La feuille de coca pousse sur un arbuste de 2,5 m de hauteur moyenne, produit principalement dans les vallées inter andines entre 500 et 2000 m d’altitude environ ; des études archéologiques font état de sa présence depuis huit mille ans, une plante qui a accompagné et a été traitée et cultivée par nos cultures ancestrales, élevée pour les rituels, le dialogue et le travail ; son potentiel curatif et ses attributs en tant que complément alimentaire ont également été pris en compte.

Liens des 3 parties,

Partie 1, La feuille interdite et le triomphe de la cocaïne : la coca, feuille sacrée des cultures andines, rituel, médicinal et complément alimentaire

Partie 2, Coca, cocaïne, trafic de drogue et interdiction de la consommation de feuilles de coca

Partie 3, La feuille interdite et déclarée comme stupéfiant 

 

Par Francisco Carpio Jordán*

Partie 3 de 3

La feuille de coca, sous toutes ses formes de consommation, je le répète, est un excellent complément alimentaire et, prise en maté ou en infusion et mâchée, elle est un stimulant similaire à la caféine du café ; elle contient de la cocaïne naturelle dans une proportion moyenne qui varie entre 0,5 et 10 %, qui a accompagné le bien vivre des populations de civilisations andines pendant des milliers d’années. Des études biologiques, anthropologiques et historiques apportent de plus en plus d’arguments qui réfutent l’intention anglo-saxonne de condamner la feuille de coca en tant que stupéfiant, et de finir par l’interdire et la surveiller afin d’alimenter leur fructueux marché du narcotrafic. On se souvient qu’à l’issue d’une de leurs enquêtes truquées, ils ont affirmé que les peuples andins vivaient sous l’emprise de stupéfiants sans être conscients de leur état.

En 1961, la feuille de coca a été incluse dans le tableau 1 de la « Convention unique des Nations unies sur les stupéfiants », soumise à un contrôle et à une autorisation uniquement pour des usages médicaux et scientifiques. Cette inclusion avait un double objectif : mettre progressivement fin à la mastication et éviter la fabrication de cocaïne ; l’interdiction et l’éradication des cultures illégales, complétées par l’interdiction de la mastication, devaient disparaître sur une période de 25 ans, ce qui signifie qu’en décembre 1989, les objectifs devaient avoir été atteints.

En 1971, le président Richard Nixon a promu un programme de lutte contre le narcotrafic et la consommation de drogues. Ces mesures d’apparente salubrité sociale avaient une autre facette, qui se traduisait par des incitations à la consommation de drogues dans la population américaine, comme ce fut le cas des Black Panthers, que le FBI qualifiait en 1969 de « plus grande menace pour la sécurité intérieure du pays », développant un programme de contre-espionnage, de surveillance, d’infiltration et de subornation, les incriminant dans la consommation et le trafic de drogues, avec des tactiques d’incitation à la consommation à la fois dans la population et chez les activistes noirs. En 1989, n’ayant pas atteint les objectifs de la Convention unique de 1961, le président américain George Bush a lancé l’« Initiative andine », qui a intensifié les interventions militaires pour éradiquer les cultures de coca.

En 1992, l’OMS déclare que la feuille de coca est dûment incluse dans la liste Nº1. Plus tard, les experts en pharmacodépendance de l’OMS ont retiré les conclusions précédentes, pour reclasser cette consommation de mastication ou chacchado comme une forme de cocaïnisme, sans reconsidérer les erreurs et les méthodologies imprécises qu’ils ont utilisées comme base, y compris les connotations politiques culturelles et racistes, etc.

Dans la convention de 1988 contre le trafic illicite de stupéfiants, le Pérou et la Bolivie ont partiellement négocié, à l’article 14, paragraphe 2, que les mesures visant à éliminer la demande et la culture illicites de stupéfiants « tiendront dûment compte des utilisations licites traditionnelles lorsqu’il existe des preuves historiques ».

En 1994, l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), qui supervise la mise en œuvre des conventions des Nations unies sur le contrôle des drogues, a déclaré que la consommation de mate de coca (N.d.T. : ou the de coca, infusion de feuilles de coca populaire et typique des régions andines de Bolivie, de Colombie, du Pérou, de l’Équateur, du Nord du Chili et du Nord de l’Argentine. Le mate de coca est une ancienne boisson consommée pour atténuer le mal aigu des montagnes.) dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, considérée comme inoffensive et légale, fait partie d’une activité illégale, comme convenu en 1961, par opposition à la convention de 1988, bien que cela n’ait pas été l’intention des conférences de plénipotentiaires.

En 1995, le « Projet Cocaïne » de l’OMS et de l’UNICRI (Institut interrégional de recherche des Nations unies sur la criminalité et la justice) conclut que « la consommation de feuilles de coca ne semble pas avoir d’effets négatifs sur la santé ». Sa publication est bloquée en raison de la menace de perte du financement américain.

Dans son rapport annuel de 2007, OICS Organe international de contrôle des stupéfiants OICS a modifié sa position antérieure et a invité les pays à interdire « la pratique de la mastication de la feuille de coca et la fabrication du mate de coca ». Cela a entraîné des protestations au Pérou et en Bolivie, bien qu’en 2007 les Nations unies aient reconnu les droits des communautés indigènes, y compris leurs traditions et leurs coutumes culturelles.

Le 27 septembre 2005, la Cour constitutionnelle du Pérou a décidé d’inviter le président de la République à réévaluer la politique nationale et internationale de lutte contre les stupéfiants afin de la rendre plus efficace et conforme au droit et à la réalité nationale et régionale ; elle a également déclaré : « d’après ce qui est exposé dans les fondamentaux 28 et suivants, ci-dessus, il est clair et évident que la cocaïne n’est ni d’origine naturelle, ni extraite de la feuille de coca, qui n’est rien d’autre que son intrant de base ». Exhorter le Congrès de la République à inclure, dans les plus brefs délais, la feuille de coca dans la liste des cultures reconnues comme patrimoine naturel de la Nation. Dans le même ordre d’idées, il est demandé à l’Institut national de la Culture (du Pérou) d’entamer des procédures pour évaluer l’opportunité technique de déclarer l’usage traditionnel de la feuille de coca comme patrimoine culturel immatériel, conformément à la réglementation internationale.

En novembre 2006, la Bolivie a obtenu de l’Organisation mondiale de la santé que la question de la feuille de coca soit introduite dans le cadre de la médecine traditionnelle à l’ordre du jour du principal organe subsidiaire de décision de l’OMS, le Conseil exécutif, composé de 34 pays des Nations unies. En janvier 2007, la Bolivie a également obtenu, lors de la 120e réunion du Conseil exécutif de l’OMS (Genève), un soutien technique pour une étude sur « la contribution de la feuille de coca à la médecine traditionnelle et à la santé publique ».

Le 23 octobre 2006, le Parlement andin a décidé de considérer la feuille de coca à l’état naturel comme faisant partie du patrimoine culturel des peuples Andins, en raison de sa présence dans les pratiques alimentaires, médicinales, sociales ancestrales et les rituels religieux des peuples andins.

Les 21 et 22 septembre 2006, lors de la sixième réunion de la Commission des peuples indigènes et des ethnies du Parlement latino-américain à Potosí-Bolivie, il a été décidé de respecter la culture ancestrale de la feuille de coca. Dans ce contexte, les peuples indigènes demandent la dépénalisation de la feuille de coca dans les organisations internationales, afin de rationaliser l’utilisation du produit.

Du 8 au 10 mars 2007, l’Union interparlementaire d’Amérique latine et des Caraïbes, réunie à Caracas au Venezuela, a déclaré la feuille de coca patrimoine culturel des peuples autochtones et andins-amazoniens.

En 2009, la nouvelle constitution bolivienne a déclaré la feuille de coca patrimoine national. En mars de la même année, la Bolivie a demandé à l’ONU de suspendre les paragraphes 1c et 2e de l’article 49 de la Convention unique de 1961, afin d’éliminer l’expression « la mastication de la feuille de coca sera interdite », et a obtenu un délai de 18 mois pour répondre à la proposition bolivienne. Le 31 janvier 2011, à l’expiration du délai, des objections ont été présentées par 17 pays, de sorte que le processus n’a pas abouti et que la modification a été bloquée.

En 2011, la Bolivie a dénoncé le retrait de la Convention Unique, entrée en vigueur en janvier 2012, et a ensuite adhéré au traité de 2013, avec une nouvelle réserve concernant la mastication de la feuille de coca, une pratique qui ne s’applique que sur le territoire bolivien et qui reste hors-la-loi au niveau international.

En 2019, la Bolivie a annoncé à la CND (Commission des stupéfiants du Conseil économique et social des Nations unies) une étude de l’OMS sur les propriétés thérapeutiques de la feuille de coca. Le manque de ressources financières, le coup d’État, et la pandémie ont rendu impossible la réalisation de l’étude.

En mars 2023, lors de la 66e session de la Commission des stupéfiants (CND) l’organe directeur de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la Bolivie et la Colombie ont présenté une demande de révision de la classification de la feuille de coca, reprenant la revendication des peuples andins-amazoniens selon laquelle la feuille de coca fait partie de leur culture et de leur tradition. Selon les procédures de ces institutions, la CND ne pourra pas se prononcer sans un rapport préalable de l’OMS.

En 2023, la Bolivie notifie au secrétaire général des Nations unies l’activation d’un examen critique de la classification de la feuille de coca par l’OMS. En 2024, la CND propose de protéger la feuille de coca en tant que ressource génétique. Le Comité d’experts sur les drogues (ECDD) de l’OMS entame un processus de révision critique et invite à participer à l’audition publique de l’ECDD en octobre.

Le président colombien Gustavo Petro a proposé de dépénaliser la politique mondiale de lutte contre la drogue, tandis que la vice-présidente Francia Márquez a déclaré : « Le moment est venu de soulever le débat sur la dépénalisation de l’usage de la feuille de coca ». Il a également proposé de reconnaître les drogues comme un problème de santé plutôt que comme un problème militaire.

Pour 2026, il est prévu que la CND des Nations unies, composée de 54 pays, vote un quelconque changement recommandé dans la classification de la coca, qui requiert une majorité simple pour être approuvée.

Contexte de l’interdiction. Industrialisation et commercialisation des dérivés de la feuille de coca

La feuille de coca, considérée comme un stupéfiant et interdite au niveau mondial, continue d’être consommée dans certains pays d’Amérique du Sud, comme le Pérou et la Bolivie ; cependant, plusieurs entreprises nord-américaines exportent de la feuille de coca avec l’approbation de certaines de leurs organisations prohibitionnistes, à diverses fins peu connues, ce qui confirme le potentiel d’exportation que pourrait avoir tant la feuille de coca, que ses dérivés, à des fins alimentaires et médicinales.

La question se pose de savoir pourquoi il n’est pas permis à davantage de produits légaux à base de feuilles de coca d’exister dans le monde, alors que le produit illégal de la coca, la cocaïne, est présent et en expansion sur les marchés mondiaux, sans concurrence avec les produits alimentaires et médicinaux. Dans le même temps, l’éradication coûteuse des cultures de coca et la répression de certains niveaux de trafiquants de drogue n’affectent pas la productivité, le trafic et sa destination finale ; pendant ce temps, l’entrée et le flux du stupéfiant se poursuivent pleinement et ponctuellement vers ses marchés hautement rentables.

La société nord-américaine Stepan Company importe des feuilles de coca du Pérou vers les États-Unis avec l’autorisation de la DEA. La Compagnie nationale de coca ENACO (Pérou) a déclaré que la Stepan Company est la seule entreprise qui importe 120 tonnes par an ; il s’agit d’une entreprise basée dans le New Jersey, qui dispose d’une licence d’importation depuis 1994. Parallèlement, divers chiffres indiquent que d’autres entreprises importeraient également des feuilles de coca du Pérou.

Entre 2003 et 2016, le Pérou a vendu 1.643 tonnes de feuilles de coca aux États-Unis pour 7 millions de dollars. La Bolivie en a vendu 22 tonnes en 2003 pour 67.500 dollars, selon des données recueillies par USA TRADE en ligne. Les mouvements des entreprises importatrices de feuilles de coca, qui sont autorisées à le faire, comme Johnson Matthey live et Cambrex Charles City, ne sont pas transparents, alors que l’ENACO et la DEA continuent de le nier.

Stepan traite et livre un extrait de feuilles de coca au laboratoire Mallencrodt Pharmaceuticals, qui y fabrique de la cocaïne et du chlorhydrate de cocaïne, utilisant la cocaïne dans des procédures légales, telles que les interventions chirurgicales, l’anesthésie des yeux, du nez, des oreilles et de la gorge, la recherche et autres usages médicaux, dans des quantités convenables, avec l’autorisation de la DEA. Le chlorhydrate de cocaïne est aussi utilisé illégalement comme drogue psychoactive qui augmente la dopamine dans le cerveau.

Stepan extrait l’alcaloïde pour le laboratoire Mallen, vend les feuilles à Coca Cola, dans des conditions qui ne nécessitent plus d’autorisation ; cependant, les années précédentes, il utilisait de la cocaïne dans ses formulations. Pour faciliter cette opération, l’accord de 61 incorpore la disposition suivante sur la feuille de coca : « les signataires peuvent autoriser l’utilisation de la coca dans la préparation d’un agent aromatisant ne contenant pas d’alcaloïdes, et autoriser la production, l’importation, et l’exportation de feuilles de coca ».

Il est important de noter que dès 1938, les États-Unis importaient 107 tonnes de feuilles de coca par an. Dans les années 1940, ce chiffre est passé à 200 tonnes de feuilles de coca par an. Certains de ces faits et chiffres, je les prends comme des exemples qui ne pourraient pas être plus importants dans une approche panoramique de la question que nous traitons ; il y a aussi plusieurs livres qui pourraient être cités comme celui de Paul Gootemberg « la cocaïne andine et le développement d’une drogue mondiale »

Les dispositions supplémentaires sur la feuille favorisent l’entreprise Coca-cola et d’autres entreprises qui importent et transforment les dérivés, réservant la transformation industrielle de la coca à ces entreprises du Nord, limitant et empêchant les pays qui produisent et consomment ce végétal depuis des milliers d’années de le faire. Un responsable de Coca cola a déclaré : « Nos formules sont les secrets commerciaux les plus précieux de l’entreprise . Nous ne confirmons ni ne discutons les formules ou les ingrédients de nos produits, en dehors de ceux qui figurent sur les étiquettes », ce qui indique et confirme les réserves privilégiées de ces entreprises, qui établiraient un monopole sur la production formelle de dérivés de la coca et, d’autre part, une main invisible qui favoriserait le commerce transnational souterrain, obscur et rentable de la cocaïne.

Dans les pays où diverses opérations d’éradication de la coca ont été mises en œuvre, l’évaluation finale n’a pas donné de résultats favorables, au contraire, les cultures de coca ont été replantées et la frontière des plantations de coca s’est étendue, en plus du conflit social provoqué, de la contamination de l’écosystème et de la permanence mystérieuse et durable dans des zones telles que la VRAE au Pérou où les cultures, la production de drogue, et le trafic d’intrants et de produits finaux coexistent avec la présence d’unités policières et militaires de l’État (Pérou), ainsi que la présence de groupes armés dérivés du Sentier lumineux, qui sont aujourd’hui parmi les gardiens du narcotrafic.

L’éradication forcée par pulvérisation a été menée principalement en Colombie, en utilisant le produit chimique paraquat et plus tard le glyphosate ; dans tous les pays cibles, d’autres herbicides ont également été essayés, tous polluant les écosystèmes. Des opérations au sol et la destruction manuelle des cultures de coca ont également été réalisées. De même, l’éradication volontaire avec substitution de cultures alternatives, dans le cas du Pérou avec l’intervention de la Commission Nationale pour le Développement et la vie sans Drogues DEVIDA.

L’éradication forcée n’aboutit pas à des résultats efficaces, car l’agriculteur-producteur gère les moments et les espaces d’intervention probable, en tenant compte de la demande du marché des acheteurs, de ses cultures, en favorisant l’offre de ses prix. En outre, l’agriculteur, l’acheteur et le producteur de cocaïne dépendent d’un réseau organisé au niveau international qui surveille les processus, les accidents et oriente les solutions de rechange afin que le système continue à fonctionner. Par conséquent, l’éradication n’a fait que réduire la marge bénéficiaire, mais pas sa rentabilité.

L’expérience de la culture de la coca et du processus de production du narcotique a évolué, améliorant la productivité de la feuille de coca et la production d’une plus grande quantité de cocaïne avec moins de feuilles de coca. Dans les pays concernés, la frontière agricole est reconfigurée ; dans le cas du Pérou, il existe aujourd’hui 14 zones de production, dans 13 départements et 137 districts, qui articulent de nouvelles zones d’activités dans la chaîne productive et commerciale du marché de la drogue.

Le rapport mondial sur la cocaïne (UNODC, Office des Nations unies contre la drogue et le crime) indique en 2023, que la culture de la coca en 2022 atteint un rendement maximal de 355.000 ha. Cette superficie est répartie comme suit : la Colombie avec 230.000 ha. Le Pérou 95.000 ha, la Bolivie 30.000 h, avec 61 % des plantations dans la zone andine, le double de 2015 ; en termes de cocaïne, 12.000 tonnes ont été produites dans le monde en 2020, au Pérou 2.757 tonnes produites en 2022, des chiffres qui répondent efficacement à la demande des marchés.

Cette succession de faits et de procédures montre que la classification de la coca comme narcotique favorise les objectifs de l’industrie transnationale des stupéfiants du capitalisme anglo-saxon (États-Unis et Angleterre) en soutenant l’industrie des drogues formellement illégales, en particulier en Amérique du Sud, en contrôlant les cultures de feuilles de coca, pour alimenter leur chaîne de production de cocaïne narcotique, et de pâte de cocaïne base, et l’approvisionnement continu des réseaux de distribution et de commercialisation qui, jusqu’à présent, n’ont jamais interrompu leurs processus et leurs flux vers le consommateur final, principalement en Amérique du Nord et en Europe ; de même, ils détournent également une partie de la production de feuilles de coca vers des entreprises du Nord pour traiter les dérivés légaux destinés au marché des médicaments et des denrées alimentaires.

Les instruments formels et légaux sont à la charge des agences des Nations unies et de l’Organisation mondiale de la santé, en particulier, de la DEA, de la CIA et d’autres agences de substitution du contrôle policier et de la coercition ; des traités engagés avec les États de Colombie, du Pérou et de Bolivie, avec des bases militaires pour l’éradication, la coordination et les actions avec les institutions du ministère de l’intérieur et les forces armées. Les résultats montrent à nouveau que les cultures augmentent et se déplacent vers de nouvelles zones, que la production se poursuit et que les itinéraires de trafic varient tant au niveau local qu’au sein de l’Amérique du Sud, comme le montre la nouvelle plateforme de distribution depuis l’équateur, ainsi que les itinéraires mondiaux de trafic de cocaïne et d’autres stupéfiants.

Enfin, il est évident que cette procédure, établie de facto et soutenue par des règlements, nuit à l’utilisation intensive de la feuille de coca à des fins alimentaires et médicinales, non seulement dans les pays de tradition andine, mais aussi à la possibilité de produire des dérivés alimentaires et médicinaux pour le marché mondial, avec des possibilités de transformer toute la production actuelle de feuilles de coca. Il ne fait aucun doute que des puissances cachées ou à demi cachées empêchent cette alternative légale, afin que l’hégémonie de la production et du trafic de stupéfiants puisse se poursuivre. Il est clair que les mesures qui ont échoué sont soit une mascarade, soit préjudiciables aux réseaux concurrents des chaînes centrales de trafic.

Il est également important de noter que les États-Unis et leurs organisations internationales n’accordent ni la priorité ni l’attention à d’autres alternatives pour des raisons qui ne sont pas visibles, telles que les suivantes :

Transférer tout le potentiel économique dilué dans des opérations qui maintiennent un statu quo combattu sans résultat, le transférer au développement économique intégral des zones rurales affectées et infectées ; renforcer l’éradication volontaire et la substitution des cultures, avec une assistance technique et la projection de ses produits vers le marché intérieur et les exportations, avec des voies de transport sortantes ; les produits des cultures alternatives doivent avoir un soutien sur le marché nord-américain, qui est le principal intéressé par les éradications ; complétée par la promotion de l’industrialisation de la feuille de coca avec des dérivés alimentaires et médicinaux, pour lesquels il faut mettre fin au jeu infâme et injuste des différentes instances de l’ONU, de l’OMS, de la CIA, de la DEA et des Etats sud-américains, pour lesquels il faut abolir la stigmatisation de la feuille de coca dans la liste n°1 de la « Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants » ; cette nouvelle condition favoriserait la vente légale des feuilles de coca et de leurs dérivés sur les marchés internationaux, actuellement dominés par le commerce illégal sans aucune concurrence, et entraînerait une demande croissante de feuilles de coca, jusqu’à présent considérées à tort ou intentionnellement comme des stupéfiants.

C’est une exigence qui émane du cœur de nos cultures ancestrales, d’une cosmovision et d’un mode de vie que nous recréons, pour rompre avec un mode de vie individualiste, compétitif et violent, qui, en tant qu’expressions de l’enrichissement, de la réussite personnelle à tout prix, alimente l’industrie et le marché des narcotiques, la traite des êtres humains et le trafic d’armes, comme l’une des mains du même corps systémique prévalent. Nous aspirons à récupérer notre souveraineté en général, souveraineté culturelle et alimentaire en particulier, ainsi qu’un mode de vie complémentaire, réciproque et non-violent. La récupération de notre feuille de coca, pour la partager avec tous les peuples du monde pour une bonne vie.

Pérou, août 2024

 

L’auteur

Francisco Carpio Jordán

Journaliste, analyste politique, promoteur de l’Institut de gestion publique, promoteur du projet Nation humaine, participe au Mouvement humaniste, à La Communauté et au Centre de communications humanistes.

 

Traduction, Ginette Baudelet