C’est à partir de 1830 que les techniques permettent une production de masse et que les premiers moules à chocolat apparaissent. Aujourd’hui Pâques fait le bonheur des chocolatiers qui rivalisent de créativité. De ce fait le chocolat de Pâques est quant à lui une coutume purement commerciale, qui profite du fait que les chrétiens qui font le carême ont l’habitude de célébrer la fin du jeûne en mangeant des friandises.

Pourtant, cette tradition au goût chocolat pourrait ne plus correspondre à notre époque, principalement en raison de notre mode de consommation quotidienne. Si le chocolat était consommé uniquement lors d’évènements spécifiques comme Pâques, alors cette tradition pourrait perdurer dans le respect des producteurs de chocolat. Sachant que les Québequois.es dépensent en moyenne 73 $ de chocolat durant l’année (StatsCan, 2022), la consommation de chocolat reste problématique.

La problématique émane du produit, synonyme de plaisir, partage et de passions qui, dans la réalité, est tout l’inverse : il provoque des dégâts écologiques et de la souffrance sociétale.

En effet, la surconsommation de cacao est à l’origine d’une déforestation de masse combinée à une sous-rémunération des producteurs et productrices. Par exemple, la demande toujours plus forte de cacao accélère la déforestation des forêts en Côte d’Ivoire et au Ghana. Sans parler de la demande massive d’eau pour la croissance des cacaotiers ; demande qui est accentuée par la déforestation : les cacaotiers grandissent à l’ombre et à l’humidité des autres grands arbres, mais avec la déforestation, ils se retrouvent en plein soleil et sécheresse.

La demande provient principalement des grands groupes industriels qui transforment et distribuent le chocolat. Le cacao, en grande majorité, est cultivé par de petites productions, dont seuls 4 % à 7 % du prix d’achat leur reviennent, alors que les industriels récupèrent 44 % du prix final. Ce qui engendre une précarité chez les petites productions agricoles. Pour y remédier, un usage de produits chimiques est réalisé afin d’accroitre la production et donc leur revenu par la quantité. Des plantations illégales fleurissent aussi en employant de la main-d’œuvre presque gratuite. C’est pour cette raison que la production de cacao engendre l’esclavagisme et le travail d’enfants. C’est près d’un million d’enfants qui sont enrôlés de force dans les cultures de cacao.

Comme le signale un producteur de cacao :

« Le cacao ne nourrit pas l’Afrique. Il sert les intérêts de l’Occident. Le chocolat est vendu plus cher que le cacao. Ils déterminent les coûts. Nous travaillons au champ. Ils transforment là-bas. Nous ne consommons même pas de chocolat. […] Il nous faut cultiver ce que nous consommons sur place. Le riz est plus important. Il faut remplacer le cacao par les cultures de banane, de patate douce, d’igname, bref par nos cultures traditionnelles camerounaises. Sortons du colonialisme », (lavoixdupaysan, mai 2022).

Pour répondre à ces injustices, le pouvoir d’achat et le boycott sont des actes avec un fort impact. Il est alors possible de choisir un chocolat responsable et bio issu d’une culture éthique via le commerce équitable.

En produisant des cultures écologiques et biologiques certifiées, augmentant par ce fait leur prix, la rémunération des producteurs et productrices sera digne, car un pourcentage de la vente leur sera versé. Tant que le cacao restera un produit de marché, non régulé, ce déséquilibre social et environnemental continuera…

Voici quelques critères d’un chocolat équitable (lesecolosimparfaits, 2020) :

  • Éviter les chocolats contenant de l’huile de palme
  • Privilégier un label équitable en faisant attention aux critères d’attribution
  • N’achetez pas de chocolat auprès des grands industriels qui n’ont que faire des considérations humaines et environnementales : Mars, Nestlé, Lindt, Hershey, Mondelez.

Mathieu Perchat

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local

_____________________________________________________________________

Sources

L’article est tirée du Journal le Mouton Noir, journal indépendant plus mordant que le loup

Catherine Le Brech, « Trafic d’enfants en Côte d’Ivoire: dans l’enfer des plantations de cacao », France Télévisions  Rédaction Afrique, Publié le 24/07/2017, URL : https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/trafic-denfants-en-cote-divoire-dans-lenfer-des-plantations-de-cacao_3057285.html

https://www.statcan.gc.ca/o1/fr/plus/1345-des-donnees-se-mettre-sous-la-dent-lamour-du-canada-pour-le-chocolat

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-10-janvier-2023-8979117

 

L’article original est accessible ici