Par Zenaida Espinosa
Bien que les Accords de Paix signés avec les anciennes guérillas des FARC en 2016 aient signifié une réduction des actes de conflit armé dans le pays, la violence s’est intensifiée au cours des deux dernières années. Au cours de ce mois d’août, les citoyens se sont couchés et se sont réveillés avec stupeur et douleur face à l’assassinat et, maintenant, aux massacres de personnes dans différentes zones du territoire national, qui coïncident avec celles où il y a eu la plus grande demande pour la mise en œuvre des Accords de Paix, où des Programmes de Développement avec une Orientation Territoriale (PDET) sont développés et où la majorité des familles sont inscrites dans les Plans de Substitution des Cultures destinées à l’Utilisation Illicite.
Certains de ces zones, qui sont aujourd’hui à nouveau bafouées, ont approuvé à la majorité le plébiscite pour la paix, appelé à l’époque par le président Juan Manuel Santos, des zones qui exigent encore la pleine application des Accords. C’est ainsi que les votes pour le « OUI » ont été présentés dans les territoires où la plupart des victimes ont quitté le conflit, avant la signature de l’Accord : Dans le Chocó : 79,76% ; Cauca : 67,39% ; Nariño : 64,81% ; Putumayo : 65,50% ; Guaviare : 52,86% ; Guainía : 55,52% ; Valle del Cauca : 52,54% ; Vaupés 78,05 % ; Sucre : 61,88 % ; Amazonas : 56,64 % ; Atlántico : 60,53 % ; Bolívar : 60,23 % ; Vaupés : 78,05 %.
Selon l’ONU : « Un MASSACRE se produit lorsque trois personnes ou plus sont tuées dans le même événement, par le même auteur. Les perspectives ne sont pas encourageantes, si l’on considère qu’au cours des 8 premiers mois de cette année, plus de 40 massacres ont été enregistrés, le mois d’août étant le pic des cas jusqu’à présent. Parmi les victimes figurent six mineurs, trois membres de communautés indigènes et, plus inquiétant encore, sept jeunes de moins de 26 ans.
Voici une chronologie des massacres survenus au cours du mois d’août :
Le 2 août, au petit matin, massacre de 6 personnes dans une zone rurale de la ville de Cúcuta, département de Norte de Santander.
Le 3 août, à Palmarito, un village de Cúcuta, dans le département de Norte de Santander, huit corps ont été retrouvés morts. La version officielle de la police métropolitaine de Cúcuta est qu’ils ont été tués par les « Rastrojos » (groupe paramilitaire) et qu’il pourrait s’agir d’une lutte contre l’ELN.
Le 4 août, le directeur de l’ONG Progresar, Wilfredo Cañizarez, a fait un rapport sur le meurtre de 6 personnes dans le secteur de Puente Angosto, municipalité de Puerto Santander.
Le 10 août, Cristian Caicedo et Maicol Ibarra, deux jeunes mineurs, ont été assassinés à bout portant alors qu’ils allaient faire leurs devoirs à l’école, en pleine cessation d’activité due à la pandémie de Covid-19. Ces événements ont eu lieu à Leiva, dans le département de Nariño.
Le 12 août. Cinq adolescents afro-colombiens ont été sauvagement assassinés dans le quartier de Llano Verde, au sud de la ville de Cali, département du Valle del Cauca. Les corps jetés dans un canyon avaient des coups et des égratignures sur les bras, ainsi que des coups de couteau au cou et des coups de feu à la tête. Manuel Montaño, Leyder Cárdenas, Jena Paul Perlaza, Jair Andrés Cortés et Álvaro José Caicedo.
Le 15 août : huit jeunes, parmi lesquels des étudiants universitaires en attente de leur diplôme, ont été massacrés à Samaniego, dans le département de Nariño, alors qu’ils étaient en train de faire un barbecue après avoir rencontré leurs parents, à leur retour des villes de Pasto, Pereira et Cali. Les victimes sont : Brayan Cuarán, Jhon Sebastián Quintero, Daniel Vargas, Oscar Andrés Obando, Laura Michel Melo, Rubén Dario Ibarra, Bayron Patiño et Campo Elías Benavides.
Le 18 août : Ce jour-là, le gouverneur de la réserve Pialaí de Pueblo Viejo, municipalité de Ricaurte à Nariño, a confirmé l’identité de 3 indigènes de la communauté CamaWari Awá, qui ont été tués par des acteurs armés. L’état de décomposition des corps montre qu’ils avaient été tués plus de dix jours auparavant, mais que les événements n’avaient pas été rapportés par la communauté de peur de subir le même sort.
Le 20 août : 5 corps sont retrouvés dans le village de Cinaruco, El Caracol dans le département de l’Arauca. Les responsables étaient des membres du Grupo Armado Organizado Residual Estructura-10.
Le 21 août : 6 personnes ont été retrouvées mortes dans les buissons de la zone rurale du Corregimiento de Uribe, à El Tambo, département du Cauca. Heiner Collazos, Arcadio Collazos, Yoimar Ordoñez, David Tulande et Nicolás ont été les victimes identifiées par la communauté.
Le 22 août : 6 personnes tuées à Tumaco, département de Nariño. Duvan Erney Quiróz, Jorge Alexander Cortés Cortés, Eduar Everi Quiroz Almeira, Eduard Ernesto Quiroz Casanova, Jesús Casanova Canticus et Diego Roney Acosta Casanova ont été enlevés de leurs maisons et assassinés par des acteurs encore inconnus.
Le 23 août : au moment de finir cette note, on apprend qu’à Venise, dans le département d’Antioquia, trois jeunes gens ont été assassinés, dont un adolescent de 15 ans. José David Velasquez Rojas, Yornan Dávila Henao.