Mercredi 02 Février 2022.
«On ne mettra pas la clef sous la porte ».
D’habitude, qu’une seule séance le soir est organisée par semaine. Mais depuis 15 jours, pour lutter contre l’expulsion par la préfecture de police, ce petit cinéma associatif et indépendant organise, dès 6h du matin et jusqu’à 22h, des projections tous les jours. Ce soir, les Parisiens se sont une nouvelle fois mobilisés. Plusieurs membres ont pris le micro pour défendre jusqu’à la fin, les valeurs de ce cinéma encore debout. À 20h, Claire Denis viendra en personne présenter un de ses premiers long-métrages « S’en fout la mort ».
En Avril 2018, le premier cinéma « La clef » ferme ses portes définitivement. Situé rue Daubenton dans le Ve arrondissement, les locaux sont repris et occupés illégalement en 2019 par un petit groupe de cinéphiles. Ils le rebaptisent ensemble : « La clef Revival ». En un peu plus de deux ans, ce cinéma repris en main réussit à réunir plus de 15 000 spectateur.ices pour environ 500 projections à prix libre. De grands cinéastes y sont aussi invités.
Le collectif transforme La Clef en un lieu de partage, construit sur une philosophie sociale et solidaire propre et revendiquée : séance à prix libre, horizontalité et autogestion, ouverture de la programmation et de l’organisation au plus grand nombre (30 programmateur·ices, 100 bénévoles), soirées de soutien à des associations et aux mouvements sociaux, hébergement de collectes de denrées de première nécessité pour les plus précaires. La programmation se veut hétéroclite et unique. Montrer des œuvres rares, transgressives, en marge et donner la parole à celles et ceux qui l’ont trop peu, pour garder l’ouverture essentielle à l’altérité.
Mais, ce lieu de symbole résistant risque de disparaître par le rachat de groupe SOS, fondé par Jean-Marc Borello, membre de la République En Marche. Signé en Février 2021, l’association qui souhaite « sauver ce cinéma, et en faire un cinéma associatif » inquiète fortement le collectif de La Clef Revival : « Il nous semble évident que derrière cet intérêt de façade pour notre collectif se cache la volonté de récupération d’un lieu unique, devenu attrayant et désirable à la faveur de notre lutte, et qui, entre leurs mains, permettrait d’engranger des bénéfices considérables. »
De grandes figures du cinéma se sont positionnées pour apporter leur soutien contre l’expulsion. Dans une tribune médiatisée par Libération y figurent : Jacques Audiard, David Dufresne, Claire Simon, Agnès b, Vincent Macaigne, Denis Lavant, ou encore Agnès Jaoui.
Pour lutter avec eux, venez assister aux séances programmées en occupant les lieux symboliquement contre sa fermeture.