Toutes les mesures et tous les accords conclus par les gouvernements du monde, tous les événements internationaux visant à atténuer la crise climatique, les promesses et les signatures en faveur de la défense de notre biodiversité et des écosystèmes planétaires, les fameuses COP (conférences des parties) des pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), au cours desquelles des millions d’euros d’argent public sont dépensés pour des sommets inefficaces qui ne sont que des réunions festives, les lois et les promesses que chaque gouvernement affirme combattre pour atténuer le changement climatique… SONT INUTILES. Les politiciens nous trompent avec leurs discours préparés par des conseillers. Les mensonges et les manipulations de leurs actions dirigées par les multinationales font de leurs paroles un simple effet d’annonce sur du papier mouillé (NdT: expression signifiant document sans valeur).

Et le pire, c’est qu’ils l’ont démontré en permanence. Il est vrai que, comme toujours, quelqu’un sera sauvé de cette complicité et qu’il y aura des personnes dans le monde politique qui essaieront de changer ces circonstances. Mais le pouvoir politique des intérêts est si profondément enraciné que celui qui sort de ce schéma est sans doute oublié dans ce monde globalisé auquel nous sommes soumis, sans pouvoir avancer dignement vers les valeurs humaines qui pourraient éventuellement être la bannière de notre chemin vers un monde meilleur et plus égalitaire.

Couverture du livre Planeta silencioso (Planète silencieuse)

Le livre « Planète silencieuse : les conséquences d’un monde sans insectes » de Dave Goulson est pour moi la suite du livre Silent Spring (Printemps silencieux), courageusement écrit par la biologiste marine et zoologiste Rachel Louise Carson (1907-1964) en 1962. Le livre de Rachel Carson a marqué une étape fondamentale dans la naissance de la conscience environnementale et a changé la perception du monde face à la déprédation de la nature par l’empoisonnement des campagnes avec des pesticides et des insecticides nocifs, non seulement pour la santé des êtres humains, mais aussi pour toutes les autres espèces.

Dave, à la fin de son chapitre 11 « The Coming Storm » (la tempête qui approche), nous avertit : « Il est très facile pour un gouvernement de faire des promesses à long terme, sachant que d’autres politiciens seront aux commandes lorsque l’échec devra être justifié. Il suffit de regarder ce qui s’est passé en 1992 avec la Conférence sur l’environnement et le développement à Rio de Janeiro. La déclaration a été signée par presque exactement les mêmes pays (196) que ceux qui ont signé l’accord de Paris. Lors de la conférence de Rio, nos gouvernements ont promis d’enrayer la perte de biodiversité mondiale d’ici à 2020. La vérité est qu’entre 1992 et 2020, la perte de biodiversité mondiale a été la plus importante depuis au moins 65 millions d’années. Si nous voulons sauver la planète, nous ne pouvons pas nous fier aux promesses creuses de nos gouvernements ». C’est tellement vrai. Que pouvons-nous donc faire ? Franchement, le système actuellement en place ne nous facilite pas la tâche. Il y a de nombreux intérêts en jeu, de nombreuses promesses non tenues et un objectif clair et unique : le pouvoir, basé sur l’argent et le contrôle social de l’humanité, quelles que soient les conséquences sur la pauvreté ou sur la destruction de notre planète.

Eduardo Costas, professeur à l’université Complutense de Madrid et pharmacologue, nous avertit que les températures extrêmes sont l’une des causes de mortalité qui augmentent le plus rapidement. Dans son article, il indique clairement que nous risquons désormais de subir des températures extrêmes, avec des journées extrêmement froides ou des vagues de chaleur, qui contredisent les données dont nous disposons jusqu’à présent en matière de température. Il nous montre qu’il a étudié en détail le mois de janvier, du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2019, avec un total de 750 paramètres différents dans 43 pays du monde, en recueillant des enregistrements de température et en prenant des notes sur les causes de décès. Il a comptabilisé ainsi un total de plus de 130 millions de décès en 20 ans. En moyenne, le taux d’excès de mort dû à la chaleur et au froid extrêmes était de 74 décès pour 100 000 habitants, ce qui équivaut à plus de 5 millions de décès par an.

Remarquez qu’avec le Covid, le monde s’est arrêté, mais avec la crise climatique qui tue 5 millions de personnes par an rien qu’à cause des vagues de chaleur et de froids extrêmes, rien n’est fait. Les faits sont ce qu’ils sont et ne peuvent être ignorés. Et ces nombres ne concernent que les vagues de chaleur, sans compter les personnes qui meurent dans les inondations massives, les typhons, les glissements de terrain et un long et-cetera qui commence à être alarmant.

Selon un communiqué de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), des alertes à la chaleur extrême ont été déclenchées dans de nombreuses régions de l’hémisphère nord de la planète, avec des températures diurnes record et des chaleurs nocturnes tropicales dangereuses pour la santé. La moitié de l’Europe, certaines parties de l’Asie et de l’Afrique, et les États-Unis sont touchés. John Nairn, expert de l’OMM, a déclaré que « les températures nocturnes sont particulièrement dangereuses pour la santé humaine car le corps est incapable de se remettre de la chaleur permanente, ce qui entraîne une augmentation des crises cardiaques et des décès ».

Mais les politiciens croient que tout cela vient du ciel et qu’ils ne sont pas responsables de toutes ces graves conséquences. Ils ignorent ou veulent ignorer leur responsabilité en se lavant les mains dans des mensonges et en n’agissant pas immédiatement et en coopération avec d’autres administrations pour atténuer ce désastre dans lequel ils nous ont plongés par leur incompétence et leur inutilité.

Cependant, il existe un organe politique qui, malheureusement, n’est pas contraignant et auquel aucun pays ne prête attention, ce sont les Nations unies, qui continuent à lancer des communiqués de presse pour avertir les gouvernements de la situation climatique, leur demander de prendre des mesures urgentes, etc.

Crédit image: Alamy. Félix Diaz, représentant des peuples indigènes de la province de Formosa.

Récemment, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits humains, Volker Türk, a appelé toutes les nations du monde à garantir la participation des peuples autochtones à la prise de décision. Il a exhorté les institutions nationales et mondiales à protéger les défenseurs des peuples autochtones et de l’environnement, rappelant que ce sont eux qui sont en première ligne dans la lutte contre le changement climatique.

Bien que l’on estime à 476 millions le nombre de personnes autochtones dans toutes les régions du monde et qu’elles représentent 6,2 % de la population mondiale, elles constituent 18,2 % des pauvres de la planète. Volker a déclaré: « Pourtant, elles survivent et prospèrent avec une dignité et une résilience énormes, grâce à la sagesse et aux connaissances acquises de génération en génération ». Il a ajouté que les femmes autochtones sont les maîtresses de la sagesse et sont responsables de la transmission des connaissances entre les générations passées et les communautés d’aujourd’hui. Selon lui, c’est précisément grâce à leurs connaissances et à leur relation avec l’environnement que les peuples autochtones peuvent contribuer à trouver des solutions pour remédier aux dommages causés par la crise mondiale.

Il est nécessaire, a déclaré M. Volker, de créer des espaces permettant aux représentants élus des peuples autochtones d’entrer dans les conseils gouvernementaux et de créer des institutions publiques où ils sont représentés, et il a conclu en disant : « Tous les droits humains concernent les peuples autochtones. Le moment est venu de veiller à ce qu’ils puissent participer pleinement, librement et en toute sécurité. Il est temps de passer du débat à l’action directe et spécifique pour protéger leurs droits ».

En 2022, les dirigeantes autochtones, les défenseuses de l’environnement et leurs militants ont été beaucoup plus fréquemment victimes de violences, de meurtres et de menaces.

Le sommet UE-CELAC (Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes), présidé par le Premier ministre espagnol les 17 et 18 juillet 2023, s’est déroulé en l’absence des dirigeants indigènes qui ont beaucoup à dire et à contribuer au dialogue, à la coopération, au respect et à la protection de leurs peuples. Cela montre donc une indifférence et un mépris inouïs. On voit ici des chefs de gouvernement qui sont directement responsables de ce qui arrive aux peuples indigènes de leurs pays, qui montrent un mépris total de ces peuples et de leur vie, qui les traitent comme des moins que rien et ignorent leurs droits malgré les lois qu’ils sont obligés de respecter.

Félix Díaz. Devant la Casa Rosada où réside le président de l’Argentine à Buenos Aires, des personnes campent depuis deux ans et cinq mois pour demander à être reçues par le président.

Un exemple est le traitement reçu par le dirigeant des peuples indigènes de la province de Formosa (nord de l’Argentine), Félix Díaz, qui a campé pendant deux ans et cinq mois avec quelques membres de sa communauté devant la Casa Rosada du gouvernement argentin pour être reçu par le président de l’Argentine.

Ceci est une honte qui va à l’encontre de la constitution argentine, un manque de respect et un crime contre l’humanité, un génocide contre les peuples indigènes qui se propage dans de nombreux pays. Ensuite, ils ont l’audace d’organiser des réunions avec trois gouvernements pour parler de coopération, alors qu’ils ignorent leurs propres citoyens.

Peuple Wichi. Une autre de leurs écoles, pratiquement à ciel ouvert.

Le gouvernement de Formosa autorise les écoles de la communauté indigène Wichi (NdT: les Wichi sont des indigènes d’Amérique du Sud. La province de Formosa est en Argentine) à se limiter à deux planches en guise de toit, sans rien sur les côtés, permettant aux enfants d’être transi de froid et d’humidité en hiver et les jours de pluie. Il essaie de tuer la culture indigène et leur langue, de sorte que les enfants oublient d’où ils viennent, comme s’ils n’étaient qu’une racaille sans droits. Et l’opposition gouvernementale se moque de ces petites écoles, si on peut les appeler ainsi, en se vantant qu’elles disposent d’une bonne climatisation. Pathétique, humiliant et choquant, dans un XXIe siècle qui semble n’avoir fait aucun progrès et qui, dans de nombreux endroits, continue à gouverner comme au XVIIIe siècle, par le biais du caciquisme, de l’esclavage et du colonialisme, en violant les droits humains les plus fondamentaux.

 

Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer