Éducatrice populaire, sociologue, écologiste, féministe et défenseure des droits humains, la sociologue brésilienne Moema Viezzer est également l’auteure du livre ‘Si me permiten hablar‘ (Si l’on me permet de parler), dans lequel elle raconte la vie d’une femme qui a travaillé dans les mines en Bolivie, Domitila Barrios de Chungara, qu’elle a rencontrée en exil au Mexique. Ce livre a été publié en 14 langues.
Moema se définit comme une écoféministe et une défenseuse de la vie. Dans la série ‘Femmes Constructrices de Futur : vers une culture de la non-violence‘, elle parle de sa relation avec le féminisme : « Dès le début, il m’a semblé intéressant de travailler avec toutes les nouvelles dimensions que le féminisme a apportées et ouvertes à l’humanité. C’était un défi et parfois un risque d’entrer dans des milieux mixtes assez masculins (syndicats, églises) en travaillant toujours à partir de l’éducation populaire […] Vous voyez que ce système patriarcal, très lié au système colonial, est quelque chose de vraiment millénaire. C’est la domination des hommes sur les femmes, ce qui signifie aussi la domination sur les personnes d’autres ethnies, etc. »
Approfondissant les racines du problème, elle nous raconte : « Nous devons repenser l’ensemble du modèle hégémonique qui a placé l’économie au sommet de tout ce qui se fait, et qui décide de notre vie en société et de la manière dont nous usons et abusons des biens communs. Et je pense que les femmes ont apporté cette réflexion avec beaucoup de force […] En fin de compte, il y a un changement à faire dans la relation entre les êtres humains et la nature : comment mettre l’économie, l’abondance qui existe encore, au service de la vie, et non pas comment mettre le marché à la tête de tout ? Les États-nations ne comptent plus, car ce sont certaines compagnies multinationales qui dirigent les États et même les Nations unies. […] Il faut dire clairement qu’il s’agit de tout changer pour le mettre au service de la communauté de vie ».
Sur le futur et la réponse à donner, Moema explique : « Nous sommes dans un moment où nous voyons comment [les luttes] ont une convergence, un substrat commun, et nous devons apprendre beaucoup plus pour voir comment nous travaillons cela d’une manière plus holistique, plus systémique. C’est un grand défi pour le moment présent ».
Exilée pour son militantisme pendant des années, elle vit aujourd’hui au Brésil et est toujours aussi active à 82 ans. Savourez l’interview !
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