Bonté.  Crédits photo : Rafael Edwards

Une étude publiée en 2012 dans la revue Archives of General Psychiatry vient de faire les manchettes. Son titre :
« Effect of Purpose in Life on the Relation Between Alzheimer Disease Pathologic Changes on Cognitive Function in Advanced Age » (Donner un sens à sa vie : effets sur les changements pathologiques que provoque la maladie d’Alzheimer dans la fonction cognitive à un âge avancé).

Aux fins de l’étude, donner un sens à sa vie se définit comme « la tendance à tirer un sens des expériences de la vie et à posséder un sentiment d’intentionnalité et un objectif précis qui oriente le comportement ». Les chercheurs ont réalisé des mesures cliniques et des examens post-mortem et ils sont parvenus à la conclusion que

« les personnes habitées d’un fort sentiment de sens dans leur vie présentent une fonction cognitive supérieure à celle des autres personnes, et ce, malgré le fardeau de la maladie d’Alzheimer ».

De plus, ils ont établi des preuves solides démontrant que donner un sens à sa vie réduit l’effet des changements pathologiques que provoque la maladie, car le déclin cognitif s’en trouve modifié. Il est possible de consulter l’étude sur le site Web du NCBI.

Une autre étude, publiée en juin 2015 [1] par Cerebrum, et transmise par la British Neuroscience Association, fait à nouveau référence à la recherche susmentionnée.

Cette étude cite Friedrich Nietzsche : « Celui qui possède un pourquoi qui le fait vivre peut supporter tous les comment », et cite également l’œuvre de Viktor Frankl : « Une recherche menée récemment a révélé des corrélations fascinantes entre le fait de donner un sens à sa vie et l’obtention de résultats positifs sur le plan de la santé dans une multitude de systèmes physiologiques. En 1940, Viktor Frankl a introduit la notion de sens dans la vie à la psychiatrie. C’est déjà ni plus ni moins qu’un miracle que Frankl ait pu faire connaître sa théorie. En effet, Frankl était un médecin juif formé en psychiatrie et en neurologie; il pratiquait ces disciplines en Autriche lorsque celle-ci fut occupée par l’Allemagne nazie. Il a survécu à trois années de détention cruelle dans divers camps de concentration, dont celui d’Auschwitz. Il a écrit sur son expérience dans son œuvre maîtresse, intitulée Découvrir un sens à sa vie, où il résume également la “logothérapie”, un ensemble de principes qui l’ont soutenu pendant l’holocauste et qui ont couronné sa carrière professionnelle. Comme Frankl l’écrit dans ce livre, “la principale préoccupation de l’homme n’est pas de gagner du plaisir ou d’éviter la souffrance, mais plutôt de voir un sens dans sa vie. C’est pourquoi l’homme est même prêt à souffrir, à la condition que sa souffrance ait un sens”.

Frankl insiste sur le fait que ce sens est individuel et non collectif; les personnes doivent trouver elles-mêmes leur mission dans la vie.

Comparativement à d’autres doctrines psychologiques qui sont axées sur l’observation des conséquences des faits passés ou sur l’introspection, la logothérapie, elle, est axée sur l’avenir et sur la volonté d’une personne d’en faire quelque chose de significatif. » […]

[…] « de nouveaux travaux réalisés par Patricia Boyle et ses collègues au Rush Alzheimer’s Disease Center suggère que donner un sens à sa vie pourrait être un facteur neuroprotecteur (préserve les fonctions cérébrales). Après avoir suivi pendant sept ans plus de 900 personnes âgées ayant un risque de démence,

l’équipe a découvert que les personnes qui avaient un fort sentiment de sens dans la vie étaient deux fois moins susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer, comparativement à celles chez qui ce sentiment était faible,

et ce, même après avoir analysé les facteurs démographiques, les symptômes de dépression, les vulnérabilités de la personnalité, la taille du réseau social et le nombre de maladies chroniques. Les participants à l’étude avaient également 30 % moins de probabilités d’être atteints d’une déficience cognitive légère, une condition caractérisée par des déficits cognitifs mineurs qui pourraient (mais pas toujours) accélérer la progression de l’Alzheimer. »

« L’équipe de Boyle a continué d’explorer la relation entre donner un sens à sa vie et le changement cognitif au fil du temps. Elle a découvert que les personnes qui n’étaient pas atteintes de la maladie d’Alzheimer et qui étaient habitées d’un fort sentiment de sens présentaient un déclin cognitif lié à l’âge beaucoup plus lent. »

Science Daily a également publié un article sur ce thème, plus précisément sur les effets cardioprotecteurs que présente le fait de donner un sens à sa vie.

« Être habité d’un fort sentiment de sens dans la vie pourrait réduire votre risque de cardiopathies et d’accidents vasculaires cérébraux,

d’après une nouvelle étude réalisée par des chercheurs du Mount Sinai St. Luke’s et du Mount Sinai Roosevelt, présentée le 6 mars aux réunions scientifiques de l’American Heart Association’s EPI/Lifestyle 2015, tenues à Baltimore. »

Les valeurs matérialistes et déshumanisées du système économique actuel ne présentent qu’un seul et unique but ou sens : l’argent. Cependant, d’autres recherches révèlent que la notion de sens n’est pas qu’un problème philosophique ou spirituel, c’est en grande partie un problème de santé physique et mentale que l’on ne peut se contenter de reléguer aux oubliettes.

[1] New Movement in Neuroscience: A Purpose-Driven Life, par : Adam Kaplin, M.D., Ph.D., et Laura Anzaldi

 

Traduit de l’espagnol par : Silvia Benitez