Elles me semblent bien jeunes et fragiles ces danseuses en pleine répétition de la performance chorégraphiée par Aurélie Kepes et Lily Baker, à l’occasion de la soirée de lancement de la campagne @notreohrage. Mais je me trompe tant elles sont déterminées, convaincues, solidaires avec aussi la rage de faire changer la loi car 85 % des plaintes pour viol sont classées sans suite ! Mais il y a aussi beaucoup d’amour et de sororité dans toute cette mobilisation.

Pouvez-vous vous présentez ?

Aurélie Kepes

Je suis Aurélie Kepes je suis danseuse de formation et comédienne et ce qui m’intéresse beaucoup c’est la création. J’exerce en tant qu’artiste interprète et j’essaie de plus en plus de multiplier les projets où je peux intervenir dans la chorégraphie

Pour moi l’art je le vois vraiment comme une manière de porter des messages, de partager, d’ouvrir des espaces de dialogue avec le public, avec les artistes avec le plus de personnes possibles. Ce qui me tient à cœur c’est de parler d’écologie, de parler de solidarité, de justice sociale, de faire entendre les droits des personnes qui subissent des inégalités dues à leur genre, dues à leurs origines. C’est à dire travailler sur des sujets que j’appelle engagés mais à travers le biais artistique.

J’ai initié le collectif There’s a Way, un collectif d’artistes engagés où l’idée est justement de créer autour de ces thèmes, en danse, en théâtre, en vidéo et photographie.

 

Lily Baker

Je m’appelle Lily Baker, je suis danseuse de formation et étudiante en sociologie.  Je danse pour 2 compagnies, There’s a Way , et la Compagnie l’Êttre-Louve.

Je participe à des événements à but social et écologique. J’aime travailler dans l’espace public. L’idée est vraiment d’amener le public à faire de l’art avec nous.

Parlez-moi du projet que vous êtes en train de préparer ?

Aurélie Kepes

Le projet c’est notre Ohrage , c’est  un projet a multi-facettes.

Au début tout a commencé par une chanson qu’a écrit l’artiste Koclico, une chanson engagée écologiquement, politiquement. Puis elle a écrit une autre version pour une manifestation féministe avec nous toutes, version engagée contre les violences faites aux femmes et contre les féminicides. A partir de là il y a un live session qui a été enregistré et une présentation au Point éphémère, ou on a accompagné Koclico.

Aujourd’hui nous faisons évoluer ce spectacle que allons présenter le 30 octobre et ce sera le lancement d’une campagne de mobilisation contre les violences faites aux femmes, initiée par Koclico et Rachel Danot la réalisatrice du clip.

Cette campagne sera constituée de plein d’actions tout le mois de novembre et une partie de décembre pour faire entendre notamment l’histoire de Clara qui a porté plainte contre la justice française au niveau de la Cour de justice de l’Union européenne parce que la personne qui l’avait agressé, enfin le violeur n’a pas été condamné alors même qu’il a avoué.

Il faut savoir que 80% des plaintes pour viols qui sont classées sans suite et 80% c’est vraiment un chiffre gigantesque.

Lily Baker

Et aussi parler de la peur des personnes juste le fait d’aller porter plainte. On a peur parce qu’on se dit qu’on ne va être prise au sérieux, on ne va pas nous croire.

L’idée c’est d’essayer d’inverser ça et de faire en sorte que les victimes soient écoutées, que les coupables soient jugés et condamnés et que des politiques soient vraiment mises en place.

Quelles sont vos motivations ?

Aurélie Kepes

Dans le milieu artistique on peut travailler dans plein de trucs différents notamment dans le divertissement et moi je ne m’épanouis pas là-dedans parce que j’ai vraiment besoin de donner du sens et de de la profondeur à ce que je fais et ce qui me touche particulièrement c’est la cause écologique et la justice sociale. Dans la cause écologique j’ai l’impression que ça touche à la survie donc finalement ça me touche totalement organiquement, viscéralement.

Dans ce projet il y a 2 choses qui me portent, la révolte qu’on ait si peur dans la rue, qu’on ait si peur de porter plainte, et qu’on essaie de nous faire culpabiliser alors qu’on est victime. Et il y a aussi de retrouver de la force ensemble, se donner de la douceur, apprendre à prendre soin de soi, prendre soin des autres. Il y a à la fois de la révolte et de la colère et à la fois quelque chose de plus lié au cœur et à l’envie d’harmonie, en fait d’amour, d’espoir.

Lily Baker

Pour moi faire des projets militants c’est vraiment pour se battre contre le côté élitiste de l’art de manière générale. Cet art réservé dans une salle de théâtre pour un public plutôt aisé intellectuel, les boîtes noires comme l’appelle certains. S’approprier toutes ces causes-là, écolo féministe c’est le vivre dans le corps et appeler les gens à se mobiliser d’une autre manière beaucoup plus humaine spontanée et qui fait du bien .

Avez-vous un message à faire passer ?

Lily Baker

Parfois ça fait hyper peur de dire quelque chose, de faire quelque chose qui va en dehors du groupe car on va bousculer les choses mais en même temps quand tu le fais il n’y a que des choses positives qui peuvent en sortir.  Et appeler les gens à être solidaires et à être plus justes, gentils les uns envers les autres. Si je peux rajouter quelque chose pour cet événement du 30. La culture du viol elle est dans tous les petits éléments de la vie et il faut voir ces éléments là et il faut les assumer et il faut en parler.

 

Aurélie

J’ai hyper envie de dire aux gens d’apprendre à s’écouter soi en dehors des contraintes des normes de la société, qui dictent ce qu’on doit faire et ce qu’il faut faire, mais sentir ce qu’on sent juste et ensuite d’écouter les autres dans une vraie écoute une vraie communication, une vraie rencontre et mon espoir c’est que naisse beaucoup plus d’amour entre les gens et plus de paix et de relations.

Et j’ai envie que ça se passe aussi au niveau de tous les êtres vivants ; relation à la terre aux végétaux aux autres animaux un truc un peu plus harmonieux qu’aujourd’hui.

La note d’intention qui structure ce spectacle révèle bien l’état d’esprit de ces femmes : la détermination, la solidarité et la résilience.

La société évolue lentement mais sûrement et en grande partie grâce aux femmes, qui de fait n’ayant pas les mêmes droits que les hommes sont à même de protester, d’exiger, de revendiquer pour faire bouger l’architecture des relations de pouvoir que subissent les femmes de la part des hommes. Et si on reconnait que les outils légaux disponibles pour punir lourdement une personne coupable de meurtre en raison du genre, ceux-ci ne sont pas toujours appliqués.   L’art est aussi un moteur d’évolution et d’expression, il permet d’être touché émotivement et d’adhérer presque instinctivement          .

Pour ma part j’imagine que la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » qui caractérise notre société soit chamboulée. Je la réécrirai ainsi : Fraternité et Sororité pour engendrer l’Egalité et de là peut naitre la Liberté.

 

chorégraphes: @aurelie_kepes et @laybakerwak

Danseuses: @aurelie_kepes, @laybakerwak @lovaciraptor, @chouchouhou, @⁨~Aurélia Bravo, @christine.hallo7

Pour en savoir plus :

NOTRE OHRAGE Instagram : @notreohrage Mail : notreohrage@gmail.com

KOCLICO Instagram : @koclico_ Mail : koclicomanagement@gmail.com

Aurélie Képès Pour l’association There’s a Way  artivisme@theresaway.org