La chaîne “Bonnes idées que vous ne connaissez peut-être pas” (Buenas ideas que tal vez no conoces) a publié une nouvelle série de six vidéos consacrées à l’être humain.
Nous présentons sur 6 articles chacune des vidéos avec leur transcription, voici la cinquième :
5- Le processus humain
C’est la cinquième vidéo que nous dédions à l’être humain. Dans la première, nous avons défini l’être humain ; la seconde traite de l’expérience de l’humain ; la troisième aborde ce que signifie être humaniste et de placer l’être humain comme valeur centrale ; dans la quatrième le thème est l’attitude humaniste à travers l’histoire et dans différentes cultures.
Et dans la cinquième vidéo, nous allons aborder le processus par lequel nous sommes devenus humains depuis la nuit des temps. Nous suivrons les explications de Silo, mais cette fois-ci, nous allons nous baser uniquement sur quelques entretiens dans lesquels il a évoqué ce sujet au cours des les dernières années de sa vie. Il n’a pas fait une publication sur le thème, ainsi nous avons dû rassembler les pièces détachées au mieux de nos connaissances. Quoi qu’il en soit, comme toujours, nous vous laissons les sources sous la vidéo, dans sa description, sur le site YouTube.
Pour voir la vidéo (7′ 52′′) avec les sous-titres en français sur un ordinateur : 1. Cliquez sur l’icône Sous-titres (rectangle blanc en bas à droite de la fenêtre du lecteur vidéo). 2. Cliquez sur l’icône Paramètres (roue dentée en bas à droite), puis cliquez successivement sur Sous-titres, puis sur Traduire automatiquement. 3. Dans la fenêtre qui s’ouvre, faites défiler la liste des langues et cliquez sur Français.
Transcription
Nous cherchons à comprendre l’évolution humaine, mais depuis l’intérieur, en essayant d’établir les mécanismes mentaux sur lesquels elle s’est construite. Nous nous démarquons ainsi de la tendance des anthropologues et des autres spécialistes de ce domaine, qui s’appuient davantage sur des conditions externes telles que le climat ou les rivières pour expliquer les changements évolutifs.
Au cours de l’évolution, la conscience des différentes espèces monte, passant du niveau du sommeil profond jusqu’au demi-sommeil, puis à la veille, qui devient de plus en plus lucide. Peut-être tout a commencé le jour où un hominidé a expérimenté une première étincelle de réversibilité, un moment de prise de conscience qu’il n’a pas compris. Ensuite, il a sûrement fallu attendre longtemps avant qu’il n’y ait une autre prise de conscience, puis une autre. L’hominidé a saisi l’intention en lui et l’a projetée hors de lui, imaginant que les forces naturelles étaient dotées d’une intention.
Le développement de la capacité d’abstraction nous éloigne de la nature. On le voit dans les peintures rupestres qui ramènent des figures complexes à leurs caractères essentiels. Cette capacité est une condition préalable au développement du langage oral, qui permet de communiquer des informations entre les personnes et aux nouvelles générations qui arrivent. Plus tard, le langage écrit permet une communication indirecte à travers la distance et dans le temps. C’est ainsi que s’opère l’accumulation historique.
L’être humain est inadapté. Le cafard est parfaitement adapté et n’a pas changé depuis cinquante millions d’années, et nous, les hominidés, ne sommes là que depuis trois millions d’années au maximum, de sorte que le cafard a quarante-sept millions d’années d’avance sur nous.
Mais un cafard ne change pas et un tigre est toujours comme le premier tigre. Nous changeons au fil de l’histoire. Parce que nous sommes des inadaptés, nous devons transformer l’environnement dans lequel nous vivons et, en même temps, nous nous transformons nous-mêmes. Notre conscience est une structure évolutive intentionnelle : essayant toujours de faire quelque chose que ce qui existait auparavant.
D’autre part, nous avons la capacité de donner des réponses différées sans suivre immédiatement l’instinct et même d’agir à l’encontre de l’instinct de conservation. C’est ainsi que nous avons pu approcher le feu pour la première fois. C’est à ce moment-là que l’évolution humaine diffère de la nature. Je veux dire que ce ne serait pas comme dans le film 2001, l’Odyssée de l’espace, où l’hominidé utilise un os comme arme et que cela ouvre la voie de l’évolution jusqu’à ce que nous quittions la Terre. C’est l’approche et la manipulation du feu qui constituent notre point de départ.
Et puis il y a autre chose. Cette capacité de donner des réponses différées est déjà présente dans les soins aux morts des premières tribus. Elle se manifeste également dans des cas tels que l’intuition qui a inspiré Friedrich August Kekulé dans son rêve pour découvrir les liaisons du carbone. On y observe le phénomène de la conscience inspirée, l’intuition qui répond aux recherches antérieures et qui oriente la raison. Les mythes sont des intuitions collectives qui ont ensuite servi de base à des explications rationnelles, comme les théories scientifiques.
C’est ce quelque chose d’autre qui réside dans les profondeurs insondables de l’être humain, là où l’espace est infini et le temps éternel. Ce quelque chose d’autre se manifeste généralement de manière douce, mais parfois elle peut s’exprimer par le feu sacré du ravissement des amoureux, l’inspiration des artistes ou l’extase des mystiques.
L’être humain s’appuie sur son expérience passée et prévoit l’avenir en orientant ses actions de manière à améliorer les conditions sociales et naturelles dans lesquelles il vit. Chacun d’entre nous peut mouvoir son corps selon son intention. Mais il est également possible d’avoir une intuition, de saisir avec le cœur, une intentionnalité qui se projette collectivement et qui, d’une certaine manière, évolue en poussant le sens de l’histoire. Le « oui » et le « non » alternent tout au long du processus humain, faisant que quelque chose se déploie. Lorsque le sens de la vie personnelle est cohérent, il coïncide avec le sens de l’histoire.
De même que l’on peut se demander qui l’on est et où l’on va, on peut s’interroger sur l’espèce humaine.
Quel est son chemin ? Celui d’une lutte âpre et persistante pour la préservation de l’espèce ? Celui d’une course au progrès technologique indéfini qui ne vise à rien ? Celui d’une succession de générations dont le plus grand objectif est l’appropriation du pouvoir ? Celui d’une passion inutile dans laquelle les individus naissent et meurent sans avoir compris le sens de cette vie et de cette mort ?
Cette espèce ne succombera pas à l’absurdité. Notre avenir n’est pas déterminé par des causes préalables qui invalident tout effort, mais par l’intention humaine qui se fraie un chemin face aux difficultés. Le découragement des êtres humains courageux et solidaires ralentit le cours de l’histoire.
Nous terminons ainsi cette cinquième vidéo consacrée à l’être humain, dans laquelle nous avons essayé de comprendre son processus depuis l’intérieur, en vérifiant comment apparaissent l’intentionnalité, la capacité d’abstraction et le langage, qui créent les conditions pour que l’accumulation d’expériences fasse de nous des êtres historiques. Nous avons également vu la capacité de donner des réponses différées au-delà du comportement réflexe instinctif et, enfin, l’inspiration et la profondeur de l’âme humaine.
Comme nous l’avons fait pour d’autres sujets, nous avons laissé le plus philosophique pour la fin, et dans le prochain chapitre nous aborderons la question existentielle.
Voir aussi :
Six vidéos sur l’Être Humain : 1- À propos de l’humain (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 2- L’expérience de l’humain (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 3- Être humain et, en plus, humaniste (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 4- Les humanistes d’autrefois (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 5- Le processus humain (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 6- Exister (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain (ensemble des 6 vidéos sans la transcription)