « groupe des 30 », un lobby de grandes banques internationales privées (telle que JPMorgan Chase, UBS, Banco Santander et… Goldman Sachs) pose également un sérieux problème en termes de conflits d’intérêts…
Notes