L’indépendance des pays africains dans les années 1960 pourrait laisser penser que le colonialisme est terminé, mais certaines économies occidentales sont restées liées aux richesses naturelles africaines bon marché, même après l’indépendance.

Les pays occidentaux ont un besoin vital de minéraux stratégiques africains bon marché, tels que le pétrole, l’uranium, l’or, la bauxite, les métaux rares, etc. L’uranium extrait au Niger alimente un grand nombre de centrales nucléaires en Occident et dans le monde. Les métaux rares du Congo (RDC) sont nécessaires à la fabrication de composants de télécommunications. Les sources de pétrole du Nigeria approvisionnent le marché mondial en hydrocarbures.

Un paradoxe persiste à ce jour : « plusieurs pays occidentaux pauvres en ressources naturelles figurent parmi les plus riches et les plus développés, tandis que plusieurs pays africains riches en ressources naturelles restent appauvris et peinent à se développer ».

Les richesses de l’Afrique sont l’objet des convoitises des élites occidentales depuis des siècles. Rappelons la conférence de Berlin en 1884, où les pays européens se sont partagé l’Afrique autour d’une table, en traçant avec la règle les frontières que nous observons encore aujourd’hui dans différents pays africains. https://fr.wikipedia.org/wiki/Conference_de_Berlin

Malgré l’avènement des indépendances en Afrique, les élites coloniales occidentales n’ont jamais renoncé aux fabuleuses richesses du continent, mais ont dû trouver de nouvelles méthodes pour les obtenir. Ces procédés sont appelés néocolonialisme.

Le néocolonialisme vise à maintenir l’Afrique appauvrie et divisée, afin de continuer à obtenir ses richesses à bon marché. Les instruments déployés par le néocolonialisme sont nombreux.

Par exemple, des dizaines de bases militaires des pays de l’OTAN sont installées sur le sol africain pour surveiller et protéger les flux d’approvisionnement en richesses naturelles bon marché. https://www.analisidifesa.it/2018/12/gli-usa-dispongono-di-34-installazioni-militari-in-africa/

Les mouvements populaires et les personnalités africaines qui s’opposaient au néocolonialisme ont été très souvent neutralisés. La liste est longue.

Une façon d’appauvrir l’Afrique est de contrôler son économie. Une quinzaine de pays francophones n’ont pas de monnaie propre. Ils utilisent une monnaie gérée par les institutions financières occidentales, le franc CFA. https://fr.wikipedia.org/wiki/Franc_CFA

Les pays africains sont incités à s’endetter auprès de la Banque mondiale et du Fonds monétaire, souvent avec la complicité des élites africaines elles-mêmes, qui, par intérêt personnel, jouent le jeu néocolonial aux dépens de leurs propres peuples. Une fois endettés, les pays deviennent des proies faciles pour les pressions exercées en vue d’obtenir des richesses naturelles bon marché.

L’une des conditions curieuses imposées par les ajustements structurels du FMI a été de réduire les effectifs des armées africaines, qui deviennent ainsi incapables de défendre leur pays.

Lorsque la Libye a proposé en 2008 la création d’une banque panafricaine, qui libérerait l’Afrique de son endettement systémique vis-à-vis de l’Occident, l’initiateur du projet et chef d’État libyen a été assassiné lors d’une opération de l’OTAN, menée en marge de la loi et sans résolution de l’ONU.

À cette occasion, la Libye a été infiltrée par des groupes terroristes disposant d’une formation, d’équipements et d’outils de renseignement militaire similaires à ceux des pays de l’OTAN. Par la suite, l’infiltration des terroristes a franchi les frontières de la Libye et s’est étendue au Sahel.

Depuis des années, certains pays africains riches en ressources naturelles sont touchés par des raids de groupes terroristes d’origine indéterminée, qui commettent des crimes graves contre des populations sans défense dans des zones contiguës aux sources de richesses naturelles bon marché, et dont l’extraction se fait en dehors du contrôle institutionnel des États africains.

Les organisations telles que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CEDEAO ne remettent pas en cause le schéma néocolonial. Elles sont soupçonnées de complicité et sont contestées par des secteurs croissants de la population, en particulier par les jeunes. Les dirigeants africains sous influence néocoloniale, qui ne répondent pas aux intérêts de leurs peuples, sont également contestés.

Les médias les plus populaires en Afrique se réfèrent à des groupes médiatiques occidentaux pour lesquels la libération face au néo-colonialisme n’est pas une priorité. Mais l’accès croissant des étudiants africains à l‘enseignement et à l’information élève le niveau de conscientisation et rend la manipulation des médias plus difficile.

En réponse aux incursions terroristes en cours, trois pays du Sahel ont décidé de prendre l’initiative. Les chefs militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, forts d’un large soutien populaire, ont temporairement pris le pouvoir pour rétablir la sécurité et la souveraineté dans leurs pays respectifs.

Ensemble, ils ont créé l’AES (Alliance des États du Sahel), un accord de défense mutuelle et d’intégration économique qui pourrait bientôt déboucher sur une fédération. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alliance_des_États_du_Sahel

Les États de l’AES ont demandé aux bases militaires des pays de l’OTAN de quitter leur territoire. Au Niger, la base de drones étasunienne la plus importante d’Afrique est en train d’être déplacée. Au Mali, les bases de France ont été fermées en 2023. https://fr.wikipedia.org/wiki/Base_aérienne_201_Niger

Suite à la fermeture des bases militaires étrangères, les populations du Sahel craignent les représailles, les vengeances et la déstabilisation de la part de l’OTAN. Des tentatives de coups d’État ont été menées contre les leaders de la transition dans les pays de l’AES, le président du Mali, le colonel Assimi Goïta, le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahima Traore, et le président du Niger, le général Abdourahamane Tchiani. Tous ont survécu grâce à la compréhension des risques par la population et à la protection physique de leurs leaders de l’émancipation.

Un rôle primordial dans la mobilisation des peuples africains est joué par les réseaux panafricanistes actifs en Afrique et dans le monde. Il s’agit d’individus, de mouvements, de médias et d’institutions qui aspirent à la libération des peuples africains. Le panafricanisme définit des positions et des actions concrètes sur les questions de souveraineté culturelle, militaire, financière, minière et technologique.

L’Afrique tend aujourd’hui à se libérer, à se configurer en tant que région et à choisir librement son destin.

L’Occident ne veut pas perdre les richesses africaines bon marché dont il a bénéficié pendant des siècles.