Ce 21 septembre, la population du Sri Lanka est appelée aux urnes pour choisir un nouveau président, pour un mandat de cinq ans.
Depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1948, les gouvernements conservateurs se sont succédés, plus ou moins autoritaires, mais toujours aux mains du même groupe de familles privilégiées, depuis l’époque du « Raj britannique », dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Le Sri Lanka dispose d’une population de 22 millions d’habitants et d’une économie agricole, dont les principales productions sont le thé, le riz et d’autres produits agricoles historiques, à laquelle s’ajoute aujourd’hui le tourisme et l’industrie comme sources de revenus. La distribution des richesses est inégale, et une dette extérieure dépassant les 55 milliards de dollars rend la situation économique pratiquement intenable.
La pandémie, qui a fortement impacté le tourisme, principale source de devises, suivie d’une pénurie d’engrais et de récoltes désastreuses, ont conduit la population au bord du désespoir.
De plus, la dévaluation de la roupie sous le gouvernement du président Gotabaya Rajapaksa a produit une vague de mécontentement social qui se poursuit jusqu’à présent. Le haut niveau de corruption et d’incompétence de tous les gouvernements récents ont mené le pays au bord du gouffre.
La crise est si soutenue et intense que la société dans son ensemble, pour la première fois, a adopté une posture proactive, exigeant des élections.
Quatre candidats se présentent à la présidentielle. Trois d’entre eux, sous des étiquettes différentes ou sans étiquette, représentent la classe politique à l’origine du chaos : Namal Rajapaksa (SLPP), Sajith Premadasa (SJB) et Ranil Wickramasinghe, actuel président sans étiquette.
Le quatrième est une anomalie : Anura Kumara Dissanayaka, du NPP (National Peoples Power). Issu de la base populaire, il porte la tradition socialiste et sensible à la question sociale du JVP. Député du district de Colombo, politiquement apte, d’une honnêteté et d’une probité avérées, il est membre du parlement depuis plus de 20 ans.
Anura a su capter la confiance et l’imagination de la nation. Il parle clairement, de manière informée, véridique et inspirante, sans ambigüité ni jargon politique, et il formule ses principaux objectifs politiques avec clarté. Son discours se dispense d’arrogance et, au contraire, reflète une confiance et une foi dans la population, qu’il invite à s’unir pour la construction d’une « Renaissance » pour le Sri Lanka.
Cela fait deux ans qu’il mène sa campagne, discutant avec des personnes de toutes les régions, conditions sociales, confessions et groupes ethnico-religieux.
Il leur explique qu’ils doivent participer, faire partie de la nation, car il refuse que quiconque reste en arrière. Petit à petit, son style de communication directe et l’explication de ses idées et de sa vision les a diffusées, réveillant l’espoir et l’enthousiasme de la population, qui s’est mis à les diffuser à son tour. Anura et son équipe croissent de jour en jour, rejoints par des spécialistes de toutes sortes et des personnes de toute condition, qui ont commencé à croire en sa vision, en se l’appropriant. Un programme politique s’est développé, formulant des priorités, de la plus générale à la plus technique et spécifique, et avec, en son cœur, un ingrédient profondément humain que les gens ressentent, s’approprient et se communiquent entre eux.
L’auteur de ce papier, en tant qu’humaniste, croit que le NPP reflète une nouvelle sensibilité politique, qui grandit dans le monde actuel. Elle s’oppose aux « idéologies réalistes » qui sous-tendent des empires moribonds : le culte de l’argent et la corruption qui en découle, la croyance dans les marchés et non dans les personnes, la course au pouvoir dans une quête sans pitié qui transforme les êtres humains en simples concurrents, à la fin de laquelle « le vainqueur rafle tout », des empires dans lesquels la compassion et la solidarité humaine passent pour de la faiblesse…
Le monde est en train de changer, l’empire occidental s’effondre et la fracture portant sur les valeurs fondamentales s’accentue de jour en jour.
Cela nous semble inévitable, car cela répond à l’évolution de la société humaine, une société dans laquelle les conditions se sont améliorées.
De nos jours, nous sommes instantanément connectés à toutes les latitudes, par le son et l’image. Nous sommes plus de 8 milliards et, dans quelques années, nous serons 10 ou 15 milliards. L’accès à l’information et à la connaissance se répand à grande vitesse de par le monde, franchissant les barrières de l’éducation.
L’intelligence artificielle, qui révolutionne la rapidité des traductions et la communication entre les cultures, permet de dépasser les différences linguistiques.
L’alimentation, l’éducation, la santé et l’habitat doivent être garantis à tous les êtres humains sur Terre, ainsi que les Nations Unies l’ont adopté dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, ce que les « puissances impériales, défenseuses de la liberté et de la civilisation » ne cessent de trahir et d’ignorer.
Grâce à l’interconnexion du monde actuel, les images et les attentes sont très similaires dans toutes les latitudes, régions, pays et cultures.
Les gens s’habillent et mangent de la même manière, leurs enfants ont des amis issus de multiples ethnies, cultures et religions. La nation humaine est en train de s’unir très rapidement de par le monde. Les ethnies se mélangent rapidement, et dans les prochaines années, nous pourrions parvenir à une synthèse des spécimens ethniques. La civilisation avance vers une nouvelle étape de l’évolution humaine, avec de nouveaux défis et opportunités, et sans aucun doute vers un degré supérieur de conscience. Nous devrions avancer avec le progrès, et non contre lui.
Nous croyons que Anura représente cette aspiration.
Traduit de l’espagnol par Héloïse Deydier