La fermeture du chemin Roxham au Québec est entrée en vigueur ce samedi. Cette fermeture survient suite à la signature de l’entente entre le gouvernement canadien et américain afin que les demandeurs d’asile soient refoulés aux passages frontaliers irréguliers. L’annonce a été faite par le premier ministre Justin Trudeau à l’occasion d’une visite du président américain Joe Biden au Parlement canadien au cours de la semaine.
Avec cette nouvelle entente, le Canada et les États-Unis veulent dissuader les migrants de tenter d’entrer au Canada à l’extérieur des points d’entrée officiels.
« On est sous le choc », résume Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). « On s’attendait à un resserrement, mais pas aussi radical, explique-t-il. Je pense que c’est pire que les ententes en Europe, ça va être une catastrophe humanitaire. Si les migrants se font attraper, ils seront mis en détention et expulsés aux États-Unis. On ne sait pas trop dans quelles conditions et ce qui va leur arriver. » (La Presse)
En effet, selon l’entente, les personnes qui tentent d’entrer au Canada sont désormais arrêtées et peuvent être renvoyées aux États-Unis. Certaines exceptions sont prévues, notamment pour les personnes qui ont de la famille au Canada ou pour les mineurs non accompagnés.
Pour Frantz André, membre du Comité d’action des personnes sans statut (CAPSS), cette annonce ne signifie pas que les demandeurs d’asile vont désormais cesser de traverser la frontière dans les deux sens.
« Ce sont des gens qui ont souvent traversé 10 à 14 pays, qui ont failli mourir, donc ils vont trouver d’autres points d’entrée, ailleurs, qui sont moins sûrs », prévoit-il. (La Presse)
Restreindre l’accès à la frontière et empêcher les migrants d’accéder à un chemin sûr vers le pays ne fera qu’encourager certains individus, a déclaré Abdulla Daoud, directeur exécutif du Centre de réfugiés basé à Montréal.
« Ce type de prise de décision dans le passé a mené à la création de nombreux réseaux de passeurs, a souligné M. Daoud en entrevue vendredi à La Presse Canadienne. Le Canada n’a jamais vraiment eu à composer avec cela, mais maintenant, je pense que nous allons voir les chiffres augmenter parce que ces individus mal intentionnés ne vont pas disparaître.»
Eva Gracia-Turgeon, directrice générale de Foyer du Monde, un organisme qui héberge temporairement des demandeurs d’asile et des migrants à Montréal, a déclaré qu’il est possible que des réfugiés potentiels qui sont déterminés à entrer au Canada finissent par mourir en empruntant des routes dangereuses pour entrer au pays.
« Il est très possible que les gens essaient de traverser en utilisant des endroits plus cachés et se retrouver coincés dans les bois pendant des jours et même y perdent la vie. Nous parlons également ici de familles, de femmes enceintes et de jeunes enfants qui vont traverser la frontière. Il y aura donc potentiellement plus de drames à la frontière », se désole Mme Gracia-Turgeon. (Radio Canada)
À propos du chemin Roxham
En 2022, ce sont plus de 40 000 migrants qui sont ainsi entrés au Québec par le chemin Roxham. Le chemin Roxham est un chemin traversant la frontière entre le Canada et les États-Unis entre le village de Champlain (New York) et le village de Saint-Bernard-de-Lacolle au Québec. Depuis plusieurs années, le chemin Roxham fait souvent les grands titres dans les médias parce que c’est un lieu de migrations irrégulières vers le Canada à partir des États-Unis.