Pressenza publie la cinquième partie d’une étude de Guillermo Sullings sur la situation en Grèce. L’étude complète se présentée en 5 parties :
- Contexte de l’Union européenne
- Vérités et mensonges à l’égard de la dette
- La situation actuelle de la Grèce
- La sortie de l’euro est-elle la seule solution ?
- Quelles conséquences aurait le Grexit ?
5. Quelles conséquences aurait le Grexit ?
Bien sûr, rien ne sera facile, et n’importe quelle décision sera difficile et apportera des problèmes à résoudre. Mais avec la sortie de l’euro il y aura une lumière à la fin du tunnel alors que dans le chemin de l’austérité croissante, seul se visualise l’abîme.
L’un des premiers problèmes du grexit est la pression de la fuite de capitaux, vu que 42 milliards sont déjà partis durant les 9 derniers mois et on suppose que si la Grèce retourne à la drachme, il y aurait une débandade, puisque tout le monde irait dans les banques retirer ses euros. C’est certain mais pour cela, il existe les mécanismes de contrôle d’entrée et de sortie des devises qui, comme mesure d’exception, peuvent être mis en œuvre, comme cela s’est fait dans d’autres pays. Bien sûr qu’il existera de toute façon une fuite et bien sûr qu’il existera des plaintes et des protestations de milliers d’épargnants du fait des restrictions. Il y aura de fortes turbulences les premiers temps.
Un autre problème à résoudre est le thème logistique, puisqu’il ne s’agit pas seulement de la dévaluation d’une monnaie déjà existante, mais de frapper la nouvelle monnaie, de la faire parvenir partout, d’adapter les systèmes d’informations et les guichets automatiques ; une complexité logistique qui arrivera durant les premiers mois et obligera à une transition difficile.
Les dettes des Grecs entre eux et les dettes des Grecs avec l’extérieur représenteront un autre conflit. À l’intérieur ce sont les créanciers qui protesteront : ceux qui leur devaient des euros les paieront maintenant en drachmes et ainsi leurs crédits fondraient. Ceux qui ont des dettes à l’extérieur, soit auront beaucoup à économiser pour pouvoir les payer, puisque leurs recettes seront en drachmes et leurs dettes resteront en euros, soit ils entreront en cessation de paiement jusqu’à ce qu’on retrouve des prix relatifs.
La Grèce importe beaucoup de produits, en incluant les aliments et les médicaments, et sa balance commerciale est déficitaire, ainsi avec la sortie de l’euro il existera une hausse des produits importés et par conséquent une baisse du pouvoir d’achat de la population par rapport au reste de la zone euro. Bien sûr que cette paupérisation pourra être répartie dans les différents secteurs, suivant comment le gouvernement gèrera son budget en drachmes, en assistant les plus démunis. Contrairement à la situation actuelle, dans laquelle ceux qui restent sans emploi assument la partie la pire, la dévaluation redistribuera mieux les charges et cette paupérisation sera à assumer entre tous jusqu’à ce que l’économie commence à se redresser et à aller mieux et alors il sera possible de se refaire une situation.
Les conséquences positives de la sortie de l’euro seront importantes, bien que cela ne portera ses fruits que plus tard. La Grèce est un pays avec des coûts relativement faibles, de sorte que renforcer encore plus son tourisme et l’exportation de quelques produits, impliquera une entrée importante de devises qui aidera à équilibrer la balance commerciale et stabilisera le taux de change. Il y aura plus d’emplois dans les secteurs liés au tourisme et à l’exportation et il y aura des opportunités de substituer quelques importations.
Comme on prétend que si la Grèce sort de l’euro c’est aussi parce qu’elle est entrée en défaut de paiement, alors pendant une longue période on ne s’occupera pas non plus de sa dette extérieure, ce qui lui apportera des problèmes de financement extérieur et quelques conflits politiques mais au moins l’actuelle saignée se sera arrêtée. Ils devront vivre avec leurs propres ressources, mais ils n’auront pas à s’adapter encore plus pour rembourser des dettes impayables. De plus, la souveraineté monétaire et la propre gestion de sa politique économique, permettront au gouvernement de mettre en adéquation le budget public en fonction du développement. Pour cela ils auront inévitablement à améliorer le système fiscal et à assainir l’administration publique.
Nous pourrions résumer en disant qu’actuellement les Grecs se sont appauvris lentement et progressivement et si la tendance continue ainsi, cela ne fera qu’empirer et de toute façon ils ne réussiront pas à payer la dette, pour laquelle ils auront privatisé tout leur patrimoine, et quand ils n’auront plus rien ils tomberont en défaut de paiement et sortiront de l’euro de force mais dans un état bien pire que maintenant. Alors que s’ils sortent de l’euro maintenant, ils passeront par une période difficile mais peu à peu ils se redresseront et ensuite connaîtront à nouveau la croissance, en augmentant le nombre d’emplois et le niveau de vie ; peut-être pas le niveau de vie dont certains ont profité grâce à la dette mais un niveau meilleur que celui qu’ils ont maintenant avec l’austérité.