Nous rejoignons Rita Amabili, auteure, théologienne et conférencière, dans ce vibrant appel à réveiller notre humanité, face à la guerre, face aux enfants. Parfois, seule la poésie permet d’en parler.  

LE MEURTRE DES ENFANTS

Ne tuez pas les enfants.
N’enseignez pas aux soldats à faire de même
De peur que leurs gestes ne vous hantent pour le reste de votre vie
De crainte que ces jeunes ne soient tachés des laideurs de la guerre
Jusqu’à s’en déformer l’essence et les entrailles par votre faute
Jusqu’à s’en modifier l’humain en eux avant qu’il ne se sauve, effaré.

Ne tuez pas les enfants.
Qui que vous soyez, qui ils soient, ne le faites pas.
Prévenez votre main avant qu’elle ne devienne un monstre
Détournez votre jambe : elle ne doit pas porter le coup
Empêchez votre corps de poser l’acte irréparable
D’agir plus loin que le respect, de profaner, d’avilir.

Non. Ne tuez pas les enfants
Quelle que soit leur couleur, leur sexe ou leurs yeux.
Quel que soit leur âge. N’avez-vous pas peur d’en être dénaturé
Totalement, à jamais. Et que deviendrait votre propre progéniture?
Une réalisation tachée, maculée, souillée avant même d’avoir ouvert l’œil?
Ne tuez pas votre chair précisément avant de l’avoir conçue.

Choisissez la paix. Celle qui fait du bien au cœur
Celle dont on vous parlait à l’heure où vous étiez enfant vous-même
À l’école? Vous n’y êtes pas allé? À la maison? Vous n’en aviez pas?
À l’intérieur de vous alors… Creusez, vous la découvrirez.
L’être humain n’est-il pas fait d’amour? L’être humain a-t-il oublié
De palpiter, de scintiller, de resplendir, flamboyer, reluire, de briller…

Et de finir par aimer. Aimer. Choisissez la paix. En vrai tout commence
Tout finit par l’amour. Tenter d’en conjuguer sa vie, la refaire et voir l’enfant Pour ce qu’il est: Un trésor, un devenir, un recommencement. Ne tuez pas,

Ne tuez pas les enfants. S’il vous plait ne soyez pas une épouvantable harpie

Quand vous avez été créé pour ramener à la surface cet altruisme-oxygène

Qui nous fait tant défaut. Regardez les petits, retrouvez-vous, en eux.

Soudain courez, courez plus vite que la mort, que la blessure qui heurte

Courez tant que vous le pouvez, au bout de votre souffle, de votre âme
Courez plus loin que la terreur, courez dépourvu de ceux que vous aimiez

Qui frémissent encore d’une vie qu’ils vous ont laissée, tressaillant de sa fin
Courez, portant le tricot troué de vos espoirs insensés que les Grands, Demain, écraseront sans pitié de leurs Lois à hauts talons.

Ne tuez pas les enfants.
Ces boutons de roses sur le point d’éclore, salis, meurtris, mais inestimables

À court d’eau, de nourriture et de médicaments. Forts et à la fois chétifs.
Vous leur ressemblez, prenez-en conscience et soyez maudits de leur porter

Atteinte. Ne les tuez pas puisque ce faisant vous vous tuez également

Soyez maudits de leur porter atteinte de vous tuer continûment.

Ne tuez pas les enfants. Ne tuez pas les enfants.
Qui que vous soyez, qui ils soient, ne le faites pas.
Sachez partager au-delà de toute animosité, de toute hégémonie
Puisqu’à la fin nous ne sommes plus que cendres
Qu’aurez-vous l’air quand vous serez gravois
Et que la haine encore vous guidera?

Ils vous pardonnent même s’ils n’oublient pas
Ne tuez pas les enfants.
Fractionnez ce pain que vous leur défendez
La terre en a assez pour chaque vivant. Il est inutile de les en priver.
Qu’aurez-vous l’air quand vous serez gravois
Et que la haine encore vous guidera?

Ne tuez pas les enfants.
N’enseignez pas aux soldats à faire de même
De peur que leurs gestes ne vous hantent pour le reste de votre vie
De crainte que ces jeunes ne soient tachés des laideurs de la guerre
Jusqu’à s’en déformer l’essence et les entrailles par votre faute
Jusqu’à s’en modifier l’humain en eux avant qu’il ne se sauve, effaré.

Rita AMABILI, M. Th.
Présidente et fondatrice

Auteure, théologienne et conférencière

cell.: 514-998-4162
@: rita@ritaamabili.com
boutique: ritaamabili.com

L’article original est accessible ici