Le 23 novembre 2024, Rome a accueilli un événement important consacré à la construction de la paix et à la promotion de la non-violence : l’événement « Les Chemins de la Paix », organisé par l’Association « Pensare Insieme » [réfléchir ensemble] et l’Association Beni Comuni [Biens communs] « Stefano Rodotà », en collaboration avec la Fondation Communia et les « Bâtisseurs de Paix ». La journée, qui s’est déroulée au Palazzo Valentini, a coïncidé avec le deuxième jour du passage de la troisième Marche mondiale pour la Paix et la Non-violence à Rome, renforçant ainsi le lien entre la réflexion locale et la mobilisation mondiale.

La rencontre, parrainée par Roma Capitale [NdT. : Municipalité de Rome], la ville métropolitaine de Rome, la Fondation Communia et l’Observatoire interuniversitaire des études de genre (GIO), s’est déroulée en deux temps distincts : une session matinale de dialogue collaboratif sous forme de World Café et un débat plénier l’après-midi, enrichi par les interventions d’experts de renommée internationale.

Le matin, des étudiants et des militants, répartis en petits groupes coordonnés par des animateurs, ont discuté de six sujets cruciaux pour la construction de la paix : le dialogue interreligieux, la diplomatie, la justice sociale, économique et de genre, le multilatéralisme, le désarmement et les nouveaux droits fondamentaux. Après chaque session de 30 minutes, les participants ont changé de groupe pour élaborer des solutions collectives. À la fin, les facilitateurs ont présenté un résumé des propositions pour présenter en plénière, afin de définir des conclusions et des priorités dans le but de solliciter des actions tangibles, basées sur les idées générées.

L’après-midi, les résultats des tables thématiques ont été présentés en séance plénière, enrichis par les interventions d’experts tels que la chercheuse Barbara Gallo, les ambassadeurs Alberto Bradanini et Patrizio Fondi, et l’économiste Jeffrey Sachs, qui s’est exprimé a ce propos. La discussion s’est concentrée sur les actions pratiques à entreprendre tant au niveau local que mondial :

1) Dialogue interreligieux et interculturel. Question clé : comment promouvoir le dialogue entre les différentes cultures et religions pour construire la paix ?

– Création de comités territoriaux pour promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel dans les quartiers et les écoles, pour construire des ponts et des similitudes, pour des semaines d’expérimentation culturelle (relation entre le droit individuel et l’intérêt collectif), pour des visites, des circuits et des itinéraires spirituels.

– Promouvoir la recherche pour changer les langages et les approches, pour la transformation personnelle et sociale, pour le recensement du patrimoine immatériel (rites, traditions, coutumes, etc.) et matériel (architectural, artistique et lieux de culte).

2) Diplomatie et droit international humanitaire. Question clé : comment renforcer le rôle de la diplomatie et du droit humanitaire dans la prévention et la résolution des conflits ?

– Enseignement des éléments du droit international, avec une référence spécifique au droit international humanitaire et aux institutions qui l’appliquent, dans les lycées / collèges / écoles primaires.

– Abolition du droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, des décisions à la majorité qualifiée, et correction de la représentativité.

3) Diversité et orientation féministe pour le rejet de la guerre. Question clé : quel est le rôle de la diversité et de l’égalité des sexes dans la construction de la paix ?

– Renforcer et accroître les réseaux de voisinage solidaires et non violents.

– Éduquer à l’égalité des sexes, à la parentalité et à la diversité.

4) Décolonisation des relations internationales. Question clé : comment pouvons-nous construire des relations internationales plus équitables et plus justes, exemptes de dynamiques néocoloniales ?

– Éducation différenciée des jeunes du Nord pour les rendre plus conscients de leurs privilèges, et des jeunes du Sud pour leur enseigner l’expertise et les connaissances nécessaires pour changer leur pays

– Annulation de la dette ou allégement de la dette des pays en développement en tenant compte des besoins réels de la population.

5) Désarmement du monde et de l’économie. Question clé : comment pouvons-nous promouvoir le désarmement mondial et construire une économie de paix et de prospérité partagée ?

-Interventions culturelles dans les écoles, relance de l’éducation sur l’appréciation de la biodiversité, la centralité des relations humaines, les identités culturelles, l’artisanat, l’attention portée au territoire et à la communauté.

-Lancement de projets communautaires ascendants dont les valeurs fondamentales soient le rejet de la chaîne de la guerre, des projets qui contrecarrent l’exploitation et le dépeuplement des petits villages, qui soient inclusifs et solidaires, et qui promeuvent des systèmes alternatifs tels que les monnaies locales et les banques de temps.

6) Droit à la paix et à la prospérité durable. Question directrice : Comment garantir le droit à la paix, à la non-violence et à une vie digne pour tous les êtres vivants, dans une perspective de justice multi-espèces ?

– Éduquer à l’écoute de l’autre et à la communication non conflictuelle pour apprendre à résoudre pacifiquement les conflits.

– Éduquer au niveau mondial en mettant en œuvre la coopération et la non-compétition dans les écoles ; éduquer à l’interculturalité et à l’interreligiosité.

Les idées recueillies au cours de la journée seront intégrées dans un document commun et une plateforme en ligne afin d’assurer la continuité du débat et de la collaboration.

L’événement « Les Chemins de la Paix » a fourni un exemple concret de la façon dont le dialogue, l’inclusion et l’action collective peuvent être des outils puissants pour relever les défis mondiaux et construire un avenir de paix et de justice.

 

Traduction, Evelyn Tischer